Des origines de l’allergie alimentaire

Depuis 30-40 ans, les pays industrialisés mais aussi les pays émergent ont connu une véritable épidémie d’allergies. Globalement expliquée par la théorie hygiéniste, elle a concerné tous les symptômes de l’atopie : rhinite, eczéma, asthme mais aussi allergies alimentaires (AA). Confidentielles avant les années 1970-1980, les AA sont devenues ensuite de plus en plus fréquentes. L’exemple type a été l’arachide (cacahuète), bientôt suivie par une multitude d’allergènes, d’abords émergents, puis de plus en plus importants (noix exotiques, sésame, sarrasin, soja, etc.).

Historique

Des origines au début du XXe siècle

Même si elle était rare, l’allergie alimentaire (AA) a toujours existé. En 1480, Thomas More raconte que Richard III développa une urticaire après avoir dégusté une coupe de fraises que les Lords lui avaient offertes avant son couronnement. Ouvrant sa chemise devant l’assistance, le roi montra sa poitrine couverte de boutons : une urticaire ! À cette époque, l’hypothèse la plus plausible était une tentative d’empoisonnement plutôt que celle d’une AA vraie IgE-dépendante ou d’une fausse AA par histamino-libération non spécifique… Cette dernière est a posteriori le diagnostic le plus plausible, puisque le roi avait mangé une coupe entière ! Plus tard, en Italie, Marcello Donati publia le premier cas probable d’AA à l’œuf chez un jeune comte qui avait un angio-œdème du visage chaque fois qu’il en consommait. Par la suite, la palette des aliments en cause se diversifia : crevettes, langouste, poisson, pomme, viandes, etc. Au début du XXe siècle, un pédiatre américain, Jérômer Glaser, publia un livre consacré aux allergies de l’enfant dans lequel il décrivait les régimes d’éviction dits « régimes tournants » utilisés à titre diagnostique ( in 1).

L’histoire récente

Si jusqu’aux années 1970-1980, les trois principaux aliments responsables d’AA étaient le lait de vache, l’oeuf de poule et les fruits de mer, l’arachide avait commencé à faire parler d’elle aux États-Unis, pays fort consommateur de cacahuètes, avec les premières publications de Fries.

En 1990, H.A. Sampson(2) publia un important éditorial dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology intitulé « Peanut anaphylaxis » qui coïncidait avec les observations personnelles que certains pédiatres français commençaient à faire(3). Sampson soulignait l’importance des tests de provocation orale (TPO) en double aveugle dans 3 centres américains et montrait que ces tests n’étaient pas sans dangers, indiquant qu’il fallait les réaliser lorsque l’histoire clinique n’était pas suffisamment convaincante. Dans leur expérience, l’AA à l’arachide était une allergie grave, puisque les TPO avaient été récusés chez près de 50 % des allergiques à l’arachide contre 4,2 % (pour l’oeuf) et 5,3 % (pour le lait de vache)(2). C’est à cette époque que nous avons tous bénéficié du livre de Moneret-Vautrin et André(4), qui avait notamment le mérite de distinguer les allergies alimentaires vraies (IgE-dépendantes) des fausses AA dues à plusieurs mécanismes (histamino-libération non spécifique, surcharge en histamine, intolérances à la tyramine, aux benzoates, aux nitrites, etc.).

Épidémiologie actuelle

Actuellement, il existe près de 20 000 articles référencés sur Pub- Med. Leur nombre annuel évalué sur Food allergy est passé de moins de 30 (de 1945 à 1952) à 146 (en 1980), 295 (en 1985), 345 (en 1890), 376 (en 1995), 498 (en 2000), 766 (en 2005), 933 (en 2010) et 1142 (en 2012).
La prévalence des AA est estimée à 3,2 % chez l’adulte et 4,7 % chez l’enfant en population générale. En France, 5 allergènes sont responsables de plus de 80 % des AA de l’enfant : oeuf (52 %), arachide (34 %), lait de vache (12 %), moutarde (8 %) et poisson (7 %). Après l’âge de 3 ans, l’arachide est le premier allergène incriminé(5) (encadrés 1 et 2).


Une conception binaire trop simpliste

Un allergique, des symptômes, des allergènes…

Entre 1980 et 2000, la physiopathologie de l’AA était considérée comme binaire. Les deux acteurs étaient l’allergène et l’individu allergique à cet allergène, génétiquement prédisposé à développer des IgE sériques spécifiques (IgEs) contre lui-même. Plusieurs études montrèrent alors un lien entre certaines régions chromosomiques et des phénotypes de l’atopie : région 5q33 et asthme ; région 6p21.3 (HLA-D) et production d’IgE et d’IgG spécifiques ; région 14q11.2 et IgE spécifiques, etc.

…et des circonstances de survenue

La multiplicité des circonstances de survenue de l’AA a alors remis en question le caractère binaire de l’AA, car les possibilités d’exposition aux allergènes sont nombreuses (ingestion, inhalation, contact) faisant intervenir de multiples facteurs, facilitateurs ou non (in 6).

En effet, les symptômes d’AA varient selon le mode de cuisson, la composition du repas, l’acidité gastrique, etc. À titre d’exemples, l’allergénicité de l’arachide bouillie (consommée ainsi dans plusieurs pays d’Asie) est moindre ; au contraire, le rôtissage augmente son pouvoir allergisant. Son allergénicité est également diminuée par un repas riche en graisses ou par l’adjonction de vinaigre qui augmente l’acidité gastrique, facilitant la destruction des allergènes.

De nombreuses particules allergéniques volatiles peuvent également être inhalées et provoquer des symptômes, surtout respiratoires, chez les patients atteints d’AA par ingestion ou non. Parmi ces allergènes, on peut citer le poisson, les crustacés, l’arachide, la carotte, le kiwi, le céleri, etc. Les allergènes sont libérés à la manipulation (poissons, légumes), à l’épluchage (légumes, fruits) ou à la cuisson (poissons, lentilles). Au cours des voyages aériens, plusieurs cas d’anaphylaxie ont été décrits chez les allergiques à l’arachide (à seuil réactogène bas) qui avaient consommé des cacahuètes ou des noix exotiques, au point que ces aliments ont pratiquement disparu de l’offre des personnels de bord. Pour certains, l’inhalation de vapeurs de cuisson pourrait expliquer 10 % des sensibilisations alimentaires.

