Tuberculose – Vitamine D – Phénotype

Déficit en vitamine D et phénotype de la maladie tuberculeuse.

PAREEK M. et al.Thorax 2015/70,12,1171-1180

http://thorax.bmj.com/content/70/12/1171.abstract

La surveillance des données de Birmingham de 1980 à 2009 et du CDC aux USA de 1993 à 2008 ont été examinées pour identifier les facteurs démographiques associés à la tuberculose extra pulmonaire (TEP) et ensuite tester l’association de ces facteurs et des taux de vitamine D à la tuberculose extra pulmonaire par analyse multivariée dans une cohorte séparée anglaise.

Les données sur 10 152 cas et 277 013 cas de tuberculose ont été respectivement disponibles à Birmingham et aux USA. Les sujets d’origine locale et d’ethnicité blanche avaient une moindre proportion de TEP par rapport aux sujets locaux non blancs ; les deux groupes avaient une moindre proportion de TEP par rapport aux locaux non-blancs. Dans un groupe séparé anglais (n= 462), les sujets souffrant de TEP avaient une plus faible concentration moyenne de 25(OH)D sérique que ceux avec tuberculose pulmonaire (respectivement 11.4 vs 15.2nmol/L, p=0.0001). En analyse multivariée, le déficit en vitamine D a été étroitement associé à la TEP indépendamment de l’ethnicité, du sexe et autres facteurs. Le doublement de la concentration du taux sérique de 25(OH)d à conduit à une réduction substantielle du risque de TEP (OR : 0.55).
En conclusion, le déficit en vitamine D a été identifié comme un probable facteur de risque de dissémination extra pulmonaire de la tuberculose qui pourrait expliquer les associations de l’ethnicité peau noire et sexe féminin à la TEP. Ces résultats impliquent le niveau de vitamine D dans le confinement de la tuberculose in vivo, et, étant donné la forte prévalence du déficit, peut informer sur le développement de nouvelles stratégies de prévention de la tuberculose

(Commentaire:

C. Krespine

BPCO – CI – PNEUMONIE

Arrêt des corticoïdes inhalés (CI) dans la BPCO et réduction du risque de pneumonie.

Suissa S. et al. Chest 2015,148/5/1177- 1183

http://journal.publications.chestnet.org/article.aspx?articleID=2363032

Pour évaluer si l’arrêt des CI réduit le risque de pneumonie en rapport avec ce traitement, cette étude a inclus à partir des données d’une assurance de santé du Québec entre 1990 et 2005, 103 386 utilisateurs de CI dont 14 020 ont eu une pneumonie sérieuse au cours des 4.9 années de suivant (taux d’incidence : 2.8/100/an),

L’arrêt des CI a été associée à une diminution de 37% du nombre de pneumonie sérieuse (rapport de risque RR: 0.63). La réduction du risque a été rapidement évidente, allant de 20% dès le 1er mois à 50% au 4ème mois d’arrêt des CI. La réduction du risque a été particulièrement marqué avec la Fluticasone (RR: 0.58) mais de façon moindre avec le Budésonide (RR: 0.87).

En conclusion, l’arrêt de prise des CI contre la BPCO est associé à une réduction du risque élevé de pneumonie sérieuse, particulièrement avec la Fluticasone.

(Commentaire:

C. Krespine

Est-ce la fin de l’IMC ?

L’obésité est définie comme un excès de masse grasse qui peut nuire à la santé.En l’absence de méthode simple pour évaluer cette masse grasse, c’est la mesure de l’indice de masse corporelle (IMC) qui est couramment utilisée pour diagnostiquer l’obésité. De multiples travaux ont montré les limites de cette méthode pour prédire les conséquences de l’excès de poids. En particulier, l’IMC élevé n’est pas constamment associé au risque cardiovasculaire. Des mesures alternatives ont été proposées pour détecter plus directement la quantité de « masse grasse métaboliquement dangereuse ». Ainsi, le rapport taille sur hanche a l’intérêt de détecter ce qu’on appelle l’obésité centrale, c’est-à-dire un excès de masse grasse abdominale avec en parallèle, une relative minceur des hanches témoignant d’une faible quantité de graisse sous-cutanée et de muscle à ce niveau.

