L’activité physique au cœur de la réhabilitation respiratoire

Seul un tiers de la population a une activité physique satisfaisante selon les recommandations de l’Organisation mondiale de santé (OMS), c’est-à-dire une activité quotidienne de 30 minutes par jour d’un seul tenant, en endurance, provoquant un léger essoufflement. Pour démonstration, 50 % des trajets en voiture sont inférieurs à 5 km. En 2001, 77 % des Français ignoraient le message que bouger 30 minutes par jour était favorable à leur santé. Les campagnes d’information ont amélioré cette notion. Qu’en est-il pour les maladies chroniques ?

Un facteur de risque essentiel pour le développement de maladies chroniques est le temps passé en position assise. Sur une journée entière d’éveil, plus de 9 heures sont dédiées à une activité sédentaire, 6,5 heures à une activité de faible intensité (position debout, déambulation) et seulement 0,7 heure à une activité physique modérée (4-5 %)(1). Dans les années 1980, les effets favorables sur les facteurs de risque cardiovasculaire en lien avec l’activité physique sont développés : amélioration de la fonction endothéliale et plaquettaire, du profil lipidique, correction de l’HTA. Depuis cette liste, des effets favorables de l’activité physique s’est allongée : diminution du risque de certains cancers, amélioration du profil psychologique, incidence diminuée de la maladie d’Alzheimer, diminution du nombre d’hospitalisations. Une pratique régulière de la course à pied chez les plus de 50 ans semble prodiguer un gain fonctionnel de l’ordre de plus de 10 ans(2). La pratique régulière d’une activité physique permet une diminution de 27 % du taux de mortalité, toutes causes confondues, et de 31 % du taux de mortalité par infarctus du myocarde chez les patients souffrant d’une maladie coronarienne(3).

Impacts de l’activité physique chez le patient BPCO

Les impacts favorables de la réhabilitation (et notamment de l’activité physique) chez les patients atteints de broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sont nombreux et bien connus (tableau 1). Chez ces patients, le risque de morbimortalité est inversement corrélé au niveau d’activité physique(4,5). Mais le bénéfice de la réhabilitation obtenu est, le plus souvent, perdu en quelques semaines, car l’observance des programmes d’entretien à domicileest généralement faible.

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Comment conserver le résultat obtenu avec la réhabilitation respiratoire ?

Les programmes de suivi postréhabilitation semblent peu efficaces(6). La répétition de programmes courts pourrait favoriser la préservation des résultats. Les bénéfices à long terme de la réhabilitation ne perdureront que si le patient modifie donc durablement son mode de vie et maintient ses nouvelles habitudes. Associé à la poursuite d’une activité physique régulière (exercices de renforcement musculaire, d’équilibre et de souplesse), la non-reprise du tabac et une alimentation équilibréesont primordiales.

L’éducation thérapeutique du patient a toute sa place : travailler au projet éducatif individuel de chacun des patients est primordial. Le thème de l’activité physique devra être développé dans ses différentes composantes. En effet, ce thème touche à des éléments aussi divers que les croyances et conceptions de la personne (sur les liens entre activité physique et sport ou entre activité physique et activités de la vie quotidienne, sur les risques et bénéfices de l’activité physique chez une personne malade, etc.), les émotions (peurs du risque encouru, manque de confiance dans sa capacité à réussir, à faire face à un problème, à mettre en œuvre et maintenir le changement, etc.), les habitudes de vie, les interactions avec l’entourage, etc.

Les conseils d’activité physique doivent toujours être clairement énoncés

Il faut considérer différents paramètres :
– le type d’activité (marche, vélo, activité domestique ou jardinage, loisirs, etc.) ;
– le temps cumulé ou le temps minimum passé à faire une activité physique même modérée ;
– l’intensité des activités mesurée souvent par l’équivalent métabolique (Metabolic Equivalent of Task, MET).

Le MET est une méthode permettant de mesurer l’intensité d’une activité physique et la dépense énergétique ; il est défini comme le rapport de l’activité sur la demande du métabolisme de base. L’échelle d’équivalence métabolique va de 0,9 MET (sommeil) à 18 MET (course à 17,5 km/h) (tableau 2). L’évaluation du niveau d’activité physique de ces patients peut se faire de façon subjective via des questionnaires ou, de façon plus objective, via l’utilisation de systèmes électroniquesconnectés qui se perfectionnent chaque jour (podomètres, actimètres, mieux accéloromètres, montres et bracelets connectés ou applications pour smartphone, enfin logiciels de suivi de l’activité). Ces outils permettent d’avoir un panorama de son activité physique et de mieux évaluer ses performances. Des études sont en cours pour une meilleure validation de ces instruments(7).

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Comment motiver les patients à pratique une activité régulière ?

Au-delà du classique modèle transthéorique du changement de Prochaska et Di Clemente, qui comporte 5 concepts : les stades de changement, les stratégies de changement, la balance décisionnelle, le sentiment d’efficacité personnelle et les niveaux de changement, a été présentée la théorie des quatre sens de J.-P. Boutinet (professeur de psychosociologie à l’UCO d’Angers). Pour décliner le projet de changement de comportement « pratiquer une activité physique », une approche multidimensionnelle est nécessaire et seront donc étudiés :
– le sens direction : celui qui oriente : vers quel avenir se dirige le patient ?, anticipation, perspectives ;
– le sens signification : celui qui fait signe : ce qui a de la valeur, ce qui fait signe pour le patient (ses valeurs) ;
– le sens sensorialité : celui qui exprime : ce qui relie avec l’environnement – quand le patient ressent-il du plaisir ?
– le sens sensibilité : celui qui éprouve : résonance avec ce que le patient a vécu, représentations et croyances.

Les stratégies éducatives s’élaboreront dans les quatre directions, en utilisant à tous niveaux les techniques de l’entretien motivationnel : empathie, développer la discordance, soutenir l’auto-efficacité, rouler sur les résistances. Maintenir une activité physique lorsque l’on est atteint d’une maladie chronique, notamment une BPCO, est essentiel. Il est très difficile de s’y astreindre tout seul, tous les jours. C’est là où la famille peut prendre aussi toute sa place. L’idéal est d’arriver à se faire un programme d’activités physiques hebdomadaire ou mensuel, avec son conjoint, les enfants, des amis, une association…, de façon à établir une régularité.

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Parcours du patient atteint d’une maladie respiratoire chronique :
de la spirale infernale de la maldie à la qualité de vie.


Article du Dr G. PEIFFER, Service de pneumologie, hôpital de Mercy, CHR de Metz-Thionville

Publié sur OPA Pratique du 4 Mai 2016

Références

1. Owen N, Bauman A, Brown W. Too much sitting: A novel and important predictor of chronic disease risk? Br J Sports Med 2009 ; 43 : 81-3.
2. Chakravarty EF et al. Reduced disability and mortality among aging runners: A 21-year longitudinal study. Arch Intern Med 2008 ;168 : 1638-46.
3. Jolliffe JA et al. Exercise-based rehabilitation for coronary heart disease. Cochrane Database Syst Rev 2001 ; 1 : CD001800.
4. Lacasse Y et al. Pulmonary rehabilitation for chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database Syst Rev 2006 ; 4 : CD003793.
5. Geddes EL et al. Inspiratory muscle training in adults with chronic obstructive pulmonary disease: An update of a systematic review. Respir Med 2008 ; 102 ; 1715-29.
6. Ries AL et al. Maintenance after pulmonary rehabilitation in chronic lung disease. A randomized trial. Am J Respir Crit Care Med 2003 ; 167 : 880-8.
7. Van Remoortel H et al.; PROactive consortium. Validity of six activity monitors in chronic obstructive pulmonary disease: a comparison with indirect calorimetry. PLoS One 2012 ; 7(6) : e39198.