Le contact avec des allergènes alimentaires et une peau lésée (eczéma) pourrait expliquer certaines sensibilisations (arachide). Les AA par procuration sont longtemps restées méconnues, en particulier le syndrome d’allergie induite par le baiser où une personne qui vient de consommer un aliment transmet l’allergène à une autre personne allergique en l’embrassant (lover’s kiss ou good night kiss). Les allergènes d’arachide peuvent aussi se transmettre dans des conditions que l’interrogatoire doit détecter, par exemple : transmission par des cartes à jouer ou par une console de jeux.

Le parcours de soin classique

Dans cette période (1980-2000), le diagnostic et le traitement de l’AA ont reposé sur le parcours suivant :

– interrogatoire policier ;

– prick-test (PT) ;

– dosage unitaire des IgE ;

– retour à l’interrogatoire en cas de résultats discordants ou surprenants ;

 – confirmation par test de provocation oral (TPO) ;

– éviction alimentaire ;

– prescription d’une trousse comportant en particulier de l’adrénaline par injection intramusculaire (figures 1 et 2).

Il faut éliminer une fausse AA par l’enquête alimentaire catégorielle (relevé des aliments, boissons, friandises) consommés pendant 1 semaine (schéma)(in 6). Cette enquête a pour but de repérer une relation chronologique entre la survenue de symptômes, l’ingestion d’aliments et la présence d’aliments masqués (lecture et décodage des étiquettes). À l’issue de ce bilan, le diagnostic et la gravité de l’AA dépendent de plusieurs éléments et de la présence ou non de facteurs de risque (encadré 3) :

 – âge (l’AA est 3 fois plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte) ;

 – nature de l’allergène ;

– seuil réactogène bas ;

– asthme associé ;

– atopie (pollinose, réactions croisées entre pollens, fruits et légumes) ;

– prise de médicaments (aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens), bêtabloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ;

– ingestion d’alcool (adolescent, adulte) ;

 – effort physique (à tout âge).

 

Confirmation de l’allergie alimentaire

L’augmentation considérable de la fréquence des AA a nécessité la codification des procédures de diagnostic et la recherche de nouveaux marqueurs prédictifs du diagnostic et, éventuellement, de gravité.

Codification des tests de provocation orale (TPO)

Les tests de provocation orale (TPO) doivent être réalisés dans des structures de type hospitalier disposant d’un personnel médical et paramédical spécialisé dans la prise en charge des AA(7,8). Les conditions indispensables sont :

– la mise en place d’une voie veineuse ;

– la disponibilité immédiate des traitements d’une anaphylaxie (adrénaline, oxygène, solutés de remplissage, etc.) ;

– la proximité d’une unité de réanimation.

Les doses d’allergène sont données selon une progression dépendante des symptômes cliniques, de l’allergène et de l’âge. Les TPO sont réalisés de façon ouverte (le plus souvent), parfois en simple ou en double insu. Le TPO permet de porter le diagnostic avec certitude ou de l’écarter. Pour le lait, l’oeuf, le poisson et l’arachide, le TPO est le plus souvent effectué lorsque les IgEs sont inférieures aux valeurs seuils. Pour les autres aliments, il est indispensable sans lien avec la valeur des IgE. Le TPO sert aussi à déterminer la dose minimale qui provoque les symptômes ou la dose réactogène qui, lorsqu’elle est faible, est généralement associée à des symptômes sévères.

Les autres indications sont :

– la surveillance de l’évolution des AA capables de guérir au cours des premières années de la vie (lait, oeuf) ;

 – le diagnostic des cas douteux (anamnèse imprécise, exploration allergologique équivoque) ;

– le diagnostic d’une sensibilisation à un aliment qui n’a pas encore été introduit dans l’alimentation. Les principales contre-indications sont : un antécédent de choc anaphylactique pour un aliment donné bien identifié (le TPO est récusé dans près de 50 % des AA à l’arachide, 4 à 5 % pour les autres allergies alimentaires), un asthme mal ou non contrôlé, l’absence de consentement éclairé, un état infectieux, un VEMS ou un DEP < 80 % le jour du test(7,8).

Établissement de seuils des IgE

Après que plusieurs auteurs aient étudié la valeur prédictive du diamètre de la papule au cours des prick-tests (pour l’oeuf, le lait et l’arachide), plus d’une dizaine d’études ont établi des valeurs seuils des IgE au-dessus desquelles les TPO ont 95 % de chance d’être positifs(9). Ces valeurs sont disponibles pour les allergènes courants (arachide, lait de vache, oeuf, blé, soja, poisson). Toutefois, ces seuils ont été établis dans les conditions particulières d’exercice de chaque équipe et elles ne sont pas forcément extrapolables à la communauté. Au-dessous de la valeur seuil, le TPO est nécessaire. Toutefois, le dosage des IgE peut être négatif chez environ 20 % des sujets ayant une véritable AA. L’idéal serait que chaque groupe établisse ses principales valeurs seuils(6,9).

Diagnostic moléculaire de l’allergie alimentaire

L’utilisation des allergènes moléculaires est une avancée majeure des dernières années dans le diagnostic de l’allergie, en particulier celui de l’AA(10). Les allergènes qui servent aux prick-tests et au dosage des IgE obtenus à partir de sources allergéniques naturelles, sont des mélanges complexes qui contiennent à la fois des molécules allergéniques et des molécules non allergéniques. La purification et la standardisation des allergènes naturels ont des limites, ce qui explique que la composition des extraits soit difficile à reproduire d’un lot à l’autre.

Les allergènes majeurs (allergènes réagissant avec plus de 50 % des sujets sensibilisés à un allergène) ont été caractérisés et reproduits. Une étape de plus a été franchie par l’obtention d’allergènes de recombinaison (appelés allergènes recombinants). Il est actuellement possible de doser les IgE dirigées contre des allergènes moléculaires naturels ou contre les recombinants par dosage individuel ou par microarray (Immuno CAP© ISAC).