Pour évaluer l’intérêt que pourrait avoir le rapport taille sur hanche pour dépister les sujets à risque,des chercheurs américains ont analysé les données de l’enquête NHANES III (recueil transversal de données issues d’un échantillon représentatif de la population américaine) et celles fournies par un registre de la mortalité incluant les causes de décès. L’obésité centrale est définie dans cette étude par un rapport taille sur hanche au-delà de 0,85 pour une femme et 0,90 pour un homme.

Rapport taille/ hanche élevé, le plus mauvais cas de figure, quel que soit l’IMC

Ce sont les sujets souffrant d’une obésité centrale qui ont le pronostic le plus défavorable. Un homme de poids normal mais avec un rapport taille sur hanche élevé présente le risque le plus élevé de décès (toute cause confondue), quel que soit son IMC. Notamment, ce sujet avec obésité centrale à un risque fatal presque double de celui ayant un IMC similaire et un rapport taille sur hanche normal. Mais ce qui est encore plus marquant, c’est qu’un individu avec poids normal et obésité centrale est également deux fois plus à risque de décéder qu’un homme en surpoids ou obèse, mais qui a un rapport taille sur hanche normal.Chez les femmes des observations similaires sont décrites avec un sur-risque de 32 à 40 % pour les femmes de poids normal avec obésité centrale par rapport aux femmes en surpoids ou obèses mais avec un rapport taille sur hanche favorable.

La relation entre l’obésité centrale et le risque fatal a été ajustée sur les facteurs de risque traditionnels sans que cela ne modifie de façon substantielle les résultats.

Cette étude n’apporte pas véritablement de nouveau concept. Le rôle de l’obésité centrale est évoqué depuis plusieurs décennies et il est recommandé de mesurer le tour de taille lors de l’examen clinique. Elle a toutefois le mérite de mettre en exergue l’intérêt de cette mesure et si possible de la mesure conjointe du tour de hanche chez des sujets de poids normal.

Ne balancez pas la balance !

La mesure du poids ne doit certainement pas être abandonnée car un poids élevé reste un facteur de risque de pathologies ostéoarticulaires et respiratoires.Mais à côté de l’IMC, le rapport taille sur hanche devrait être systématiquement renseigné sur nos observations médicales, en particulier pour les sujets de poids normal. Ce sont en effet ces derniers qui pourraient particulièrement bénéficier d’un dépistage précoce d’une situation à risque cardiométabolique qui est rarement détectée lorsque la balance ne donne pas l’alerte !

Publié sur Jim.fr , commentaire du Dr Boris Hansel

Référence
Sahakyan KR et coll. : Normal-Weight Central Obesity : Implications for Total and Cardiovascular Mortality. Ann Intern Med., 2015; 163: 827-35. doi: 10.7326/M14-2525.

Est-ce la fin de l’IMC?

L’obésité est définie comme un excès de masse grasse qui peut nuire à la santé.  En l’absence de méthode simple pour évaluer cette masse grasse, c’est la mesure de l’indice de masse corporelle (IMC) qui est couramment  utilisée pour diagnostiquer l’obésité. De multiples travaux ont montré les limites de cette méthode pour prédire les conséquences de l’excès de poids. En particulier, l’IMC élevé n’est pas constamment associé au risque cardiovasculaire. Des mesures alternatives ont été proposées pour détecter plus directement la quantité de « masse grasse métaboliquement dangereuse ». Ainsi, le rapport taille sur hanche a l’intérêt de détecter ce qu’on appelle l’obésité centrale, c’est-à-dire un excès de masse grasse abdominale avec en parallèle, une relative minceur  des hanches témoignant d’une faible quantité de graisse sous-cutanée et de muscle à ce niveau.