BPCO – Exacerbation – Eosinophilie

Éosinophilie sanguine et exacerbations des BPCO. L’étude d’une population générale à Copenhague.

VEDEL-KROGH S. et al.Am J Respir Crit Care Med 2016-193/9/965-974

http://www.atsjournals.org/doi/abs/10.1164/rccm.201509-1869OC#.Vym75BWLSV4

Pour tester l’hypothèse selon laquelle une hyperéosinophilie sanguine prédirait les exacerbations de BPCO, il a été examiné parmi une population générale de 81 668 personnes, 7 225 BPCO diagnostiqués sur la spirométrie. Le risque d’exacerbation a également été évalué chez 203 sujets souffrant de BPCO clinique définie par un antécédent de tabagisme d’au moins 10PA, un VEMS< 70%vr et au moins une exacerbation modérée ou sévère dans l'année avant.

Au cours du suivi moyen de 3.3 ans (entre 0.03 et 8.1 ans), 1 439 exacerbations sévères de BPCO et 2.864 exacerbations modérées ont été enregistrées. Parmi tous les patients souffrant de BPCO, une éosinophilie sanguine au-dessus versus au-dessous de 0.34×109 cellules/L avaient des des rapports du taux d’incidence ajusté sur les multivariables de 1.76 pour les exacerbations sévères et 1.15 pour les exacerbations modérées. Les valeurs correspondantes chez ceux avec BPCO clinique étaient de 3.21 et 1.69. À l’inverse, en se servant du point seuil de 2% d’éosinophiles sanguins, le risque d’exacerbations était augmenté pour les exacerbations sévères seulement chez les sujets souffrant de BPCO clinique et non les sujets de la population plus large.

En conclusion, parmi les personnes souffrant de BPCO dans la population générale, l’augmentation de l’éosinophilie sanguine à des taux au-dessus de 0.34×109 cellules/L a été associée à un risque multiplié de 1.76 fois d’exacerbations sévères.

(Commentaire :

C. Krespine

Arrêter le tabac lorsqu’on est âgé : est-ce encore utile ?

La plupart des sujets fumeurs âgés pensent qu’ayant fumé pendant une grande partie de leur vie, il n’y a plus de bénéfice à attendre d’un sevrage tabagique tardif. Beaucoup d’entre eux souhaitent néanmoins arrêter. Et ils ont raison car, même à un âge avancé, les bénéfices d’un sevrage tabagique sont encore présents et tout particulièrement vis-à-vis du risque cardiovasculaire. En pratique, même si le message essentiel est d’arrêter le plus tôt possible, il n’y a pas d’âge au-delà duquel cela soit totalement inutile.

Prévalence du tabagisme chez les seniors

Le Baromètre Santé 2010 des Français (INPES 2010) indique que la prévalence du tabagisme actif baisse avec l’âge(1). Il est cependant encore présent chez 10 % des hommes et 6 % des femmes de 65 à 74 ans et plus de 5 % et 3,5 % des femmes de 75 à 85 ans (figure 1). Ce baromètre indique aussi que le tabagisme des femmes de 45 à 65 ans a augmenté de 7 % entre 2005 et 2010, ce qui laisse présager pour les années à venir une augmentation significative du tabagisme des femmes seniors.

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Figure 1. Prévalence du tabagisme en France en 2010, selon les tranches d’âge. La prévalence du tabagisme reste élevée chez les sujets âgés. Source : Baromètre Santé 2010, INPES(1).

Risque relatif du tabagisme plus faible, mais risque absolu majeur et croissant avec l’âge

Le tabagisme est un facteur majeur de multiples maladies chroniques. Responsable de 73 000 morts par an en France(2), soit un décès sur dix, il représente la première cause des décès prématurés. Facteur causal d’environ un tiers des cancers et responsable de 40 % des décès cardiovasculaires chez les hommes de moins de 70 ans(3), il est la première cause des décès cardiovasculaires évitables. Il tue cependant également beaucoup au-delà de cet âge, 70 % des décès attribuables au tabagisme survenant chez des sujets de plus de 60 ans(4).

Un impact majeur sur l’espérance de vie

Une étude américaine récente analysant les décès dans la cohorte NHIS de 216 917 adultes âgés de 25 à 79 ans montre que les fumeurs ont un risque de mortalité multiplié par 3 par rapport aux non-fumeurs(5). Mais surtout, les courbes de survie montrent que la majorité de l’excès du nombre des décès survient au-delà de 60 ans. Les fumeurs perdent au moins 10 ans d’espérance de vie par rapport aux non-fumeurs. À 70 ans, 81 % des hommes et 87 % de femmes n’ayant jamais fumé sont encore vivants contre seulement 55 % des hommes fumeurs et 68 % des femmes fumeuses et l’écart est encore plus net à 80 ans (figure 2).

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Figure 2. Pourcentage de survie des fumeurs et des non-fumeurs chez les femmes et les hommes de 25 à 80 ans. Le nombre absolu de décès lié au tabagisme augmente avec l’âge. L’espérance de vie est globalement diminuée de 11 ans chez les femmes et de 12 ans chez les hommes (d’après Jha P et coll.(5)).

Cette surmortalité liée au tabagisme chez les sujets âgés est confirmée chez les femmes dans la Million Women Study, réalisée sur une cohorte de plus d’un million de femmes britanniques(6). La mortalité des femmes fumeuses est multipliée par 2,97 par rapport à celles qui n’ont jamais fumé. Il y a respectivement 24 % et 53 % de décès chez les fumeuses à 70 ans et 80 ans contre 9 % et 22 % chez les nonfumeuses. L’espérance de vie des femmes qui continuent à fumer est réduite de 11 ans (figure 3).

Une méta-analyse de 17 études provenant de 7 pays montre également que le tabagisme actif des sujets de plus de 60 ans est associé à une augmentation de la mortalité de toutes causes(7). Le risque relatif de décès des fumeurs est de 1,2 à 3,4 selon les études et de 1,83 (IC95 % : 1,65-2,03) dans la méta-analyse.

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Figure 3. Pourcentage de décès en fonction de l’âge chez les femmes britanniques respectivement fumeuses et n’ayant jamais fumé. Le risque de décès attribuable au tabac reste très augmenté chez les femmes les plus âgées (d’après Pirie K et coll.(8)).