On peut donc étudier le profil de sensibilisation de chaque patient, à la fois par les prick-tests et par le dosage des IgE, ce qui permet de différencier sensibilisation et allergie, d’estimer la sévérité de l’allergie et d’évaluer ses risques de persistance. De plus, au sein de familles botaniques et zoologiques souvent éloignées, on s’est aperçu que des allergènes étaient communs, ce qui permet de redéfinir le diagnostic des réactions croisées.

À titre d’exemple, l’arachide possède 13 allergènes moléculaires disponibles contre lesquels on peut mesurer l’IgE réactivité du sérum. La présence d’IgE contre rAra h1, rAra h2- rAra h3 (protéines de stockage stables à la chaleur et à la digestion) permet de conclure à une AA certaine (le plus souvent avec symptômes sévères). Une IgE réactivité à rAra h9 (protéines PR-10 détruite par la chaleur et la digestion) est associée à un syndrome d’allergie orale, voire à une absence de symptômes (10,in 11). Autre exemple, au cours de l’anaphylaxie induite par l’exercice physique et l’ingestion de blé, le diagnostic est renforcé par la positivité des IgE contre le recombinant de la gliadine rTri a19.

L’indication du dosage des IgE par la biopuce ISAC© relève de l’allergologue, ainsi que l’interprétation des résultats qui nécessite une bonne expertise des données cliniques.

Nouvelles avancées thérapeutiques

Les derniers progrès concernent le traitement. L’éviction était a priori la seule solution, mais plusieurs tentatives ont montré la possibilité d’induire une tolérance alimentaire par des techniques qui s’inspirent de la désensibilisation par voie sublinguale ou orale(12). L’induction de tolérance orale (ITO) est possible pour les allergiques au lait de vache et à l’oeuf de poule qui n’ont pas guéri de leur allergie pendant l’enfance (les AA au lait et à l’oeuf de poule guérissent le plus souvent : 60 à 80 % à 2- 5 ans), ainsi que pour les allergiques à l’arachide et à quelques autres aliments. Actuellement, les techniques varient selon les équipes. Même si les preuves de l’efficacité de l’ITO sont consistantes, des données relevant de la médecine fondée sur les preuves sont attendues.

Pour les patients ayant une AA persistante, l’éviction est la seule solution, associée dans certains cas aux anti-IgE(in 6). L’éducation de l’allergique alimentaire et de sa famille est indispensable pour préciser les points clés que sont le mécanisme de l’allergie, la lecture des étiquetages, le maniement des traitements d’urgence et, en particulier, des dispositifs autoinjecteurs d’adrénaline(13,14).

Contrairement aux conclusions de travaux anciens, la prévention de l’AA ne nécessite pas de manipulations diététiques pendant la grossesse (inutilité ou même effets délétères des régimes pendant la grossesse) ou l’allaitement. En dehors de cas d’espèce, les nourrissons à haut risque allergique (un ou plusieurs antécédents allergiques dans la famille nucléaire) ne doivent faire l’objet d’aucune restriction alimentaire. Actuellement, la diversification alimentaire de l’enfant à risque allergique doit être menée comme celle de l’enfant sans risque allergique, c’est-à-dire débuter vers 4-6 mois

 

Conclusion

L’allergie alimentaire pose un important problème de santé publique.
• Les principaux allergènes sont l’arachide, le lait de vache, l’oeuf de poule. Les allergènes émergents sont le blé, les isolats de blé et de soja, les noix exotiques, le sésame, le sarrasin, etc.
• L’AA peut être préléthale ou léthale, les facteurs de risque d’AA grave étant l’association à un asthme, la prise de médicaments (aspirine, IEC, bêtabloquants, AINS), l’effort et la consommation d’alcool.
• Le diagnostic est basé sur l’interrogatoire (circonstances de survenue), l’enquête alimentaire (repas, décodage des étiquetages), l’exploration allergologique spécialisée (prick-test + dosage des IgE) et, dans certains cas, sur avis allergologique, les TPO en milieu spécialisé. Pour éviter les TPO, on peut se baser sur les valeurs seuils des IgE au-dessus desquelles la probabilité d’avoir un TPO positif est de 95 ou 100 %.
Le dosage des IgE contre certains allergènes recombinants permet de porter le diagnostic avec plus de certitude, de préciser le mécanisme de réactions croisées, parfois d’estimer la gravité de l’AA. L’indication et l’interprétation sont du domaine de l’allergologue.
Si l’AA au lait et à l’oeuf guérissent le plus souvent au cours des premières années de vie, la plupart des autres AA sont fixées. Depuis quelques années, il est possible d’induire une accoutumance ou même une guérison par voie sublinguale ou orale (ITO). Les protocoles, variables selon les équipes, ne sont pas standardisés.
• L’adrénaline IM est le traitement de l’anaphylaxie alimentaire.
• L’éducation de l’enfant atteint d’AA et de sa famille est indispensable (lecture des étiquettes, techniques d’injection d’adrénaline).

