Les cancers du poumon sont en tête des décès par cancer. La survie moyenne à 5 ans n’est que de 17 %, cependant si le diagnostic intervient à un stade débutant (Ia), elle est de 80 %. Ainsi, une détection précoce permettrait de diminuer de façon importante la mortalité liée à cette maladie. Actuellement, le dépistage se fait par imagerie et il n’existe pas de tests biologiques. Différents candidats ont été envisagés mais leur faible reproductibilité et leur manque de sensitivité et de spécificité les ont fait recaler.
L’équipe de Ma et coll. a tenté d’identifier un groupe de marqueurs capable de faire la différence entre des patients atteints de cancers du poumon et des contrôles sains appariés. Leur étude a inclus 844 patients avec un cancer du poumon et 620 patients contrôles.
Les groupes étaient appariés en sexe et âge, avec davantage de fumeurs pour les cas que pour les témoins.
Trois protéines sériques et un auto-anticorps
Parmi 20 marqueurs évalués, les taux de 3 d’entre eux ont été trouvés comme significativement différents entre le groupe cancer du poumon et le groupe contrôle (p < 0,01). Il s’agit de la CRP, du facteur de croissance des hépatocytes (hepatocyte growth factor HGF) et de la prolactine. Par ailleurs, une étude antérieure avait déjà montré qu’un auto-anticorps NY-ESO-1 était capable d’aider à distinguer les patients atteints de cancer du poumon. Ceci a été confirmé dans ce nouveau travail qui a montré que le taux de NY-ESO-1 était plus élevé chez les malades.
L’utilité clinique pour la détection non invasive des cancers du poumon dans une large population de l’ensemble de ces 4 biomarqueurs (3 protéines sériques, 1 auto anticorps) a donc été examinée. Ces 4 biomarqueurs sont indépendantsÂÂ du sexe, de l’âge et du statut de fumeur ou non. Ils le sont également du Carcino Embryonic Antigen (CEA). Des patients en stade précoce ont des résultats positifs pour l’association des 4 marqueurs alors que le CEA est négatif.
Le recours à l’association des 5 marqueurs (les 4 et le CEA) est apparu améliorer remarquablement les performancesÂÂ diagnostiques comparé à chaque marqueur isolé (AUC –Area Under the Curve) 0,913, intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] 0,992-0,931, sensitivité 81,9 % spécificité 83,7 %).
Enfin, chez 80 patients présentant des nodules pulmonaires au scanner, il a pu être montré que le dosage des 4 marqueurs était prédictif du diagnostic finalÂÂ confirmé en anatomopathologie avec une sensitivité de 86,96 % et une spécificité de 98,25 %.
Article paru sur Jim.fr du 29 Sept.2016, Commentaire du Sylvie Coito
Référence : Ma S et coll. Multiplexed Serum Biomarkers for the Detection of Lung cancer
EBioMedicine, 2016 ; 11 : 216-218.doi.org /10.1016/j.ebiom.2016.08.018