Pour évaluer l’intérêt que pourrait avoir le rapport taille  sur hanche pour dépister les sujets à risque,des chercheurs américains ont analysé les données de l’enquête NHANES III (recueil transversal de données issues d’un échantillon représentatif  de la population américaine) et celles fournies par un registre de la mortalité incluant les causes de décès. L’obésité centrale est définie dans cette étude par un rapport taille sur hanche  au-delà de 0,85 pour une femme et 0,90 pour un homme.

Rapport taille/ hanche élevé, le plus mauvais cas de figure, quel que soit l’IMC

Ce sont les sujets souffrant d’une obésité centrale qui ont le pronostic le plus défavorable. Un homme de poids normal mais avec un rapport taille sur hanche élevé présente le risque le plus élevé de décès (toute cause confondue), quel que soit son IMC. Notamment, ce sujet avec obésité centrale à un risque fatal presque double de celui ayant un IMC similaire et un rapport taille sur hanche normal. Mais ce qui  est encore plus marquant, c’est qu’un individu avec poids normal et obésité centrale est également deux fois plus à risque de décéder qu’un homme en surpoids ou obèse, mais qui a un rapport taille sur hanche normal.  Chez les femmes des observations similaires sont décrites avec un sur-risque de 32 à 40 % pour les femmes de poids normal avec obésité centrale par rapport aux femmes en surpoids ou obèses mais avec un rapport taille sur hanche favorable.

La relation entre l’obésité centrale et le risque fatal a été ajustée sur les facteurs de risque traditionnels sans que cela ne modifie de façon substantielle les résultats.

Cette étude n’apporte pas véritablement de nouveau concept. Le rôle de l’obésité centrale est évoqué depuis plusieurs décennies et il est recommandé de mesurer le tour de taille lors de l’examen clinique. Elle a toutefois le mérite de mettre en exergue l’intérêt de cette mesure et si possible de la mesure conjointe du tour de hanche chez des sujets de poids normal.

Ne balancez pas la balance !

La mesure du poids ne doit certainement pas être abandonnée car un poids élevé reste un facteur de risque de pathologies ostéoarticulaires et respiratoires.  Mais à côté de l’IMC, le rapport taille sur hanche devrait être systématiquement renseigné sur nos observations médicales, en particulier pour les sujets de poids normal. Ce sont en effet ces derniers qui pourraient particulièrement bénéficier d’un dépistage précoce d’une  situation à risque cardiométabolique qui est rarement détectée lorsque la balance ne donne pas l’alerte !

Publié sur Jim.fr , commentaire du Dr Boris Hansel

Référence
Sahakyan KR et coll. : Normal-Weight Central Obesity : Implications for Total and Cardiovascular Mortality. Ann Intern Med., 2015; 163: 827-35. doi: 10.7326/M14-2525.

IMC maternel – Fonction pulmonaire enfant

IMC maternel, fonction pulmonaire néonatale et symptômes respiratoires dans l’enfance.

JACOBIEN B. et al. Eur Respir J2015,45/1/341-349

http://erj.ersjournals.com/content/46/5/1342

Pour évaluer si l’altération de la fonction pulmonaire néo natale pourrait expliquer que l’obésité maternelle est associée à une augmentation du risque de sifflements de leur progéniture, la fonction pulmonaire néonatale de 2 606 enfants a été mesurée. Les informations sur les symptômes quotidiens de sifflements ont été obtenue par questionnaires.

Un IMC maternel plus élevé a été associé à une augmentation du risque de sifflements la première année de vie et plus de consultations et prescriptions par des maladies sifflantes jusqu’à l’âge de 5 ans. La fonction pulmonaire pourrait expliquer partiellement l’association avec les sifflements la première année de vie. L’ajout de la résistance respiratoire au modèle a diminué l’incidence du taux de risque de 1.023 à 1.015. Les données anthropométriques à 5 ans expliquaient largement l’association avec les consultations. Les données intermédiaires ou facteurs confondants ne pouvaient pas expliquer l’association avec les prescriptions.

En conclusion, il existe une association entre un IMC maternel élevé et une augmentation du risque de maladies sifflantes. Dans la première année de vie, c’est largement expliqué par une fonction pulmonaire altérée, particulièrement chez les enfants de mère atopiques. Á l’âge de 5 ans, la fonction pulmonaire de l’enfant est d’influence mineure dans cette association.