Par G. DUTAU, Toulouse

Paru sur Jim.fr le 27/05/2015

Références

1. Rancé F, Dutau G. Allergies alimentaires. L’Expansion Scientifique Française, Paris, 2004, 1 vol. (314 pages).
2. Sampson HA. Peanut anaphylaxis. J Allergy Clin Immunol 1990 ; 86(1) : 1-3.
3. Dutau G et al. L’arachide, allergène d’avenir chez l’enfant. Sem Hôp (Paris) ; 1991 : 67 : 1262-5.
4. Moneret-Vautrin DA, André C. Immunopathologie de l’allergie alimentaire et fausses allergies alimentaires. Masson Ed., Paris, 1983, 1 vol. (266 pages).
5. Rancé F, Grandmottet X, Grandjean H. Prevalence and main characteristics of schoolchildren diagnosed with food allergies in France. Clin Exp Allergy 2005 ; 35(2) : 167-72.
6. Dutau G. Allergies alimentaires : symptômes, éléments du diagnostic et prise en charge. EMC Endocrinologie-Nutrition 2013 [53868]. Doi : 10.1016/S1155- 1941(13)53868-6.
7. Santos C et al. Test de provocation par voie orale chez l’enfant. Quand, pour qui et comment ? Réalisation. Rev Fr Allergol 2006 ; 46(7) : 655-69.
8. Fauquert JL et al. Test de provocation par voie orale chez l’enfant. Quand, pour qui et comment ? Interprétation. Rev Fr Allergol 2006 ; 46(7) : 670-4.
9. Sampson HA. Improving in-vitro tests for the diagnosis of food hypersensitivity. Curr Opin Allergy Clin Immunol 2002 ; 2(3) : 257-61.
10. Mercier V. Apports et limites du diagnostic moléculaire dans la prise en charge des allergies alimentaires. Rev Fr Allergol 2012 ; S2 : s19-s26.
11. Dutau G. Le dictionnaire des principaux allergènes. Phase 5 éd., Paris, 2014 (sous presse).
12. Sabouraud-Leclerc D. L’immunothérapie au cours de l’allergie alimentaire : l’état des lieux en 2013. Rev Fr Allergol 2013 ; 53(1) : 18-29.
13. Bidat E, Dutau G. Erreurs et défaillances dans la prise en charge de l’anaphylaxie chez l’enfant. À propos de trois observations. Rev Fr Allergol 2011 ; 51(7) : 602-6.
14. Rossignol B, Chassais H, Bidat E. Une notice à l’usage du patient bénéficiant d’un stylo d’adrénaline. Eur Ann Allergy Clin Immunol 2004 ; 36(3) : 101-3.

Moins de problèmes de nycturie chez les patients souffrant de SAOS traité par CPAP

La nycturie est un symptôme fréquent au cours du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Elle serait en rapport avec une augmentation  de la sécrétion du facteur natriurétique auriculaire et des pressions intrathoraciques lors des épisodes d’apnées. Son impact sur la qualité de vie (QDV) n’est pas à négliger, car elle oblige le patient à se lever plusieurs fois dans la nuit pour assouvir des besoins pressants. La ventilation en pression positive continue ou CPAP (continuous positive airway pressure) peut-elle atténuer ce symptôme gênant et souvent méconnu qui concernerait près d’un patient sur trois ? C’est à cette question que répond une étude de cohorte prospective dans laquelle ont été initialement inclus 98 malades chez lesquels était soupçonné un SAOS.

Avant l’enregistrement polysomnographique (EPS), les symptômes urinaires et leur retentissement sur la QDV ont été évalués au moyen de divers scores : IPSS-QOL (International Prostate Symptom Score-QOL), OABSS (Overactive Bladder Symptom score) et ICIMMQ-N-QOL (International Consultation on Incontinence Modular Questionnaire-Nocturia QOL). Pendant l’EPS, ont été mesurées la diurèse nocturne, la fréquence des mictions nocturnes et la concentration électrolytique urinaire. Le SAOS a été confirmé chez 92 patients et 63 d’entre eux ont finalement bénéficié d’une CPAP pendant un mois. Les variations des paramètres évoqués ont été enregistrées chez 51 participants qui sont allés jusqu’au terme de l’étude.

La CPAP a eu des effets symptomatiques variables, mais globalement, elle a diminué la fréquence des mictions nocturnes, tout en influant positivement sur la QDV au travers d’une amélioration de l’IPPS-QOL. Un résultat similaire a été obtenu uniquement avec le questionnaire sur les mictions nocturnes, inclus dans l’OABSS, les autres items de ce dernier n’étant pas améliorés. La CPAP n’a eu aucun effet sur les différents items de l’ICIMMQ-N-QOL, mais a permis de diminuer à la fois la diurèse nocturne et la teneur en électrolytes des urines.

En bref, la CPAP réputée pour ses effets bénéfiques dans le SAOS, gagne encore des galons avec cette étude ouverte. Elle contribue à améliorer la QDV en atténuant les symptômes urinaires nocturnes qui concerneraient près d’un patient sur trois. Elle diminue en effet la fréquence des mictions nocturnes en réduisant le volume des urines émis durant la nuit, un plus appréciable dans ce contexte.

D’après Jim.fr, commentaire du Dr Philippe Tellier

Référence
Miyauchi Y et coll. : Effect of the Continuous Positive Airway Pressure on the Nocturnal Urine Volume or Night-time Frequency in Patients With Obstructive Sleep Apnea Syndrome. Urology 2015; 85: 333-6.

Thoracoscopie médicale guidée par échographie en absence d’épanchement pleural.

Marchetti G. et al. Chest  2015  147  4 869871

http://journal.publications.chestnet.org/article.aspx?articleID=1902185

De janvier 2007 à juin 2013, 622 thoracoscopies médicales (TCM) guidées par échographie ont été effectuées sans induire de pneumothorax. Une cohorte de 29 patients souffrant de pathologies pleurales sans épanchement a été revue rétrospectivement. Le 5ème ou 6ème espace intercostal sur la ligne médio axillaire avec un bon « signe de glissement » échographique et un aspect normal de la ligne pleurale ont été choisis comme site d’entrée. La cavité pleurale a été explorée et des biopsies ont été effectuées.

 L’âge moyen des patients a été de 62.8 ans. Il y avait 20 patients de sexe masculin et 9 de sexe féminin. Les adhérences pleurales ont été évitées et un nombre adéquat de biopsies pleurales ont été pratiquées. Aucune lésion du parenchyme pulmonaire, aucun saignement ou hématome n’est survenu. 17 patients avaient une cavité pleurale complétement libre, 4 patients une seule adhérence pleurale et 8 de multiples adhérences pleurales. Dans tous les cas cependant l’exploration endoscopique a été possible et les biopsies ont été adéquates. Le diagnostic pathologique le plus fréquent a été le mésothéliome pleural malin.

 En conclusion, il a été montré que l’échographie thoracique identifie de façon fiable les adhérences intra thoraciques et, dans des mains expérimentées, peut guider l’accès de la TCM et remplacer l’approche par chirurgie thoracique vidéo assistée même en l’absence complète d’un épanchement pleural.

