L’obésité est définie comme un excès de masse grasse qui peut nuire à la santé.En l’absence de méthode simple pour évaluer cette masse grasse, c’est la mesure de l’indice de masse corporelle (IMC) qui est couramment utilisée pour diagnostiquer l’obésité. De multiples travaux ont montré les limites de cette méthode pour prédire les conséquences de l’excès de poids. En particulier, l’IMC élevé n’est pas constamment associé au risque cardiovasculaire. Des mesures alternatives ont été proposées pour détecter plus directement la quantité de « masse grasse métaboliquement dangereuse ». Ainsi, le rapport taille sur hanche a l’intérêt de détecter ce qu’on appelle l’obésité centrale, c’est-à-dire un excès de masse grasse abdominale avec en parallèle, une relative minceur des hanches témoignant d’une faible quantité de graisse sous-cutanée et de muscle à ce niveau.
Pour évaluer l’intérêt que pourrait avoir le rapport taille sur hanche pour dépister les sujets à risque,des chercheurs américains ont analysé les données de l’enquête NHANES III (recueil transversal de données issues d’un échantillon représentatif de la population américaine) et celles fournies par un registre de la mortalité incluant les causes de décès. L’obésité centrale est définie dans cette étude par un rapport taille sur hanche au-delà de 0,85 pour une femme et 0,90 pour un homme.
Rapport taille/ hanche élevé, le plus mauvais cas de figure, quel que soit l’IMC
Ce sont les sujets souffrant d’une obésité centrale qui ont le pronostic le plus défavorable. Un homme de poids normal mais avec un rapport taille sur hanche élevé présente le risque le plus élevé de décès (toute cause confondue), quel que soit son IMC. Notamment, ce sujet avec obésité centrale à un risque fatal presque double de celui ayant un IMC similaire et un rapport taille sur hanche normal. Mais ce qui est encore plus marquant, c’est qu’un individu avec poids normal et obésité centrale est également deux fois plus à risque de décéder qu’un homme en surpoids ou obèse, mais qui a un rapport taille sur hanche normal.Chez les femmes des observations similaires sont décrites avec un sur-risque de 32 à 40 % pour les femmes de poids normal avec obésité centrale par rapport aux femmes en surpoids ou obèses mais avec un rapport taille sur hanche favorable.
La relation entre l’obésité centrale et le risque fatal a été ajustée sur les facteurs de risque traditionnels sans que cela ne modifie de façon substantielle les résultats.
Cette étude n’apporte pas véritablement de nouveau concept. Le rôle de l’obésité centrale est évoqué depuis plusieurs décennies et il est recommandé de mesurer le tour de taille lors de l’examen clinique. Elle a toutefois le mérite de mettre en exergue l’intérêt de cette mesure et si possible de la mesure conjointe du tour de hanche chez des sujets de poids normal.
Ne balancez pas la balance !
La mesure du poids ne doit certainement pas être abandonnée car un poids élevé reste un facteur de risque de pathologies ostéoarticulaires et respiratoires.Mais à côté de l’IMC, le rapport taille sur hanche devrait être systématiquement renseigné sur nos observations médicales, en particulier pour les sujets de poids normal. Ce sont en effet ces derniers qui pourraient particulièrement bénéficier d’un dépistage précoce d’une situation à risque cardiométabolique qui est rarement détectée lorsque la balance ne donne pas l’alerte !
Publié sur Jim.fr , commentaire du Dr Boris Hansel