Un nombre absolu d’événements cardiovasculaires important

Le tabagisme est le facteur de risque cardiovasculaire qui s’exprime le plus tôt. C’est le facteur essentiel et très souvent isolé des infarctus du myocarde des sujets les plus jeunes(8). La responsabilité spécifique du tabac dans le risque cardiovasculaire diminue par la suite avec l’âge dans la mesure où, d’une part, l’effet de ce facteur va être dilué par la présence d’autres facteurs de risque (âge proprement dit, HTA, hypercholestérolémie et diabète) et, d’autre part, beaucoup de fumeurs sont déjà décédés… Cependant, le risque persiste dans toutes les tranches d’âge, y compris au-delà de 80 ans, avec un nombre absolu de décès et de victimes d’infarctus du myocarde chez les fumeurs plus important que chez les non-fumeurs et qui augmente proportionnellement avec l’âge et la durée du tabagisme. Le risque de survenue d’une insuffisance cardiaque est également bien corrélé à la persistance d’un tabagisme chez les sujets âgés(9).

Sevrage tabagique : un gain certain même chez les sujets âgés

Une augmentation de l’espérance de vie

L’importante cohorte de médecins britanniques, suivie pendant plusieurs décennies par l’épidémiologiste Richard Doll, avait déjà permis de démontrer que le plus grand bénéfice du sevrage est obtenu par un sevrage le plus précoce possible(10).

Ces données viennent d’être confirmées par plusieurs études récentes. Dans la cohorte américaine NHIS, lorsque le sevrage survient vers 30 ans, l’espérance de vie est augmentée de 10 ans par rapport à celle d’un sujet continuant de fumer toute sa vie, c’est-à-dire en pratique identique à celle des sujets n’ayant jamais fumé. Mais un sevrage réalisé respectivement à 40 ans, 50 ans et 60 ans, augmente encore l’espérance de vie de 9, 6 et 4 ans(11) (figure 4).

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Figure 4. Gain d’espérance de vie selon l’âge du sevrage par rapport à un fumeur continuant à fumer toute sa vie. Ce gain est de 10 ans, 9 ans, 6 ans et 4 ans lorsque le sevrage a lieu respectivement vers 30 ans, 40 ans, 50 ans et 60 ans (d’après Jha P et coll.(5)).

La méta-analyse de Gellert, qui ne concerne que des sujets de plus de 60 ans, confirme également que le sevrage tabagique reste bénéfique au-delà de cet âge(7). Ainsi, par rapport aux sujets n’ayant jamais fumé, les sujets anciens fumeurs ont une augmentation de risque de décès qui n’est que de 34 % contre 83 % chez les fumeurs, soit une réduction relative de risque de décès de 27 % (figure 5). Cette réduction de risque est présente pour toutes les tranches d’âge et augmente de façon graduelle avec l’ancienneté du sevrage, d’où l’importance d’un sevrage le plus précoce possible.

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Figure 5. Risque relatif de décès chez les sujets âgés fumeurs et ex-fumeurs par rapport à des sujets n’ayant jamais fumé. La réduction du risque de décès des ex-fumeurs par rapport à ceux restés fumeurs est de 27 % pour l’ensemble des sujets de plus de 60 ans, 21 % pour les 60-69 ans, 27 % pour les 70-79 ans et 24 % pour les plus de 80 ans (d’après Gellert C et coll.(7)).

Un bénéfice cardiovasculaire dominant dans cette tranche d’âge

Compte tenu des mécanismes en cause dans la survenue des accidents coronariens aigus, en particulier concernant l’activité plaquettaire (risque de thrombose) et la fonction endothéliale (risque de spasme), les bénéfices liés au sevrage tabagique peuvent être observés dans des délais relativement brefs, tant en prévention primaire qu’en prévention secondaire. En effet, la réversibilité de ces mécanismes, en particulier l’hyperagrégabilité plaquettaire, est extrêmement rapide(12). Ceci explique que, même chez le sujet relativement âgé, le sevrage apporte encore une protection plus spécifiquement cardiovasculaire. En revanche, le risque de cancer et de bronchopathie chronique étant fortement lié à la durée de consommation de tabac, il persiste un risque résiduel de morbidité et de mortalité plus important pour ces pathologies.

Dans la Million Women Study, qui a évalué le bénéfice de l’arrêt sur le risque de décès en fonction de l’âge du sevrage, on voit que pour chaque niveau d’âge le gain le plus impor tant concerne la pathologie cardiovasculaire alors que, même si le bénéfice de l’arrêt concerne également le cancer du poumon et la bronchopathie chronique, l’hypothèque de risque absolu lié au fait d’avoir été fumeur reste plus importante pour ces pathologies et ceci, d’autant plus que les sujets avancent en âge(6).

Le sevrage est également, quel que soit l’âge, un élément déterminant du contrôle des symptômes et de l’évolution des lésions et complications de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs et de l’anévrisme de l’aorte abdominale et il est aussi fondamental dans la prévention des accidents vasculaires cérébraux.

Un bénéfice majeur dans le contexte de prévention secondaire

Les sujets les plus âgés sont de fait largement représentés dans les études de prévention secondaire cardiovasculaire. Dans ce cadre, les bénéfices du sevrage tabagique sont confirmés à tous les stades, avec une réduction de mortalité totale de 36 % et de risque d’infarctus de 32 % chez des patients coronariens sevrés(13). Dans l’étude OASIS 5, le sevrage tabagique est associé à une réduction de 43 % du risque d’infarctus dans les 6 mois suivant un syndrome coronaire aigu (OR = 0,57 ; IC95 % : 0,36- 0,89), ces patients recevant par ailleurs un traitement optimal(14).

Chez les patients ayant bénéficié d’un pontage coronaire, la persistance du tabagisme augmente de façon importante le risque d’infarctus du myocarde et de réintervention, alors que le sevrage ramène pratiquement ce risque au niveau de celui des non-fumeurs ; les patients ayant bénéficié d’une angioplastie coronaire et qui restent fumeurs ont un risque augmenté d’infarctus et de décès. Il n’y a pas de démarche médicale ou chirurgicale qui puisse donner un bénéfice aussi rapide et aussi important dans le cadre de la prévention secondaire et avec un meilleur rapport coût/efficacité. Chez des patients en prévention secondaire, recevant par ailleurs le traitement médical optimal actuel, il suffit de traiter 22 patients pour éviter un événement cardiovasculaire majeur dans les 5 ans(15).

Pas plus de difficultés à arrêter la consommation de tabac que les sujets plus jeunes

La grande majorité de ces fumeurs âgés sont très dépendants et ont des décennies de tabagisme derrière eux, laissant penser que le sevrage serait plus difficile que chez les sujets plus jeunes. En fait, dans une étude ayant comparé en situation réelle les résultats d’une aide au sevrage chez des sujets de plus et de moins de 60 ans, on ne constate pas de différence significative d’abstinence sur un suivi de 12 mois. L’effet des différentes approches thérapeutiques (non médicamenteuse, substituts nicotiniques, bupropion) n’est pas significativement différent que les sujets aient plus ou moins de 60 ans(16).

Information, motivation et choix personnel

Comme chez la majorité des fumeurs, l’engagement d’un sujet âgé vers un sevrage ne se fait qu’au terme d’un processus de décision personnelle qui dépend beaucoup de l’information délivrée et de la motivation du sujet. Si devant une pathologie directement liée à sa consommation de tabac, il est facile de faire valoir le bénéfice à attendre du sevrage, il n’est pas toujours évident de motiver un fumeur âgé lorsqu’il ne présente pas de pathologie évidente liée à son tabagisme.