(Commentaire:

C. Krespine.

Diagnostic de la tuberculose pulmonaire en 2015

Quelques chiffres

Les chiffres de la tuberculose sont impressionnants. Selon l’OMS, c’est la seconde maladie due à un agent infectieux unique la plus meurtrière du monde, après le VIH/SIDA. En 2011, 8,7 millions d’individus ont développé la tuberculose, 1,4 millions en sont morts et on comptait environ 10 millions d’orphelins dont les parents étaient décédés de la tuberculose ; la France n’est pas épargnée, quelques 5 000 cas de tuberculose- maladie y étant déclarés chaque année.

Les tuberculoses MDR (Multi Drug Resistant), voire XDR (Extremely Drug Resistant, résistante à l’isoniazide, la rifampicine, au moins une fluoroquinolone et un antituberculeux injectable de seconde ligne) posent de véritables problèmes de santé publique dans plusieurs pays comme la Chine, l’Inde ou la Russie (WHO, 2013). De plus, les traitements en cas de résistance sont longs et extrêmement chers.

La tuberculose, pourtant, n’est pas ce que les anglo- saxons appellent une maladie négligée, « neglected disease« . L’OMS envisage en effet son éradication et des progrès récents très contributifs ont été réalisés, tant sur les plans épidémiologique, que diagnostique ou thérapeutique.

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La technique classique, du direct à l’antibiogramme en milieu solide ou liquide
Le diagnostic « usuel » de la tuberculose comporte obligatoirement les 2 étapes de l’examen direct et de la culture ; l’isolement de la souche permettant son identification et l’étude de sa sensibilité aux anti- tuberculeux. Des contraintes spécifiques sont liées au temps de croissance long du bacille de Koch (BK) et à la nécessité de décontamination des bactéries commensales des prélèvements. En ce qui concerne la tuberculose pulmonaire, il faut disposer de secrétions pulmonaires profondes, spontanées ou non, ou d’un tubage gastrique matinal récupérant les secrétions nocturnes dégluties.

Examen direct
L’examen directpeut faire appel à 2 techniques de coloration différentes : l’historique de Ziehl-Nielsen et l’auramine, plus rapide et de lecture aisée, mais nécessitant un microscope à fluorescence. L’examen direct permet d’évaluer la densité bacillaire du prélèvement, avec un seuil de 104  BAAR/mL, soit une sensibilité évaluée de 65 %. Il ne permet pas de distinguer les espèces du genre Mycobacterium, même si différents aspects peuvent parfois évoquer certaines mycobactéries atypiques.

La culture
La culture des mycobactéries, quinécessite des milieux complexes et adaptés, peut être réalisée en phase solide ou liquide. D’assez nombreux systèmes sont commercialisés, dont des flacons d’hémoculture permettant une détection automatisée plus rapide (gain de 10 à 14 jours en moyenne).

La caractérisation biochimique des espèces du complexe tuberculosis (M. tuberculosis, M. africanum, BCG) a été largement supplantée par les techniques génotypiques et la détection antigénique par immunochromatographie d’Ag particuliers (Ag MPT64), réalisable en 15 minutes à partir d’une culture.

Antibiogramme
L’antibiogramme nécessite l’ensemencement d’une galerie de tubes à 3 dilutions de prélèvement : 10-1, 10-3 et 10-5 (l’examen initial testant 5 anti-tuberculeux) et il est également réalisable en milieu liquide. Enfin, les mutations responsables de certaines résistances aux antibiotiques (exemple caractéristique pour le gène rpoB et la rifampicine) peuvent être identifiées par amplification directement sur les prélèvements respiratoires les plus riches en bacilles (des trousses adéquates sont commercialisées).

Notons que, d’après un arrêté du 16 juillet 2007, publié au Journal Officiel de la République Française, concernant les prélèvements susceptibles de contenir des agents infectieux, les mycobactéries de la tuberculose appartiennent à la classe 3 et ne peuvent être manipulées que dans une zone de confinement de type 3 (NSB3). Toutes les structures, y compris hospitalières, ne peuvent donc faire de diagnostic de tuberculose que sous couvert de disposer des équipements nécessaires… ce qui n’est pas actuellement le cas. D’où la nécessité pour certains hôpitaux d’externaliser ce diagnostic.

Approche moléculaire, de la PCR aux kits rapides
L’amplification et la détection d’une séquence spécifique d’acide nucléique (ADN, ARN r) peuvent être réalisées directement sur prélèvement par différentes techniques (PCR, TMA, LCx…), par kits commercialisés ou « maison ». Aucun test pris isolément n’a une spécificité et une sensibilité suffisantes pour assurer correctement les diagnostics en routine (66 % de sensibilité au mieux en cas d’examen direct négatif). En pratique, l’amplification simple permet d’identifier rapidement un BK s’il existe des bacilles acido-alcoolo résistants (BAAR) au direct, et pourra être mise en œuvre au cas par cas pour les patients à forte suspicion d’infection viscérale avec examen direct négatif (décision de traitement rapide).

Le système Xpert MTB/RIF, automatique et capable d’identifier M. tuberculosis et la résistance à la rifampicine en une étape, a été validé par l’OMS en décembre 2010 pour une utilisation en zone d’endémie tuberculeuse. Le test détecte des séquences d’ADN spécifiques de M. tuberculosis et de la résistance à la rifampicine par PCR, sur une plate- forme d’utilisation simplifiée, dite TAAN (test d’amplification des acides nucléiques). Le système concentre et nettoie les BK directement à partir du prélèvement, isole le matériel génomique bactérien par sonication, amplifie par PCR et identifie les résistances à la rifampicine de l’ARN polymérase bêta (rpoB) en temps réel par des sondes fluorescentes (molecular beacons). Les résultats sont disponibles 90 minutes après le prélèvement, même avec un opérateur peu entraîné. Le test est directement réalisable, au moins en théorie, et sans tenir compte de son coût, au cabinet du praticien. En 2013 (Lancet Infectious Diseases), une nouvelle amélioration a été apportée à l’outil, en validant ses possibilités de détection de M. tuberculosis et de la résistance MDR, non pas sur expectorations (souvent difficiles à obtenir chez l’enfant), mais sur aspiration de lavages gastriques. Ces résultats doivent être confirmés et re-validés dans les pays de faible incidence tuberculeuse (études en cours). Finalement, la technique optimise largement le diagnostic rapide de la tuberculose dans les cas de forte suspicion d’infection à examen microscopique direct négatif (seuil estimé à 100 bactéries par échantillon).