(Commentaire:

C. Krespine

Présent et avenir des thérapeutiques ciblées dans l’asthme

Par thérapeutiques ciblées, on entend les molécules dirigées soit vers un récepteur, soit vers un médiateur (cytokine, interleukine, chimiokine…) d’une voie physiopathologique et ayant donc un mode d’action très différent des médicaments habituellement utilisés dans le traitement de fond de l’asthme comme les corticoïdes, par exemple, qui agissent potentiellement à plusieurs niveaux de la cascade de l’inflammation.

Pour qu’une thérapie ciblée soit efficace, plusieurs conditions doivent être remplies.

La cible, récepteur ou médiateur, doit se situer assez « haut », en amont dans la voie physiopathologique concernée pour que son blocage produise un effet important. À titre d’illustration, les antihistaminiques peuvent être considérés comme des traitements ciblés.
Pourtant, leur effet sur les manifestations allergiques d’hypersensibilité immédiate est modeste car l’histamine ne représente qu’un des nombreux médiateurs libérés au cours de la réaction immédiate. Le même raisonnement peut probablement être fait avec les antileucotriènes, dont on connaît les effets indiscutables mais modestes dans l’asthme et la rhinite.

La voie physiopathologique concernée doit avoir un rôle démontré et important dans la physiopathologie de la maladie. Par exemple, dans l’asthme, l’IL4 et l’IL5 sont impliquées dans le recrutement des éosinophiles. Or, à ce jour, les traitements ciblant l’IL4 n’ont pas démontré d’effets cliniques satisfaisants, alors que les essais utilisant les anti-IL5 sont beaucoup plus concluants mais dans des sous-groupes de patients soigneusement sélectionnés. Une explication partielle de cette observation pourrait tenir au fait que l’IL4 partage une sous-unité du mê me récepteur que l’IL13, une autre cytokine impliquée dans le recrutement des éosinophiles. Le blocage isolé de l’IL4 peut donc être insuffisant pour produire des effets cliniques significatifs.

Le traitement doit être administré aux patients chez lesquels la voie physiopathologique ciblée joue un rôle pré pondérant. Ceci est particulièrement important dans l’asthme, maladie dont le caractère hétérogène aussi bien au niveau clinique que physiopathologique est actuellement admis(1). En conséquence, l’identification des patients concernés est donc une étape clé de la prise en charge. On comprendra mieux la mode actuelle du phénotypage ou de la « clusterisation » des patients asthmatiques visant à regrouper des malades présentant des caractéristiques communes sur différents types de critères, cliniques, fonctionnels, biologiques(2).

Néanmoins avec les moyens dont nous disposons à ce jour, le phénotypage est souvent pertinent en termes de présentation clinique, mais n’est pas forcément relié à un mécanisme physiopathologique unique. On peut ainsi concevoir qu’un asthme à expression biologique éosinophilique puisse résulter de plusieurs mécanismes moléculaires, encore appelés endotypes(3). Leur identification et, si possible, la mise en évidence de marqueurs spécifiques qui peuvent être utilisés dans un « test compagnon » de la prescription sont indispensables si l’on veut obtenir un effet thérapeutique notable du traitement ciblé considéré. Dans ce domaine, un exemple récent est celui du lebrikizumab, un anticorps monoclonal anti-IL13, dont l’effet dans l’asthme éosinophilique est surtout marqué chez les patients ayant un taux sérique élevé de périostine, une molécule impliquée dans la maturation des éosinophiles(4).