Pour bien faire comprendre les bénéfices du sevrage tabagique et motiver les sujets le plus tôt possible, il a été proposé d’utiliser le concept d’« avancement en âge », qui est défini comme le nombre d’années par lequel le tabagisme « vieillit » (en risque de morbidité ou de mortalité) les sujets exposés par rapport aux sujets non exposés à ce facteur. Par exemple, dans une étude analysant ainsi une cohorte de 6 500 sujets de 60 à 74 ans, les fumeurs ont un « avancement en âge » en moyenne de 10 ans par rapport aux sujets n’ayant jamais fumé(17).

Au-delà de cette démarche objective, les bénéfices ayant clairement été exposés et une aide concrète au sevrage proposée, il faut tenir compte du contexte et, en particulier chez les sujets les plus âgés, respecter le choix personnel du fumeur… pour autant que ce choix ait été parfaitement éclairé.  

En pratique:

La prévalence du tabagisme reste élevée chez les sujets âgés.

  • La mortalité des fumeurs âgés est multipliée par 2 à 3 par rapport à celle des sujets qui n’ont jamais fumé et 70 % des décès liés au tabagisme surviennent au-delà de 60 ans.
  • Le tabagisme reste un facteur de risque de décès prématuré, y compris chez les sujets les plus âgés, avec une perte d’au moins 10 ans d’espérance de vie par rapport aux non-fumeurs.
  • Le sevrage tabagique augmente l’espérance de vie, même chez les sujets de plus de 60 ans avec une réduction relative du risque de décès de l’ordre de 20 à 30 %, y compris au-delà de 80 ans.
  • Le bénéfice le plus rapide et le plus important est cardiovasculaire, particulièrement dans le cadre de la prévention secondaire. Ce bénéfice augmente avec l’ancienneté du sevrage, d’où l’importance d’un sevrage le plus précoce possible.
  • Le sevrage n’est pas plus difficile que chez les sujets jeunes et répond de façon équivalente aux différentes approches thérapeutiques.
  • Il est essentiel d’arrêter de fumer le plus tôt possible, mais il n’y a pas d’âge au-delà duquel cela soit totalement inutile.

Conflits d’intérêts : l’auteur déclare avoir été consultant pour les laboratoires Pfizer et Pierre Fabre Santé, et avoir participé à des conférences organisées par les laboratoires Pfizer, Pierre Fabre Santé, Mc Neill et Novartis, dans le domaine concernant le tabagisme.

« Publié dans OPA Pratique » le 24 Mai 2016

Auteur : D. THOMAS, Institut de cardiologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris

Références

Arrêter le tabac lorsqu’on est âgé : est-ce encore utile ?

La plupart des sujets fumeurs âgés pensent qu’ayant fumé pendant une grande partie de leur vie, il n’y a plus de bénéfice à attendre d’un sevrage tabagique tardif. Beaucoup d’entre eux souhaitent néanmoins arrêter. Et ils ont raison car, même à un âge avancé, les bénéfices d’un sevrage tabagique sont encore présents et tout particulièrement vis-à-vis du risque cardiovasculaire. En pratique, même si le message essentiel est d’arrêter le plus tôt possible, il n’y a pas d’âge au-delà duquel cela soit totalement inutile.

Prévalence du tabagisme chez les seniors

Le Baromètre Santé 2010 des Français (INPES 2010) indique que la prévalence du tabagisme actif baisse avec l’âge(1). Il est cependant encore présent chez 10 % des hommes et 6 % des femmes de 65 à 74 ans et plus de 5 % et 3,5 % des femmes de 75 à 85 ans (figure 1). Ce baromètre indique aussi que le tabagisme des femmes de 45 à 65 ans a augmenté de 7 % entre 2005 et 2010, ce qui laisse présager pour les années à venir une augmentation significative du tabagisme des femmes seniors.

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Figure 1. Prévalence du tabagisme en France en 2010, selon les tranches d’âge. La prévalence du tabagisme reste élevée chez les sujets âgés. Source : Baromètre Santé 2010, INPES(1).

Risque relatif du tabagisme plus faible, mais risque absolu majeur et croissant avec l’âge

Le tabagisme est un facteur majeur de multiples maladies chroniques. Responsable de 73 000 morts par an en France(2), soit un décès sur dix, il représente la première cause des décès prématurés. Facteur causal d’environ un tiers des cancers et responsable de 40 % des décès cardiovasculaires chez les hommes de moins de 70 ans(3), il est la première cause des décès cardiovasculaires évitables. Il tue cependant également beaucoup au-delà de cet âge, 70 % des décès attribuables au tabagisme survenant chez des sujets de plus de 60 ans(4).

Un impact majeur sur l’espérance de vie

Une étude américaine récente analysant les décès dans la cohorte NHIS de 216 917 adultes âgés de 25 à 79 ans montre que les fumeurs ont un risque de mortalité multiplié par 3 par rapport aux non-fumeurs(5). Mais surtout, les courbes de survie montrent que la majorité de l’excès du nombre des décès survient au-delà de 60 ans. Les fumeurs perdent au moins 10 ans d’espérance de vie par rapport aux non-fumeurs. À 70 ans, 81 % des hommes et 87 % de femmes n’ayant jamais fumé sont encore vivants contre seulement 55 % des hommes fumeurs et 68 % des femmes fumeuses et l’écart est encore plus net à 80 ans (figure 2).

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Figure 2. Pourcentage de survie des fumeurs et des non-fumeurs chez les femmes et les hommes de 25 à 80 ans. Le nombre absolu de décès lié au tabagisme augmente avec l’âge. L’espérance de vie est globalement diminuée de 11 ans chez les femmes et de 12 ans chez les hommes (d’après Jha P et coll.(5)).

Cette surmortalité liée au tabagisme chez les sujets âgés est confirmée chez les femmes dans la Million Women Study, réalisée sur une cohorte de plus d’un million de femmes britanniques(6). La mortalité des femmes fumeuses est multipliée par 2,97 par rapport à celles qui n’ont jamais fumé. Il y a respectivement 24 % et 53 % de décès chez les fumeuses à 70 ans et 80 ans contre 9 % et 22 % chez les nonfumeuses. L’espérance de vie des femmes qui continuent à fumer est réduite de 11 ans (figure 3).

Une méta-analyse de 17 études provenant de 7 pays montre également que le tabagisme actif des sujets de plus de 60 ans est associé à une augmentation de la mortalité de toutes causes(7). Le risque relatif de décès des fumeurs est de 1,2 à 3,4 selon les études et de 1,83 (IC95 % : 1,65-2,03) dans la méta-analyse.

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Figure 3. Pourcentage de décès en fonction de l’âge chez les femmes britanniques respectivement fumeuses et n’ayant jamais fumé. Le risque de décès attribuable au tabac reste très augmenté chez les femmes les plus âgées (d’après Pirie K et coll.(8)).

Un nombre absolu d’événements cardiovasculaires important

Le tabagisme est le facteur de risque cardiovasculaire qui s’exprime le plus tôt. C’est le facteur essentiel et très souvent isolé des infarctus du myocarde des sujets les plus jeunes(8). La responsabilité spécifique du tabac dans le risque cardiovasculaire diminue par la suite avec l’âge dans la mesure où, d’une part, l’effet de ce facteur va être dilué par la présence d’autres facteurs de risque (âge proprement dit, HTA, hypercholestérolémie et diabète) et, d’autre part, beaucoup de fumeurs sont déjà décédés… Cependant, le risque persiste dans toutes les tranches d’âge, y compris au-delà de 80 ans, avec un nombre absolu de décès et de victimes d’infarctus du myocarde chez les fumeurs plus important que chez les non-fumeurs et qui augmente proportionnellement avec l’âge et la durée du tabagisme. Le risque de survenue d’une insuffisance cardiaque est également bien corrélé à la persistance d’un tabagisme chez les sujets âgés(9).