Interféron gamma et immunité cellulaire
Le principe des tests d’exploration de l’immunité cellulaire (2 tests disponibles de méthodologie différente) repose sur le dosage direct ou non de l’interféron gamma (IFG) après activation des lymphocytes spécifiques d’un Ag mycobactérien, prélevés et (re)mis au contact de ce dernier. Les dernières recommandations européennes (ECDC) en soulignent l’intérêt pour le dépistage des tuberculoses latentes et l’aide à la décision d’un traitement préventif, surtout chez les personnes vaccinées par le BCG. Il n’y a cependant pas de valeur ajoutée dans la plupart des situations cliniques. Cet examen peut toutefois être contributif en cas de tuberculose extra pulmonaire, de négativité de l’examen direct et/ou des cultures, chez l’enfant, et pour le diagnostic différentiel des mycobactéries non tuberculeuses. Un test négatif n’exclut ni une tuberculose latente, ni une forme active. Les deux tests sont beaucoup plus spécifiques et reproductibles que l’IDR à la tuberculine.

Le diagnostic sérologique de la tuberculose
Le diagnostic d’une tuberculose maladie par détection des anticorps (Ac) sériques reste, contrairement à ce qui avait été envisagé il y a quelques années, aléatoire et difficile. La réponse Ac n’est pas univoque chez l’homme, d’où de nombreux faux positifs. Elle manque également de spécificité car de nombreux BAAR partagent des déterminants antigéniques communs. On a proposé la détection des Ac anti-protéine A60, complexe antigénique immuno-dominant de M. tuberculosis et du BCG, dont la sensibilité serait équivalente à celle de la bacilloscopie dans les formes pulmonaires (examen non remboursé en France) et qui permettrait un suivi évolutif. L’OMS a récemment lancé un appel à ne plus utiliser des tests sérologiques pour le diagnostic de la tuberculose.

Pour conclure
Il a été souligné, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose du 24 mars 2013, que la mortalité de la tuberculose avait nettement diminué ces dernières années et que les techniques de diagnostic rapide avaient une place primordiale dans les nouvelles stratégies de contrôle de l’infection. Ces données encourageantes ne doivent pas faire oublier que la tuberculose reste un lourd fardeau pour les pays à faibles revenus et que le risque d’épidémies de tuberculose MDR, voire XDR, n’est pas écarté.

A une intense période de développement de nouveaux outils, devrait maintenant succéder leur mise à disposition rapide à ceux qui en ont le plus besoin.

Dr Jack Breuil (Chef de service du laboratoire de microbiologie, Villeneuve Saint-Georges)

Le mésothéliome pleural malin

Le mésothéliome pleural malin est un cancer rare atteignant la plèvre. Cependant, ses implications médico-légales notamment dans le cadre de l’exposition professionnelle à l’amiante en font une pathologie qu’il est intéressant de connaître.
1.  Epidémiologie

Cancer rare, 70% des cas surviennent chez les hommes

7% de survie à 5 ans

Histologie : épithélial, sarcomateux et mixte

2. Facteurs de risque

Amiante

Autres fibres minérales : érionite, fluoro-édénite

Exposition radique

3. Diagnostic

Recherche de facteurs de risque : exposition à l’amiante

Recherche d’un tabagisme

Signes généraux : altération de l’état général

Signes d’atteinte pleurale : douleur thoracique, toux, dyspnée

Bilan paraclinique :

– Radiographie thoracique : épaississement pleural, épanchement pleural

– TDM thoracique avec injection : épaississement pleural circonférentiel, rétraction de l’hémithorax, épanchement pleural

Confirmation diagnostique :

– Biopsies sous thoracoscopie

– Double lecture des lames par des pathologistes experts du centre de référence MESOPATH

Bilan d’extension  :

– TDM TAP

– Bilan des comorbidités cardio-vasculaires et respiratoires et bilan nutritionnel

4. Principes de prise en charge

Réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) en centre spécialisé MESOCLIN

Annonce diagnostique et remise d’un programme personnalisé de soins

Chirurgie :

– Pour les rares formes localisées diagnostiquées précocement

– Pleuro-pneumectomie élargie

Chimiothérapie : à base de pemetrexed et de sels de platine

Mesures administratives :

– Déclaration en ALD

– Déclaration en maladie professionnelle le cas échéant

– Maladie à déclaration obligatoire

– Indemnisation possible par le Fond d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante (FIVA)

Soins palliatifs :

– Prise en charge multidisciplinaire centrée autour du patient

– Doivent être discutés dès l’annonce diagnostique avec le patient

– Possibilité de poursuivre des traitements carcinologiques

– Désignation d’une personne de confiance et rédaction de directives anticipées

Surveillance  :

– Effets secondaires liés aux traitements

– Effets secondaires liés à l’exposition à l’amiante : fibrose pulmonaire, asbestose, plaques pleurales

Le mésothéliome pleural est un cancer de la plèvre rare. L’exposition à l’amiante, même plusieurs décennies avant doit être recherchée. En effet, cette dernière peut donner droit à certains fonds d’indemnisation spécifique. Le diagnostic se fait rarement à un stade localisé ce qui entraine des possibilités de traitement curatif limitée.

Jim.fr (Cours)

Allergie à l’arachide : une éviction difficile

L’allergie à l’arachide terrifie les patients mais aussi parfois leur médecin en raison d’un risque de réaction anaphylactique potentiellement mortelle. Des traitements prometteurs sont en cours de validation mais l’éviction, associée à la rédaction d’un plan écrit d’urgence, reste pour l’instant la mesure centrale de la prise en charge de cette allergie alimentaire.