Justification de la recherche de nouveaux traitements dans l’asthme

Dans l’asthme léger à modéré, la corticothérapie inhalée a fait la preuve de son efficacité sur la réduction des symptômes et des exacerbations, ainsi que sur le maintien d’une fonction ventilatoire normale ou subnormale. Elle reste le traitement de fond de première intention(1). Néanmoins, elle n’a aucune prétention curative, les symptômes rechutant plus ou moins rapidement à l’arrêt du traitement. Par ailleurs, des interrogations existent sur les effets secondaires potentiels à long terme chez des patients parfois traités dès la petite enfance et donc pendant plusieurs décennies avec ces molécules. Enfin, il faut reconnaître qu’en dépit de leur efficacité, ces traitements font généralement l’objet d’une forte inobservance de la part des patients. Tout ceci justifie donc la re cherche de molécules susceptibles de modifier l’histoire naturelle de l’asthme, et/ou ayant une moindre toxicité au long cours, et/ou associées à un meilleur profil d’observance. Dans ce dernier domaine, la voie et le rythme des administrations du traitement apparaissent avoir un rôle essentiel.

Dans l’asthme sévère, par définition la corticothérapie inhalée et/ou systémique est insuffisante pour obtenir le contrôle de la maladie ou nécessite l’utilisation de fortes doses, donc assorties d’effets secondaires potentiellement sévères(5). La recherche d’alternatives thérapeutiques ou de traitements complémentaires est donc pleinement justifiée pour contrôler la maladie mais aussi diminuer la corticothérapie par voie générale.

Les traitements ciblés actuels et à venir dans l’asthme

De nombreuses cibles potentielles ont été identifiées. Dans l’ensemble, elles concernent beaucoup plus l’asthme à composante inflammatoire TH2 (le plus souvent éosinophilique) que les asthmes non TH2 (caractérisés par l’absence d’éosinophilie des voies aériennes et/ou la présence de polynucléaires neutrophiles).

L’anticorps monoclonal anti-IgE (omalizumab)

Il a été le premier à être commercialisé il y a une dizaine d’années avec comme indication et AMM l’asthme sévère allergique. L’historique du développement de ce traitement est intéressant car il illustre comment d’un concept théorique initial reposant sur le blocage de la fixation des IgE circulantes et donc secondairement de l’activation mastocytaire, on a pu mettre en évidence un effet beaucoup plus large sur l’inflammation allergique(6). Celui-ci passe notamment par une réduction durable de la quantité de récepteurs de haute et basse affinité pour les IgE sur différentes cellules, en particulier sur les cellules présentatrices d’antigène qui pourrait expliquer l’effet clinique
persistant à l’arrêt du médicament après plusieurs années de traitement(7).

Cibler les interleukines impliquées dans le recrutement et la maturation des éosinophiles

Les essais effectués avec les anti-IL4 ou anti-IL4R (récepteur) sont dans l’ensemble restés décevants en clinique, même si un effet a parfois pu être observé sur l’éosinophilie sanguine ou bronchique(8). Cependant, récemment un essai utilisant le dupilumab, un anticorps monoclonal spécifique de la sous-unité du récepteur cellulaire (commun IL4/IL13), activée par l’IL4, a démontré une efficacité chez des asthmatiques modérés à sévères présentant une éosinophilie persistante malgré un traitement cor ticoïde inhalé à dose moyenne ou forte(8). Des résultats intéressants ont également été obtenus avec l’anti-IL13, en particulier chez les patients ayant un niveau élevé de périostine, un marqueur biologique cohérent puisqu’induit par l’IL13(4).

Dans le domaine des anti-IL5, la guerre des mAbs fait rage. La molécule la plus proche de la commercialisation paraît être le mepolizumab qui, après des échecs dans le traitement de l’asthme léger à modéré, s’est recentré sur les asthmes sévères à éosinophilie persistante malgré une corticothérapie inhalée à forte dose et/ou une corticothérapie systémique. Dans ce sous-groupe, plusieurs publications sur des essais portant sur un grand nombre de malades ont démontré une efficacité par voie souscutanée sur la réduction des exacerbations, mais aussi sur le contrôle de l’asthme et la possibilité de réduire la corticothérapie générale(9,10).