Sevrage tabagique : un gain certain même chez les sujets âgés

Une augmentation de l’espérance de vie
 

L’importante cohorte de médecins britanniques, suivie pendant plusieurs décennies par l’épidémiologiste Richard Doll, avait déjà permis de démontrer que le plus grand bénéfice du sevrage est obtenu par un sevrage le plus précoce possible(10).

Ces données viennent d’être confirmées par plusieurs études récentes. Dans la cohorte américaine NHIS, lorsque le sevrage survient vers 30 ans, l’espérance de vie est augmentée de 10 ans par rapport à celle d’un sujet continuant de fumer toute sa vie, c’est-à-dire en pratique identique à celle des sujets n’ayant jamais fumé. Mais un sevrage réalisé respectivement à 40 ans, 50 ans et 60 ans, augmente encore l’espérance de vie de 9, 6 et 4 ans(11) (figure 4).

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Figure 4. Gain d’espérance de vie selon l’âge du sevrage par rapport à un fumeur continuant à fumer toute sa vie. Ce gain est de 10 ans, 9 ans, 6 ans et 4 ans lorsque le sevrage a lieu respectivement vers 30 ans, 40 ans, 50 ans et 60 ans (d’après Jha P et coll.(5)).

La méta-analyse de Gellert, qui ne concerne que des sujets de plus de 60 ans, confirme également que le sevrage tabagique reste bénéfique au-delà de cet âge(7). Ainsi, par rapport aux sujets n’ayant jamais fumé, les sujets anciens fumeurs ont une augmentation de risque de décès qui n’est que de 34 % contre 83 % chez les fumeurs, soit une réduction relative de risque de décès de 27 % (figure 5). Cette réduction de risque est présente pour toutes les tranches d’âge et augmente de façon graduelle avec l’ancienneté du sevrage, d’où l’importance d’un sevrage le plus précoce possible.

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Figure 5. Risque relatif de décès chez les sujets âgés fumeurs et ex-fumeurs par rapport à des sujets n’ayant jamais fumé. La réduction du risque de décès des ex-fumeurs par rapport à ceux restés fumeurs est de 27 % pour l’ensemble des sujets de plus de 60 ans, 21 % pour les 60-69 ans, 27 % pour les 70-79 ans et 24 % pour les plus de 80 ans (d’après Gellert C et coll.(7)).

Un bénéfice cardiovasculaire dominant dans cette tranche d’âge

Compte tenu des mécanismes en cause dans la survenue des accidents coronariens aigus, en particulier concernant l’activité plaquettaire (risque de thrombose) et la fonction endothéliale (risque de spasme), les bénéfices liés au sevrage tabagique peuvent être observés dans des délais relativement brefs, tant en prévention primaire qu’en prévention secondaire. En effet, la réversibilité de ces mécanismes, en particulier l’hyperagrégabilité plaquettaire, est extrêmement rapide(12). Ceci explique que, même chez le sujet relativement âgé, le sevrage apporte encore une protection plus spécifiquement cardiovasculaire. En revanche, le risque de cancer et de bronchopathie chronique étant fortement lié à la durée de consommation de tabac, il persiste un risque résiduel de morbidité et de mortalité plus important pour ces pathologies.

Dans la Million Women Study, qui a évalué le bénéfice de l’arrêt sur le risque de décès en fonction de l’âge du sevrage, on voit que pour chaque niveau d’âge le gain le plus impor tant concerne la pathologie cardiovasculaire alors que, même si le bénéfice de l’arrêt concerne également le cancer du poumon et la bronchopathie chronique, l’hypothèque de risque absolu lié au fait d’avoir été fumeur reste plus importante pour ces pathologies et ceci, d’autant plus que les sujets avancent en âge(6).

Le sevrage est également, quel que soit l’âge, un élément déterminant du contrôle des symptômes et de l’évolution des lésions et complications de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs et de l’anévrisme de l’aorte abdominale et il est aussi fondamental dans la prévention des accidents vasculaires cérébraux.

 

Un bénéfice majeur dans le contexte de prévention secondaire

Les sujets les plus âgés sont de fait largement représentés dans les études de prévention secondaire cardiovasculaire. Dans ce cadre, les bénéfices du sevrage tabagique sont confirmés à tous les stades, avec une réduction de mortalité totale de 36 % et de risque d’infarctus de 32 % chez des patients coronariens sevrés(13). Dans l’étude OASIS 5, le sevrage tabagique est associé à une réduction de 43 % du risque d’infarctus dans les 6 mois suivant un syndrome coronaire aigu (OR = 0,57 ; IC95 % : 0,36- 0,89), ces patients recevant par ailleurs un traitement optimal(14).

Chez les patients ayant bénéficié d’un pontage coronaire, la persistance du tabagisme augmente de façon importante le risque d’infarctus du myocarde et de réintervention, alors que le sevrage ramène pratiquement ce risque au niveau de celui des non-fumeurs ; les patients ayant bénéficié d’une angioplastie coronaire et qui restent fumeurs ont un risque augmenté d’infarctus et de décès. Il n’y a pas de démarche médicale ou chirurgicale qui puisse donner un bénéfice aussi rapide et aussi important dans le cadre de la prévention secondaire et avec un meilleur rapport coût/efficacité. Chez des patients en prévention secondaire, recevant par ailleurs le traitement médical optimal actuel, il suffit de traiter 22 patients pour éviter un événement cardiovasculaire majeur dans les 5 ans(15).

Pas plus de difficultés à arrêter la consommation de tabac que les sujets plus jeunes

La grande majorité de ces fumeurs âgés sont très dépendants et ont des décennies de tabagisme derrière eux, laissant penser que le sevrage serait plus difficile que chez les sujets plus jeunes. En fait, dans une étude ayant comparé en situation réelle les résultats d’une aide au sevrage chez des sujets de plus et de moins de 60 ans, on ne constate pas de différence significative d’abstinence sur un suivi de 12 mois. L’effet des différentes approches thérapeutiques (non médicamenteuse, substituts nicotiniques, bupropion) n’est pas significativement différent que les sujets aient plus ou moins de 60 ans(16).

Information, motivation et choix personnel

Comme chez la majorité des fumeurs, l’engagement d’un sujet âgé vers un sevrage ne se fait qu’au terme d’un processus de décision personnelle qui dépend beaucoup de l’information délivrée et de la motivation du sujet. Si devant une pathologie directement liée à sa consommation de tabac, il est facile de faire valoir le bénéfice à attendre du sevrage, il n’est pas toujours évident de motiver un fumeur âgé lorsqu’il ne présente pas de pathologie évidente liée à son tabagisme.