L’éviction de l’allergène n’est toutefois pas une mince affaire : les courses d’ un allergique à l’arachide ou aux noix d’arbre prennent environ 40 % plus de temps et coutent 11 % plus chères ! L’évaluation de la sévérité de l’allergie alimentaire permettrait de guider le régime d’éviction. Cependant, certaines réaction sévères surviennent chez des patients n’ayant eu précédemment que des réactions considérées comme légères…

L’asthme (même bien contrôlé) reste un facteur de risque de réaction sévère. Mais si la moitié des patients allergiques à l’arachide sont asthmatiques, la plupart n’auront jamais de réaction mortelle…

La plupart des réactions fatales surviennent en dehors du domicile avec des aliments non emballés (restaurants…).

Des précautions toutes particulières doivent être recommandée dans ces circonstances, tout particulièrement en cas de voyage à l’étranger ou de séjour loin d’un centre de soin.

La réactivité du patient à une faible quantité d’allergène a longtemps été considérée comme un facteur de risque de réaction sévère mais cette hypothèse est actuellement remise en question.

La quantité de protéine présente dans l’huile d’arachide industrielle étant négligeable, il ne faut pas éliminer cette huile. Les huiles artisanales non raffinées pressées à froid à partir d’arachide ou de noix d’arbres sont par contre à éviter.

L’éviction de toutes les noix d’arbres en cas d’allergie à l’arachide a souvent été recommandée en complément de l’éviction de l’arachide. Certains patients peuvent cependant continuer à manger les noix qu’ils tolèrent à condition d’être certain de leur non contamination par un autre allergène.

Faut-il éliminer tous les aliments contenant la mention « peut contenir des traces d’arachide ? » Plusieurs études ont souligné certains aliments susceptibles de contenir des contaminants : pâtes à tartiner au chocolat, biscuits, barre de céréales ou de fruits secs, mélange de noix, gâteaux, bonbons, crèmes glacées, pains aux graines.

Ces aliments devraient être évités par les allergiques à l’arachide ou aux noix.

Il faut souligner que la législation européenne a prévu en décembre 2014 l’obligation d’étiquetage des allergènes alimentaires pour les produits non emballés….

D’après Jim.fr , commentaire duDr Geneviève Démonet

Référence
Brough HA et coll. Dietary management of peanut and tree nut allergy: what exactly should patients avoid ? Clin Exp Allergy, 2015; 45: 859-871.

Allergie à l’arachide : une éviction difficile

L’allergie à l’arachide terrifie les patients mais aussi parfois leur médecin en raison d’un risque de réaction anaphylactique potentiellement mortelle. Des traitements prometteurs sont en cours de validation mais l’éviction, associée à la rédaction d’un plan écrit d’urgence, reste pour l’instant la mesure centrale de la prise en charge de cette allergie alimentaire.

L’éviction de l’allergène n’est toutefois pas une mince affaire : les courses d’ un allergique à l’arachide ou aux noix d’arbre prennent environ 40 % plus de temps et coutent 11 % plus chères ! L’évaluation de la sévérité de l’allergie alimentaire permettrait de guider le régime d’éviction. Cependant, certaines réaction sévères surviennent chez des patients n’ayant eu précédemment que des réactions considérées comme légères…

L’asthme (même bien contrôlé) reste un facteur de risque de réaction sévère. Mais si la moitié des patients allergiques à l’arachide sont asthmatiques, la plupart n’auront jamais de réaction mortelle…

La plupart des réactions fatales surviennent en dehors du domicile avec des aliments non emballés (restaurants…).

Des précautions toutes particulières doivent être recommandée dans ces circonstances, tout particulièrement en cas de voyage à l’étranger ou de séjour loin d’un centre de soin.

La réactivité du patient à une faible quantité d’allergène a longtemps été considérée comme un facteur de risque de réaction sévère mais cette hypothèse est actuellement remise en question.

La quantité de protéine présente dans l’huile d’arachide industrielle étant négligeable, il ne faut pas éliminer cette huile. Les huiles artisanales non raffinées pressées à froid à partir d’arachide ou de noix d’arbres sont par contre à éviter.

L’éviction de toutes les noix d’arbres en cas d’allergie à l’arachide a souvent été recommandée en complément de l’éviction de l’arachide. Certains patients peuvent cependant continuer à manger les noix qu’ils tolèrent à condition d’être certain de leur non contamination par un autre allergène.

Faut-il éliminer tous les aliments contenant la mention « peut contenir des traces d’arachide ? » Plusieurs études ont souligné certains aliments susceptibles de contenir des contaminants : pâtes à tartiner au chocolat, biscuits, barre de céréales ou de fruits secs, mélange de noix, gâteaux, bonbons, crèmes glacées, pains aux graines.

Ces aliments devraient être évités par les allergiques à l’arachide ou aux noix.

Il faut souligner que la législation européenne a prévu en décembre 2014 l’obligation d’étiquetage des allergènes alimentaires pour les produits non emballés….

D’après Jim.fr, commentaire du Dr Geneviève Démonet

Référence
Brough HA et coll. Dietary management of peanut and tree nut allergy: what exactly should patients avoid ? Clin Exp Allergy, 2015; 45: 859-871.

Infections respiratoires de l’enfant : qu’y a-t-il à la radio ?

Les pneumonies communautaires sont fréquentes chez l’enfant particulièrement avant 5 ans. Par définition, elles résultent d’une inflammation des alvéoles due à un agent infectieux acquis dans l’environnement. Le comblement alvéolaire par un épanchement aboutit à des images radiologiques d’infiltrat, plus rarement de pleurésie. Cependant, la pratique d’une radio pulmonaire (RP) n’est pas recommandée en routine, en raison notamment des variations d’interprétation intra et inter-observateurs. De surcroît, la correspondance entre une infection donnée et sa traduction radiologique n’est pas toujours établie.