Le benralizumab est un anticorps monoclonal dirigé non pas contre l’IL5 mais contre son récepteur. Dans l’asthme, il a démontré son efficacité par voie sous-cutanée sur la réduction des exacerbations chez des patients recevant une corticothérapie inhalée à dose moyenne ou forte(11). Dans un essai à la conception très originale, le benralizumab a été administré à des patients venant de faire une exacerbation ayant nécessité une admission aux urgences(12). Comparativement au placebo, une injection unique du produit a permis de retarder la fréquence et la sévérité des exacerbations sur une période de 12 mois. On voit là émerger l’idée d’un traitement séquentiel 1 à 2 fois/an qui pourrait être proposé à des sujets ayant des exacerbations sévères, dont on sait qu’elles restent mal prévenues par les corticoïdes inhalés.

Enfin, le reslizumab, un autre anticorps monoclonal anti-IL5, explore la piste du traitement de l’asthme associé à la polypose nasale, ce qui pourrait à la fois lui permettre d’utiliser un marqueur clinique simple d’identification des patients répondeurs, mais aussi lui ouvrir la porte à des indications dans des asthmes moins sévères, la polypose naso-sinusienne n’étant pas exclusivement associée à l’asthme sévère(13).

D’autres voies thérapeutiques sont encore très préliminaires comme l’utilisation d’anti-IL9, une cytokine impliquée dans le recrutement et la prolifération des mastocytes dans les voies aériennes(9). La voie du CCR3, une chimiokine impliquée dans la réponse locale TH2, fait aussi l’objet de recherches, mais qui sont beaucoup moins avancées que celles effectuées avec les anti-IL5(9).

Thérapeutiques ciblant les voies physiopathologiques non TH2

Elles sont beaucoup moins avancées que pour la voie TH2. Ainsi, les antagonistes du TNF alpha qui avaient donné des résultats initiaux prometteurs dans l’asthme, ont été stoppés pour des problèmes de tolérance et de rapport bénéfice risque défavorable(14). L’inhibition du CXCR2, un des récepteurs de l’IL8, une chimiokine clé dans le recrutement des neutrophiles dans les voies aériennes, pourrait également être une voie de développement pour de nouvelles molécules(9). Il en va de même de l’IL17, une cytokine impliquée dans l’asthme qui présente la particularité d’être peu sensible aux corticoïdes(9).

Enfin, on rappellera, même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une thérapie ciblée, que la thermoplastie bronchique a démontré un effet significatif et important sur la masse musculaire lisse bronchique(15). L’identification de la cible thérapeutique est un pas important pour la sélection des patients pouvant bénéficier de cette technique coûteuse et complexe.

Conclusion

Le développement des thérapies ciblées dans l’asthme représente une chance pour les patients atteints d’asthme sévère pour lesquels persistent d’importants besoins thérapeutiques. Mais c’est aussi une opportunité pour les chercheurs et les cliniciens de mieux comprendre l’hétérogénéité de la maladie asthmatique à travers l’identification du rôle précis de certaines voies physiopathologiques. En fonction des résultats obtenus à long terme et des modes d’administration (séquentiels versus continu quotidien, injectable versus inhalé), elles pourraient aussi trouver une place dans la prise en charge des formes moins sévères de l’asthme et révolutionner l’ensemble de la prise en charge thérapeutique de la maladie.

Références

Cliquez sur les références et accédez aux Abstracts sur pubmed

16.Pretolani M et al. Reduction of airway smooth muscle mass by bronchial thermoplasty in patients with severe asthma. Am J Respir Crit Care Med 2014 ; 190(12) : 1452-4. – Recher

Publié sur OPA pratique le 14 Déc 2015

Auteur: A. DIDIER, Pôle des voies respiratoires, hôpital Larrey, CHU de Toulouse



Apnée du sommeil et crise de goutte, de quoi donner l’éveil!

Le risque de crise de goutte est deux fois plus élevé la nuit que le jour. Une des hypothèses évoquée pour expliquer ce phénomène est le rôle possible de l’apnée du sommeil (AS) et de l’hypoxie qui lui est associée.

L’AS est en effet fréquente chez les hommes obèses aux multiples comorbidités, profil typique du sujet atteints de goutte. De plus, il a été rapporté une haute prévalence (plus de 50 %) d’hyperuricémie chez les sujets souffrant d’AS.