Pour bien faire comprendre les bénéfices du sevrage tabagique et motiver les sujets le plus tôt possible, il a été proposé d’utiliser le concept d’« avancement en âge », qui est défini comme le nombre d’années par lequel le tabagisme « vieillit » (en risque de morbidité ou de mortalité) les sujets exposés par rapport aux sujets non exposés à ce facteur. Par exemple, dans une étude analysant ainsi une cohorte de 6 500 sujets de 60 à 74 ans, les fumeurs ont un « avancement en âge » en moyenne de 10 ans par rapport aux sujets n’ayant jamais fumé(17).

Au-delà de cette démarche objective, les bénéfices ayant clairement été exposés et une aide concrète au sevrage proposée, il faut tenir compte du contexte et, en particulier chez les sujets les plus âgés, respecter le choix personnel du fumeur… pour autant que ce choix ait été parfaitement éclairé.  

En pratique 
 

La prévalence du tabagisme reste élevée chez les sujets âgés.

  • La mortalité des fumeurs âgés est multipliée par 2 à 3 par rapport à celle des sujets qui n’ont jamais fumé et 70 % des décès liés au tabagisme surviennent au-delà de 60 ans.
  • Le tabagisme reste un facteur de risque de décès prématuré, y compris chez les sujets les plus âgés, avec une perte d’au moins 10 ans d’espérance de vie par rapport aux non-fumeurs.
  • Le sevrage tabagique augmente l’espérance de vie, même chez les sujets de plus de 60 ans avec une réduction relative du risque de décès de l’ordre de 20 à 30 %, y compris au-delà de 80 ans.
  • Le bénéfice le plus rapide et le plus important est cardiovasculaire, particulièrement dans le cadre de la prévention secondaire. Ce bénéfice augmente avec l’ancienneté du sevrage, d’où l’importance d’un sevrage le plus précoce possible.
  • Le sevrage n’est pas plus difficile que chez les sujets jeunes et répond de façon équivalente aux différentes approches thérapeutiques.
  • Il est essentiel d’arrêter de fumer le plus tôt possible, mais il n’y a pas d’âge au-delà duquel cela soit totalement inutile.

Conflits d’intérêts : l’auteur déclare avoir été consultant pour les laboratoires Pfizer et Pierre Fabre Santé, et avoir participé à des conférences organisées par les laboratoires Pfizer, Pierre Fabre Santé, Mc Neill et Novartis, dans le domaine concernant le tabagisme.

« Publié dans OPA Pratique » le 24 Mai 2016

Auteur : D. THOMAS, Institut de cardiologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris

Références

Asthme sévère aigu – Traitement – Magnesium IV

Effet du sulfate de magnésium intra veineux (IV) sur la mortalité chez les patients souffrant d’asthme sévère aigu.

Hirashima J. et al. Respirology2016/214,668-673

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/resp.12733/abstract

Pour rechercher l’association entre l’administration de sulfate de magnésium en IV et la mortalité des patients souffrant d’asthme sévère, parmi 14 122 patients avec asthme sévère nécessitant corticoïdes en IV au cours de leur hospitalisation et oxygénation, 619 ont reçu du sulfate de magnésium en IV. L’appariement par score de propensité a créé une cohorte appariée de 599 paires de patients avec et sans sulfate de magnésium en IV.

Il n’y a pas eu de différences significatives entre les patients avec et sans sulfate de magnésium en IV en terme de mortalité à 28 jours (1.3% vs 1.8% ; P= 0.488), de dose totale de corticoïdes IV (2400mg vs 2400mg; P= 0.580), de durée moyenne de la ventilation mécanique (1 jour vs 1 jour; P=0.118) et de durée moyenne de l’hospitalisation (16 jours vs 13 jours; P= 0.640).

En conclusion, il n’y a pas de bénéfice significatif de l’utilisation du sulfate de magnésium en IV en terme de mortalité chez les patients souffrant d’asthme aigu sévère.


(Commentaire :

C. Krespine

La HAS dit  » Non  » au dépistage du cancer du poumon

Le verdict vient de tomber : la HAS dit non au dépistage chez les fumeurs du cancer du poumon, estimant que les conditions ne sont pas réunies.

En effet, pour qu’il soit possible et utile de dépister une maladie, au moins six conditions doivent être réunies:- la maladie doit pouvoir être détectée précocement, un examen de dépistage adapté doit être disponible, des traitements efficaces doivent pouvoir être rapidement mis en œuvre, les personnes les plus à risque de la maladie doivent être facilement identifiables, le dépistage doit diminuer la mortalité, et enfin, le dépistage doit présenter plus d’avantages que d’inconvénients.

Or selon la HAS, ces conditions ne sont pas réunies concernant le cancer du poumon. En effet, «la maladie est difficilement détectable à un stade précoce à cause de sa rapidité d’évolution». Il n’est en effet pas clairement établi qu’il existe une période suffisamment longue – entre le moment où une anomalie est décelable à l’imagerie et l’apparition des premiers symptômes – pour mener un dépistage. Les experts affirment aussi que «l’examen de dépistage disponible n’est pas adapté». Le scanner thoracique génère trop de faux positifs (jusqu’à 90% des anomalies trouvées au scanner s’avèrent non cancéreuses après examen) et reste irradiant même à faible dose. Cet examen, appelé à être répété dans le cadre d’un dépistage, irradie une large part du thorax et pose du coup la question du risque de cancer induit par les radiations. Par ailleurs, «les possibilités de traitements sont restreintes, même à un stade précoce de la maladie». Les traitements actuels sont essentiellement chirurgicaux, lourds et réalisables dans certains cas uniquement (selon l’état général de la personne et les caractéristiques de la tumeur). Et «les personnes qui pourraient bénéficier d’un dépistage ne sont pas précisément identifiables». Il n’existe en effet pas assez de repères précis (nombre de cigarettes fumées, ancienneté du tabagisme) pour permettre d’identifier avec exactitude les fumeurs les plus à risque de développer un cancer du poumon. Les experts estiment aussi que «la réduction de la mortalité grâce à ce dépistage n’est pas établie dans le contexte français» Seule une étude, américaine, pourrait suggérer une diminution de la mortalité mais ses résultats ne sont pas transposables à la France en termes de population cible, de procédure diagnostique et modalités de suivi et de prise en charge non standardisées. Enfin, « il y a trop de risques et d’inconvénients associés à ce dépistage pour des bénéfices très incertains». Les complications, parfois graves voire mortelles, suite à l’exploration d’anomalies non cancéreuses identifiées au scanner sont possibles pour des bénéfices très incertains voire absents.

Ce rapport sur la pertinence du dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner thoracique non injecté à faible dose a été réalisé à la demande de spécialistes pneumologues et radiologues et dans le cadre du 3ème plan cancer 2014-2019. Au final, la HAS insiste sur la nécessité de poursuivre la recherche sur ce cancer et d’intensifier la lutte contre le tabagisme. Une conclusion qui tombe à pic puisque dès vendredi, démarre la vente des premiers paquets neutres qui, d’ici à janvier 2017, auront remplacé les cigarettes de marques dans les bureaux de tabac.

