Tests COVID nasopharyngés : mal réalisés, ils pourraient induire des méningites

Mal réalisés,« les prélèvements nasopharyngés ne sont pas sans risque », a alerté l’Académie nationale de médecine dans un communiqué du 8 avril 2021. L’institution insiste sur les bonnes conditions de pratique de ces tests de diagnostic et de dépistage du Covid-19.

« Il faut faire les tests nasopharyngés. Ce sont les tests essentiels pour la Covid. Mais, s’ils sont mal faits , il y a danger. Ce danger commence à émerger avec les premières publications mettant en évidence des brèches méningées avec des méningites qui sont des événements graves. On préfère avertir que d’annoncer ensuite qu’il y a eu des catastrophes », a commenté le Pr Pierre Bonfils, membre de l’Académie de Médecine mais aussi ORL et chirurgien cervico-facial à l’hôpital Georges Pompidou à Paris pour Medscape édition française.

Les gestes à proscrire

Lorsque la tête est en hyper-extension (en arrière), l’écouvillon se dirige naturellement vers le haut du nez où est située la lame criblée de l’os esthmoïde. Cet os fin et fragile peut alors être perforé. On se retrouve alors à l’intérieur du crâne ce qui créé une brèche méningée. Cela entraîne un écoulement du liquide dans le nez et une porte vers l’infection. Le risque de méningite est bien là et a été décrit dans de premiers articles.

« Nous avons aussi eu le cas d’une patiente chez laquelle un prélèvement a abimé ce petit os qui supporte l’organe de l’odorat ce qui a induit un trouble majeur de l’odorat alors qu’elle n’a pas eu le Covid », précise le Pr Bonfils qui ajoute :

« Il faut absolument que ces mauvaises pratiques soient corrigées pour que les prélèvement soient faits dans de bonnes conditions de sécurité pour ne pas risquer de voir apparaitre dans les mois à venir des complications de type méningites. Sur les 71 millions de prélèvements qui ont été faits depuis un an, il risque d’y avoir un peu de casse. Il vaut mieux alerter les préleveurs pour qu’ils remettent en cause leurs pratiques. Lors du prélèvement, la tête doit être bien horizontale, l’écouvillon bien horizontal aussi et non pas dirigé vers le haut. Il faut demander aux personnes qui demandent le prélèvement si elles ont eu une opération des sinus, auquel cas la zone est fragilisée. Enfin, il faut privilégier les tests salivaires chez les enfants car il y a un risque qu’ils bougent lors du prélèvement », ajoute-t-il.

Rappel des recommandations de bonne pratique

Afin de ne pas négliger le risque lésionnel induit par la banalisation des prélèvements nasopharyngés effectués massivement dans le contexte de la Covid-19, l’Académie nationale de médecine rappelle les bonnes pratiques à respecter :

– s’enquérir, avant tout prélèvement, d’éventuels antécédents accidentels ou chirurgicaux de la sphère ORL pouvant modifier l’anatomie des cavités nasales et sinusales, notamment les interventions concernant la cloison, le cornet nasal inférieur et les sinus de la face ;

– ne pas placer la tête du patient en hyperextension lors du prélèvement, mais de la maintenir en position naturelle, le menton parallèle au sol ;

– introduire l’écouvillon en suivant horizontalement le plancher de la cavité nasale et ne le dévier en aucun cas vers le haut, en direction de la base du crâne.

De plus, l’Académie nationale de médecine recommande :

– de réserver la pratique des prélèvements nasopharyngés aux professionnels de santé formés pour la réalisation de ce geste dans des conditions techniques rigoureuses ;

– chez les enfants, de privilégier les prélèvements salivaires pour leur sécurité et leur acceptabilité ;

– de mettre en garde les utilisateurs d’auto-tests, l’auto-prélèvement pouvant exposer à de faux négatifs lorsque l’écouvillonnage est trop timide et superficiel, mais pouvant aussi devenir dangereux lorsque l’écouvillonnage est trop profond et dirigé dans la mauvaise direction.

Quand s’inquiéter ?

Il ne faut pas s’inquiéter d’éventuels saignements ou douleurs après un prélèvement car ce sont des complications bénignes. « En revanche si après un prélèvement lorsque l’on baisse la tête, il coule de l’eau de « roche », de l’eau claire. C’est le signe qu’il y a une brèche méningée et il faut consulter », indique le Pr Bonfils.

Référence : Medscape du 10 Avril 2021

Covid-19 : Un malade sur trois présentera des troubles psychologiques ou Psychiatriques.

Selon une étude parue dans The Lancet Psychiatry, l’anxiété et les troubles de l’humeur étaient les diagnostics les plus fréquents six mois après chez les anciens malades.

Une personne sur trois qui a surmonté le Covid-19 a eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques dans les six mois suivant l’infection, selon la plus grosse étude à ce jour sur le bilan mental d’anciens malades. L’anxiété (17%) et les troubles de l’humeur (14%) étaient les diagnostics les plus fréquents, selon l’étude, parue mercredi 7 avril dans le journal spécialisé The Lancet Psychiatry. L’incidence des atteintes neurologiques telles que les hémorragies cérébrales (0,6%), les accidents vasculaires cérébraux (2,1%) et la démence (0,7%) était globalement plus faible, mais le risque était généralement plus élevé parmi les patients qui avaient été gravement malades.

Si le risque au niveau individuel de la plupart de ces troubles neurologiques et psychiatriques est faible, l’effet peut être «considérable» pour les systèmes de santé en raison de l’ampleur de la pandémie, relève le professeur Paul Harrison (Université d’Oxford, Royaume-Uni), auteur principal de l’étude. D’autant que beaucoup de ces troubles sont «chroniques», argue-t-il, plaidant pour doter les systèmes de santé de ressources «pour faire face aux besoins». En analysant les dossiers de santé électroniques de 236.379 patients atteints de Covid, les auteurs relèvent que 34% ont eu un diagnostic de maladie neurologique ou psychiatrique dans les six mois suivant l’infection. Pour 13% de ces personnes, il s’agissait de leur premier diagnostic neurologique ou psychiatrique.

Un risque 44% plus élevé qu’après la grippe

Le risque de développer des troubles à long terme est accru chez les patients hospitalisés pour Covid-19 sévère. Ainsi, 46% des patients admis en réanimation ont eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques six mois après l’infection. Près de 7% des patients qui avaient été en réanimation ont fait un AVC ultérieur, 2,7% une hémorragie cérébrale et près de 2% ont développé une démence, contre respectivement 1,3%, 0,3% et 0,4% de ceux non hospitalisés.

Les chercheurs ont également examiné les données de plus de 100.000 patients ayant eu un diagnostic de grippe et celles de plus de 236.000 patients avec un diagnostic d’infections respiratoires. Le risque de diagnostics neurologiques ou psychiatriques était dans l’ensemble de 44% plus élevé après le Covid qu’après la grippe, et de 16% plus élevé qu’après une infection des voies respiratoires.

«Malheureusement, bon nombre des troubles identifiés dans cette étude ont tendance à être chroniques ou récurrents, nous pouvons donc anticiper que l’impact du Covid-19 pourrait perdurer pendant de nombreuses années», écrit le Dr Jonathan Rogers de l’Université de Londres (UCL) dans un commentaire publié dans le journal.

Les personnes étudiées ont probablement été plus gravement touchées que dans la population générale, notent toutefois les auteurs en évoquant celles, nombreuses, qui ne vont pas consulter pour des symptômes légers ou inexistants.