Des pédiatres de Bahia (Brésil) ont confronté, de façon prospective, chez les enfants de moins de 5 ans souffrant de fièvre et symptômes respiratoires, les données de la RP et des recherches microbiologiques. Les radios aux urgences hospitalières étaient interprétées par le pédiatre de garde comme un infiltrat ou un épanchement pleural. Elles ont été revues par un radiologiste expérimenté, ne connaissant pas les données cliniques et décrites soit comme normales soit confirmant la pneumonie ou montrant d’autres images comme atélectasie, abcès, épaississement péri-bronchique. Les données bactériologiques résultaient de l’hémoculture, de la PCR, du dosage des anticorps spécifiques sur 2 prélèvements ; 8 infections bactériennes ont été recherchées dont à S pneumoniae, H influenzae, M catarrhalis, S aureus et les germes atypiques. Onze infections virales ont été détectées sur prélèvement naso-pharyngé. Les résultats microbiologiques ont été confrontés aux interprétations radiologiques.

Le groupe étudié comprenait 209 cas avec une RP et une recherche microbiologique positive permettant d’établir une étiologie probable. Une pneumonie a été confirmée par la radio dans 165 cas (79v%). Les RP ont été considérées comme normales dans 36 cas (17,2v%) et un diagnostic radiologique différent a été porté pour 8 patients (3,8v%). Les infections virales étaient significativement plus communes parmi les patients sans infiltrat (68,2v%), en comparaison de ceux avec une image évocatrice de pneumonie (47,9v% P = 0,02). En cas de RP normale, 66,7 % avaient une infection virale contre 47,9 % (P = 0,04) des pneumonies radiologiques. Les infections bactériennes étaient plus fréquentes en cas de pneumonie radiologique : 52,1 % vs 31,8 % (P = 0,02) et une infection à pneumocoque était plus fréquemment en cause pour les enfants avec une pneumonie radiologiquement confirmée, en comparaison des enfants qui avaient une RP normale : 24,2 % vs 8,3 % (P = 0,04). En cas de pneumonie radiologique, la sensibilité pour la détection d’une infection à pneumocoque était de 93 % (intervalle de confiance à 95 % : 80-98 %) et la valeur prédictive négative d’une RP normale de 92 % (IC 77-98 %)

En conclusion, une infection bactérienne particulièrement à pneumocoque se traduit habituellement par une radio anormale. A l’inverse, une radio normale est le plus souvent le fait d’une infection virale mais ce schéma souffre d’exceptions.

D’après Jim.fr , commentaire du Pr Jean-Jacques Baudon

Référence :                                                                                                                                                                                                                                                                                 Nascimento-Carvalho CM et coll. : Association between bacterial infection and radiologically confirmed pneumonia among children. Pediatr Infect Dis J., 2015;34: 490-493

Infections respiratoires de l’enfant : qu’y a-t-il à la radio ?

Les pneumonies communautaires sont fréquentes chez l’enfant particulièrement avant 5 ans. Par définition, elles résultent d’une inflammation des alvéoles due à un agent infectieux acquis dans l’environnement. Le comblement alvéolaire par un épanchement aboutit à des images radiologiques d’infiltrat, plus rarement de pleurésie. Cependant, la pratique d’une radio pulmonaire (RP) n’est pas recommandée en routine, en raison notamment des variations d’interprétation intra et inter-observateurs. De surcroît, la correspondance entre une infection donnée et sa traduction radiologique n’est pas toujours établie.

Des pédiatres de Bahia (Brésil) ont confronté, de façon prospective, chez les enfants de moins de 5 ans souffrant de fièvre et symptômes respiratoires, les données de la RP et des recherches microbiologiques. Les radios aux urgences hospitalières étaient interprétées par le pédiatre de garde comme un infiltrat ou un épanchement pleural. Elles ont été revues par un radiologiste expérimenté, ne connaissant pas les données cliniques et décrites soit comme normales soit confirmant la pneumonie ou montrant d’autres images comme atélectasie, abcès, épaississement péri-bronchique. Les données bactériologiques résultaient de l’hémoculture, de la PCR, du dosage des anticorps spécifiques sur 2 prélèvements ; 8 infections bactériennes ont été recherchées dont à S pneumoniae, H influenzae, M catarrhalis, S aureus et les germes atypiques. Onze infections virales ont été détectées sur prélèvement naso-pharyngé. Les résultats microbiologiques ont été confrontés aux interprétations radiologiques.

Le groupe étudié comprenait 209 cas avec une RP et une recherche microbiologique positive permettant d’établir une étiologie probable. Une pneumonie a été confirmée par la radio dans 165 cas (79v%). Les RP ont été considérées comme normales dans 36 cas (17,2v%) et un diagnostic radiologique différent a été porté pour 8 patients (3,8v%). Les infections virales étaient significativement plus communes parmi les patients sans infiltrat (68,2v%), en comparaison de ceux avec une image évocatrice de pneumonie (47,9v% P = 0,02). En cas de RP normale, 66,7 % avaient une infection virale contre 47,9 % (P = 0,04) des pneumonies radiologiques. Les infections bactériennes étaient plus fréquentes en cas de pneumonie radiologique : 52,1 % vs 31,8 % (P = 0,02) et une infection à pneumocoque était plus fréquemment en cause pour les enfants avec une pneumonie radiologiquement confirmée, en comparaison des enfants qui avaient une RP normale : 24,2 % vs 8,3 % (P = 0,04). En cas de pneumonie radiologique, la sensibilité pour la détection d’une infection à pneumocoque était de 93 % (intervalle de confiance à 95 % : 80-98 %) et la valeur prédictive négative d’une RP normale de 92 % (IC 77-98 %)

En conclusion, une infection bactérienne particulièrement à pneumocoque se traduit habituellement par une radio anormale. A l’inverse, une radio normale est le plus souvent le fait d’une infection virale mais ce schéma souffre d’exceptions.

D’après Jim.fr , commentaire du Pr Jean-Jacques Baudon

Référence :                                                                                                                                                                                                                                                                                 Nascimento-Carvalho CM et coll. : Association between bacterial infection and radiologically confirmed pneumonia among children. Pediatr Infect Dis J., 2015;34: 490-493