Article paru sur le généraliste.fr du 19/05/2016

Sclérodermie systémique et tocilizumab: Résultats mitigés

La sclérodermie systémique (ScS) fait partie de ces maladies auto-immunes rares, mais invalidantes, pour lesquelles les options thérapeutiques sont plus que limitées. Ses manifestations cliniques polymorphes résultent de la conjugaison d’altérations tissulaires variables, à type de fibrose, d’inflammation et de lésions microcirculatoires. Ce cocktail pathogénique élémentaire aboutit in fine à des complications pulmonaires, gastro-intestinales et rénales qui contribuent à une lourde morbi-mortalité. De nombreuses données tendent aujourd’hui à incriminer l’interleukine-6 (IL-6) dans la physiopathologie de la maladie, au travers de la différentiation des lymphocytes B et T, mais aussi de la transformation des fibroblastes en myofibroblastes, aboutissant ainsi à la synthèse de la matrice extracellulaire. D’ailleurs, les fibroblastes dermiques de patients atteints de ScS expriment plus l’IL-6 que ceux provenant de témoins et l’élévation des taux sériques de cette cytokine semblent avoir une certaine valeur pronostique. Les cellules myéloïdes seraient aussi impliquées, au travers de l’expression des gènes CD4 et de l’activation des macrophages M2 qui libèreraient des facteurs profibrotiques en abondance. L’ensemble de ces données incite à se tourner vers des inhibiteurs de l’IL-6, tels le tocilizumab, anticorps monoclonal qui pourrait s’opposer au développement de la fibrose en interagissant avec certaines des cibles biologiques précédemment évoquées, au travers de mécanismes moléculaires complexes qui sont encore imparfaitement compris.

Ce médicament, déjà indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde et l’arthrite chronique juvénile, a fait l’objet d’une évaluation dans le cadre d’une étude de phase 2, intitulée faSScinate. Cet essai randomisé multicentrique, mené à double insu contre placebo, a inclus 87 malades atteints d’une ScS et recrutés au sein de 35 hôpitaux. La maladie évoluait depuis moins de 5 ans, le symptôme inaugural pouvant être tout symptôme ou signe autre qu’un syndrome de Raynaud. Dans le groupe traité (n=43), le tocilizumab a été administré par voie sous-cutanée à raison d’une injection hebdomadaire de 162 mg, le même protocole étant utilisé dans le groupe placebo (n=44). Le critère d’efficacité primaire a reposé sur l’évolution du score de Rodnan modifié qui permet de quantifier cliniquement, en plissant la peau, l’existence et l’importance de l’atteinte cutanée en 17 sites, sachant que le score unitaire varie de 0 (absence de sclérose) à 3 (sclérose adhérant aux plans profonds). En l’occurrence, le score global a été calculé à l’état basal et au terme de 24 et 48 semaines de traitement.

Des résultats cliniques peu encourageants…

La différence d’évolution intergroupe du score en question n’a pas atteint le seuil de signification statistique à la fin du traitement, soit -2,70 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : -5,85 à 0,45 ; p=0,0915). A la 48e semaine de l’essai, le chiffre correspondant était de -3,55 (IC : -7,23 à 0,12 ; p=0,0579). Dans le groupe traité, la proportion de patients dont le VEMS a diminué s’est révélée moindre à la 48e semaine (p=0,0373 versus placebo). Aucun autre effet significatif du tolicizumab n’a été mis en évidence sur le handicap, l’asthénie ou encore le prurit. Il en a été de même pour le score global évaluant la sévérité de la maladie, qu’il émane du médecin ou du patient.

La fréquence des événements indésirables était globalement voisine dans le groupe traité (98 %) et dans le groupe placebo (91 %). Si l’on se réfère aux événements jugés sérieux, la tendance est similaire (33 % vs 34 %). Cependant, les infections ont été plus fréquentes sous tocilizumab, soit 16 % vs 5 % et, dans le groupe traité, un décès a été directement imputé au médicament.

Mais des effets moléculaires objectivés

Par ailleurs, les effets moléculaires du principe actif ont été étudiés à partir de l’analyse génomique d’échantillons tissulaires provenant de biopsies cutanées. Au total, 83 gènes ont été sélectionnés en raison de leur surexpression habituelle au cours de la ScS. Dans le groupe traité, 16 d’entre eux ont été spécifiquement régulés négativement. Quatorze d’entre eux codaient des protéines associées à la polarisation des macrophages M2 (n=12) et M1 (n=2). Le tocilizumab pourrait, de ce fait, inhiber l’activation macrophagique impliquée dans la genèse et le remodelage de la fibrose au travers de l’inactivation de l’IL-6. La résultante pourrait en être une dégradation de la matrice extracellulaire qui représente indéniablement une nouvelle approche thérapeutique. Il faut cependant souligner que l’activation de ces mécanismes profibrotiques varie d’un malade à l’autre, notamment en fonction du syndrome inflammatoire qui accompagne certaines formes de la maladie dont l’hétérogénéité est, de fait, à la fois clinique, biologique et plus précisément moléculaire.

Cette étude de phase 2 ne permet néanmoins de tirer aucune conclusion quant à l’efficacité du tocilizumab. Le traitement n’a d’ailleurs pas d’effet significatif sur le score de Rodnan modifié au terme de 24semaines, mais la différence intergroupe est plus élevée sous traitement, comparativement au placebo. Il semble, par ailleurs, qu’une baisse du VEMS soit une éventualité moins fréquente dans le groupe traité. Ces résultats laissent envisager un essai de phase 3 qui permettra de conclure quant au rapport bénéfice/risque de cette thérapie ciblée représentant un espoir réel pour les patients atteints de ScS. L’analyse génomique mérite en tout cas d’être intégrée dans le protocole du futur essai, car elle apporte un éclairage indispensable sur les mécanismes moléculaires qui président à l’évolution de la ScS et à la mise au point de thérapies ciblées.

Article publié sur Jim.fr du 20/05/2016. commentaire du Dr Philippe Tellier

Référence
Khanna D et coll. Safety and efficacy of subcutaneous tocilizumab in adults with systemic sclerosis (faSScinate): a phase 2, randomised, controlled trial. Lancet 2016 (5 mai), publication avancée en ligne. pii: S0140-6736(16)00232-4. doi: 10.1016/S0140-6736(16)00232-4.

Ces fumeurs symptomatiques sans BPCO qui toussent pourtant

La définition de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) correspond à une mesure bien précise du rapport de Tiffeneau (VEMS/CV), qui doit être inférieur à 70% pour affirmer le diagnostic. Ne sont donc considérés comme atteints que les patients répondant à cette définition. Il n’est pas rare toutefois, que des fumeurs n’ayant pas d’obstruction ainsi définie, soient symptomatiques, et présentent une toux, des expectorations, voire une dyspnée.

C’est la raison pour laquelle une équipe états-unienne a réalisé une étude comparant l’état de santé de fumeurs, actuels ou anciens, selon qu’ils présentent ou non ces symptômes. Une cohorte de plus de 2 000 personnes de 40 à 80 ans a été recrutée. Les uns n’avaient jamais fumé et étaient en bonne santé, avec des épreuves fonctionnelles respiratoires normales (n=199), les autres étaient d’actuels ou d’anciens fumeurs, avec une consommation de tabac d’au moins 20 paquets-années, certains présentant une BPCO légère à modérée (n=963), les autres sans BPCO (n=849). L’objectif était de déterminer si les patients symptomatiques avaient des résultats différents des non symptomatiques, en termes de test de marche de 6 minutes, de fonction respiratoire ou d’imagerie (scanner thoracique). Le suivi médian de ces personnes a été de 829 jours.

