Le traitement de référence actuel du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) consiste en l’application d’une pression positive continue. Cependant, la tolérance et l’adhésion des patients à un appareillage nocturne peuvent être médiocres. L’exploration de nouvelles voies thérapeutiques dans ce domaine est donc nécessaire.
La physiopathologie de l’apnée fait intervenir le collapsus des parties molles pharyngées, due à la diminution du tonus des muscles dilatateurs du pharynx au cours du sommeil. La stimulation unilatérale du nerf hypoglosse, en restaurant le tonus du muscle génioglosse, a montré des résultats prometteurs au cours d’études préliminaires. La technologie actuelle permet de synchroniser cette stimulation avec les efforts inspiratoires. Une publication (1) rend compte des avancées de cette technique avec une étude ouverte multicentrique prospective suivie d’une randomisation dans un groupe de sujets répondeurs.
Le premier temps de l’étude a concerné 126 participants, dont 83 % sujets masculins d’âge moyen 54,5 ans. Le diagnostic de SAOS a été établi par polysomnographie et les patients ont refusé ou supportent mal le traitement par pression positive continue nocturne.
La mise en place chirurgicale du dispositif de stimulation s’est déroulée avec succès pour tous les participants. L’électrode de stimulation était insérée sur le nerf hypoglosse, la sonde de détection des efforts ventilatoires était placée entre les muscles intercostaux internes et externes du quatrième espace intercostal et le neurostimulateur, implanté dans la région médioclaviculaire homolatérale (figure 1). Deux participants ont eu un effet indésirable grave lié au dispositif, nécessitant un repositionnement et une fixation du neurostimulateur.
Sous traitement, le score d’apnées médian à 12 mois a été réduit de 68 %, passant de 29,3 événements par heure à 9,0 événements par heure (p<0,001). L’index des désaturations a également diminué de 70 %, de 25,4 événements par heure à 7,4 événements par heure (p <0,001).
Cliniquement, les indicateurs de somnolence (score d’Epworth) et de qualité de vie se sont significativement améliorés.
Durant la seconde phase de l’étude, randomisée, 23 participants bénéficient du maintien de la stimulation de l’hypoglosse et ont un index d’apnées stable. Les 23 patients chez lesquels le stimulateur a été retiré ont une augmentation significative de leur index d’apnées, passant de 7,6 à 25,8 événements par heure (p < 0,001).
Ainsi, la stimulation des voies aériennes supérieures permet une amélioration significative du SAOS, comme en témoignent la diminution du nombre d’apnées et de désaturations et l’amélioration de la somnolence diurne.
Plusieurs points sont soulignés dans l’éditorial accompagnant cette publication (2). Tout d’abord, la population étudiée a été soigneusement sélectionnée, et seule une minorité de patients dépistés ont été choisis pour l’implantation. D’autre part, l’index d’apnées résiduel à 12 mois de la mise en route de la stimulation reste un peu élevé, à 9,0/h, laissant penser que toutes les apnées ne sont pas éliminées par ce traitement.Et enfin, il s’agit d’une étude ouverte, prospective, sans groupe contrôle concomitant. Malgré ces réserves, ces travaux permettent d’envisager une nouvelle option thérapeutique dans le syndrome des apnées obstructives du sommeil.

Références
Jim.fr par le Dr Béatrice Jourdain
1) Strollo P et coll. : Upper-Airway Stimulation for Obstructive Sleep Apnea. N Engl J Med., 2014; 370: 139-49
2) Malhotra A :Hypoglossal-Nerve Stimulation for Obstructive Sleep Apnea. N Engl J Med., 2014; 370: 170-71