Afin d’évaluer les liens entre apnée du sommeil et risque de goutte, une équipe Américaine a réalisé une étude de cohorte.

Un total de 9 865 malades avec une apnée du sommeil de novo ont été inclus et appariés (1:5) en âge, sexe et indice de masse corporelle (IMC) avec 43 598 sujets sans AS.

L’âge moyen dans les 2 cohortes était de 54 ans et 72 % des sujets étaient des hommes.

Durant l’année de suivi, 270 participants (76 dans le groupe apnée et 194 dans le groupe contrôle) ont développé une goutte.

Le taux de goutte « incidente » a été établi à 8,4 personnes-année (PA) dans le groupe apnée et 4,8 PA dans le groupe contrôle.

Le risque relatif de goutte incidente chez les sujets avec AS versus sujets contrôles est de 1,7 (intervalle de confiance à 95 % 1,3-2,2). Ces résultats sont indépendants de l’IMC, du mode de vie et des autres facteurs de risque connus (consommation d’alcool, insuffisance rénale chronique, diabète, hypertension, coronaropathie, prise d’aspirine, de diurétiques et de losartan).

Le risque de goutte incidente apparaît donc plus élevé chez les malades atteints d’apnée du sommeil.

Ces résultats plaident en faveur du rôle de l’apnée et de l’hypoxie nocturne dans le développement de la crise de goutte nocturne.

Les auteurs de ce travail estiment que ce constat a un intérêt majeur en pratique clinique car la prise en charge et le traitement de l’apnée du sommeil et de l’hypoxie nocturne pourrait diminuer le risque d’hyperuricémie et de crise de goutte nocturne. Il faut toutefois souligner que, dans ce travail, la définition de la goutte était purement clinique, rendant inévitable un certain degré de mauvaise classification.

Référence :

Zhang Y et coll. : Sleep Apnea and the Risk of Incident Gout. Arthritis Rheumatol.,2015; 67: 3298–3302. doi: 10.1002/art.39330.

Article paru sur Jim.fr du 16 déc 2015 .

Nourrissons – Infections respiratoires – Enfance

Infections respiratoires du nourrisson et hospitalisation ultérieure dans l’enfance.

MOORE H. C. et al.            Eur Respir J 2015  46       5         1334  1341

http://erj.ersjournals.com/content/46/5/1334

            Pour quantifier la relation entre les infections respiratoires aiguës (IRA) du nourrisson et la survenue de morbidité respiratoire dans l’enfance, les données longitudinales d’hospitalisation en lien avec les enregistrements périnataux, de naissance et de morts de 145 580 enfants australiens de 1997 à 2002 ont été analysées.

            Une IRA dans la petite enfance a été significativement liée à une hospitalisation respiratoire avant (HR :3.5) et après (HR :3.0) ajustement sur les facteurs de risque connus incluant le tabagisme maternel au cours de la grossesse, la saison au moment de la naissance, le mode d’accouchement, et l’âge gestationnel. Il a été noté un effet dose réponse avec le nombre et la longueur des hospitalisations pour IRA durant la petite enfance et l’augmentation du risque sans effet de modification par l’âge gestationnel. Les résultats ont été semblables quand les hospitalisations respiratoires plus tard ont été limités aux seuls hospitalisations pour asthme.

            Au total, les hospitalisations récidivantes pour IRA augmente significativement le risque de morbidité respiratoire et d’asthme nécessitant une hospitalisation après l’âge de 3 ans de façon dose-réponse. L’augmentation du risque relatif n’est pas modifiée par l’âge gestationnel. Les efforts pour réduire la survenue des IRA dans la petite enfance sont susceptible d’avoir des bénéfices de santé publique significatifs.

(Commentaire :

C. Krespine

BPCO – Exacerbations – Fibrinogène – Alpha1 AT

Fibrinogène et a1-antitrypsine dans les exacerbations de BPCO.