Un épaississement pariétal des voies aériennes

La moitié des fumeurs dont la fonction pulmonaire était préservée avaient des symptômes respiratoires, une proportion légèrement inférieure à celle des fumeurs qui avaient une BPCO de grade 1 ou 2, mais largement supérieure à celle des sujets n’ayant jamais fumé.

Au cours du suivi, leur taux annuel d’exacerbations était supérieur à celui constaté chez ceux n’ayant jamais fumé, ce qui ne constitue pas réellement une surprise, mais supérieur aussi à celui des fumeurs non symptomatiques (0,27 par an vs 0,03 et 0,08, respectivement). Leur distance de marche en 6 minutes était réduite et leurs performances aux épreuves fonctionnelles respiratoires sont inférieures à celles des fumeurs asymptomatiques.

Quant aux images recueillies au scanner, si elles ne laissaient pas apparaître plus d’emphysème que chez les patients asymptomatiques, elles ont toutefois révélé la présence d’un épaississement pariétal des voies aériennes.

Les auteurs notent enfin que ces patients symptomatiques, bien que n’étant pas reconnus comme atteints de BPCO, utilisent régulièrement des bronchodilatateurs (42 %) et des corticoïdes inhalés (23 %), remarquant que ce type de prise en charge n’a pas fait la preuve de son efficacité au cours d’essais cliniques dans cette catégorie de patients qui paraît largement sous-étudiée.

Publié sur Jim.fr du 18/05/2016. Commentaire du Dr Roseline Péluchon

Référence
Woodruff P.G. et coll. : Clinical Significance of Symptoms in Smokers with Preserved Pulmonary Function. N Engl J Med, 2016 ; 374 :1811-1821.

Mycobactérioses MAC Traitement

Suivi à long terme des mycobactériose à Mycobacterium Avium Complex (MAC) chez les patients traités par un régime incluant la Clofazimine et/ou Rifampicine.

Jarand J. et al. Chest2016-145,1285-1293

http://journal.publications.chestnet.org/article.aspx?articleID=2467623

Pour évaluer les résultats cliniques et microbiologiques des patients souffrant d’une mycobactériose à MAC traités et suivis pendant au moins 6 mois après le traitement, cette revue rétrospective a inclus 107 patients dont 79% de femmes d’âge moyen 67 ans.

Les prélèvement d’expectorations ont été positifs chez 54% des patients et la majorité des patients ont été traités par Clofazimine en association à un macrolide et à l’Ethambutol. 14 patients (13%) ont été traités par Rifampicine, macrolide et Ethambutol. La plupart des patients (95%) ont négativé leur prélèvement d’expectoration avec culture négative en une moyenne de 4.5±4.2 mois (entre 0 et 30 mois). Un pourcentage significativement plus élevé de patients traités par Clofazimine ont négativé les résultats de leur culture par rapport à ceux traités par Rifampicine (100% vs 71% ; P=.0002). La rechute microbiologique est survenue chez 52 des 107 patients (49%). 36% des patients ont nécessité une reprise thérapeutique. Il n’y a pas eu de différence dans la rechute microbiologique et la reprise thérapeutique entre les 2 groupes thérapeutiques.

En conclusion, la majorité des patients souffrant de mycobactériose à MAC ont obtenu une négativation de la culture des expectorations. La reprise thérapeutique est nécessaire pour approximativement 1/3 des patients. Dans ce groupe, à la fois les résultats initiaux et les taux de retraitements ont été au moins aussi bons chez les patients traités par un régime contenant la Clofazimine que chez ceux avec un régime contenant la Rifampicine. La Clofazimine doit être considérée comme une alternative thérapeutique pour le traitement des mycobactérioses pulmonaires à MAC.

(Commentaires

C. Krespine

Le dupilumab, bientôt un nouveau traitement pour l’asthme sévère ?

Un récent essai de phase 2a a montré l’efficacité du dupilumab chez certains patients atteints d’asthme sévère. Anticorps monoclonal dirigé contre la sous-unité α du récepteur de l’interleukine 4, le dupilumab inhibe à la fois la voie de l’interleukine 4 et de l’interleukine 13. Les patients inclus dans cet essai avaient été sélectionnés sur leur taux d’éosinophiles ≥ 300/mm3, témoin d’une inflammation de type 2/Th, dans laquelle les cytokines (particulièrement les interleukine 4, 5 et 13) jouent un rôle reconnu.

L’essai a donc été poursuivi, par une étude pivot internationale de phase 2b, randomisée en double aveugle contre placebo. Au total 769 patients asthmatiques ont été inclus, cette fois quel que soit leur taux initial d’éosinophilie. Ils étaient traités par des doses moyennes à élevées de corticoïdes inhalés et un agoniste β2 à longue durée d’action. Ils devaient aussi avoir eu au moins 1 traitement par corticoïde systémique (oral ou parentéral) au cours de l’année précédente ou avoir nécessité une hospitalisation pour exacerbation. Les patients ont reçu le dupilumab (n = 611), 200 mg ou 300 mg, toutes les 2 semaines ou toutes les 3 semaines, ou un placebo (n = 158), pendant 24 semaines et l’efficacité du traitement a été évaluée sur l’évolution du VEMS1 (volume expiré maximal en 1 seconde).

Une injection toutes les deux semaines

Sur la totalité de la cohorte et quel que soit le taux d’éosinophiles, le meilleur résultat est obtenu avec le dupilumab administré à la dose de 300 mg toutes les 2 semaines : ceci est associé à une amélioration du VEMS1 de plus de 17 % après 24 semaines de traitement, amélioration 10 fois supérieure à celle observée avec le placebo. Les autres modalités de traitement (200 mg toutes les 2 ou toutes les 4 semaines, 300 mg toutes les 4 semaines) sont associées elles aussi à une amélioration significative du VEMS1. Le risque d’exacerbations est réduit de plus de 70 % avec la dose la plus élevée, dans l’ensemble de la population et baisse aussi dans les autres protocoles. L’efficacité reste significative dans les 2 sous-groupes de patients que le taux d’éosinophiles soit supérieur ou non à 300/μl.

Quant aux effets indésirables observés, ils consistent principalement en réactions aux points d’injection, retrouvés chez 18 % des patients sous dupilumab contre 13 % avec le placebo. Le taux d’infections opportunistes, notamment respiratoires, est équivalent à celui constaté sous placebo.

Ces résultats très prometteurs viennent s’ajouter à ceux d’essais montrant l’efficacité du dupilumab dans 2 autres maladies systémiques en lien avec une inflammation de type 2/Th, la dermatite atopique et la sinusite chronique symptomatique avec polypose nasale, ces pathologies pouvant parfois être associées chez un patient, reflétant sans doute une même condition systémique.

Publié sur Jim.fr du 03/05/2016 . Commentaire du Dr Roseline Péluchon

Référence
Wenzel S et coll. : Dupilumab efficacy and safety in adults with uncontrolled persistent asthma despite use of medium-to-high-dose inhaled corticosteroids plus a long-acting β2 agonist: a randomised double-blind placebo-controlled pivotal phase 2b dose-ranging trial. Lancet, 2016 ; publication avancée en ligne le 26 avril. doi.org/10.1016/S0140-6736(16)30307-5