 

INGEBRITSEN T. S. et al.     Thorax             2015   70         11        1014    1021

 

http://thorax.bmj.com/content/70/11/1014.abstract

 

            Les hypothèses selon lesquelles le fibrinogène et l’a1-antitrypsine (a1-AT) sont génétiquement et observationnellement associés aux exacerbations de BPCO ont été testées chez 13 591 sujets souffrant de BPCO à partir d’une étude de population générale à Copenhague (2003-2013) dont 6 857 ont été génotypés pour FGB-455 (rs 1800790, G>A) et FGB-448 (rs4220, G>A) avec mesure du fibrinogène plasmatique.. De plus, 13 405 sujets ont été génotypé pour le SERPINAI S-allèle (rs 17580) et le Z-allèle (rs28929474). Les exacerbations ont été définies par les hospitalisations ou les traitements par corticoïdes par voie systémique.

            Un fibrinogène et des taux d’a1-AT élevés ont été associés à une augmentation du risque d’exacerbations de BPCO respectivement HR : 1.14 et 1.18. La présence du Z-allèle a été associée à une augmentation du risque relatif des exacerbations : OR :1.25, comme a été amoindri le taux d’a1-AT par le Z-allèle : OR :1.07. Les génotypes élevant le fibrinogène FGB-455 et FGB-448 n’ont pas été associés aux exacerbations, respectivement, OR= 0.96 et OR=1.01, ni le taux de fibrinogène n’était génétiquement élevé, OR=1.11.

            Il est conclu que le fibrinogène et l’a1-AT ont été associés observationnellement à un risque augmenté d’exacerbations. Cependant, génétiquement, le fibrinogène, en soi, n’a pas été associé aux exacerbations, tandis qu’un amoindrissement d’a1-AT a été associé à un risque augmenté d’exacerbations.

 

(Commentaire

 

C. Krespine

Asthme – Enfance – Sévérité – Caractéristiques

L’importance de l’asthme sévère dans l’enfance et l’adolescence: résultats à partir de la cohorte pédiatrique U-BIOPRED.

FLEMING L et al.Eur Respir J2015-465,1322-1333

http://erj.ersjournals.com/content/46/5/1322

Pour caractériser l’asthme sévère et l’asthme adulte en utilisant des approches conventionnelles et des systèmes biologiques innovants, un total de 99 enfants d’âge scolaires souffrant d’asthme sévère et 81 d’âge préscolaire souffrant de sifflements sévères ont été comparés à 49 enfants d’âge scolaire avec asthme léger à modéré et 53 enfants d’âge pré scolaire avec sifflements légers à modérés dans une étude transversale.

Malgré des doses thérapeutiques élevées, les cohorte d’asthme sévère avaient plus d’exacerbations sévères par rapport au groupe léger à modéré (moyenne annuelle: âge scolaire: 3.0 vs 1.1 – âge pré scolaire: 3.9 vs 1.8). Le tabagisme passif a été plus habituel dans le groupe asthme sévère. Presque tous les participants dans chaque groupe étaient atopiques et avaient un IMC normal. La qualité de vie en relation avec la santé, évaluée par le questionnaire de qualité de vie pédiatrique (QQdVP) et le questionnaire de qualité de vie de l’asthme pédiatrique par les aidants (QQdVAPA) a été mauvaise dans la cohorte d’asthme sévère (groupe d’âge scolaire: QQdVP: 4.77+/-0.15 vs 5.80+/-0.19 – Groupe d’âge préscolaire: QQdVP: 4.27+/-0.18 vs 6.04+/-018). Cependant, le groupe léger à modéré avait également une comorbidité significative. L’altération de la qualité de vie a été associée à un mauvais contrôle et une obstruction bronchique. Autrement, les groupes asthme sévère et léger/modéré étaient cliniquement très semblables.

En conclusion, les enfants avec sifflements sévère à l’âge préscolaire ou asthme sévère sont habituellement atopiques et ont une qualité de vie altérée qui est associée au mauvais contrôle de la maladie et à l’obstruction bronchique: phénotype très diffèrent de l’asthme sévère de l’adulte. Le phénotypage en profondeur de ces enfants, intégrant les données cliniques avec biomarqueurs de haut niveau pourrait aider à améliorer et adapter leur prise en charge clinique.

(Commentaire:

C. Krespine