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Il s’ adresse aussi à tous les résidents de pneumologie en Algérie , ainsi qu’à tout service désireux d’entrer en contact avec nous pour un échange d’informations fructueuses et durables.
Progressivement, ce site vous permettra de mieux connaître nos activités pédagogiques et de soins à travers des pages informatives régulièrement mises à jour.
Vous y trouverez les grands événements qui marquent l’année universitaire de pneumologie, le programme officiel des cours, le calendrier des examens, le programme de résidanat de notre spécialité, les résultats des examens, les journées nationales ou internationales de pneumologie , etc.
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L’asthme est un problème de santé publique majeur. Il est associé à un excès de morbidité et de mortalité, à des coûts économiques élevés et à une moindre productivité. En 2020, le Programme National d’Éducation et de Prévention de l’Asthme a actualisé ses précédentes recommandations datant de 2014. Six thèmes principaux ont été abordés : l’utilisation intermittente de corticostéroïdes par inhalation (ICS), l’apport des antagonistes muscariniques de longue durée d’action (LAMA), l’intérêt de la mesure de la fraction exhalée d’oxyde nitrique (FeNO), la réduction des antigènes domestiques, la place de l’immunothérapie sous cutanée (SCIT) ou sublinguale (SLIT) et, en dernier lieu, celle de la thermoplastie bronchique. Dans ce but, il a été procédé à un examen exhaustif de la littérature médicale jusqu’en Octobre 2018 ; un comité de 19 experts de diverses origines a été constitué et des recommandations émises selon la méthodologie GRADE. Sur 20 572 références identifiées, 475 ont été retenues et incluses dans 6 revues systématiques pour chacun des thèmes abordés.
Des corticoïdes inhalés aux LAMAs
Le premier point a concerné les ICS inhalés. Chez les malades de plus de 12 ans, souffrant d’asthme persistant, le panel d’experts est en faveur d’un traitement par faibles doses quotidiennes d’ICS. Il est possible d’y adjoindre, si nécessaire, un β2 agoniste de courte durée d’action (SABA) s’il faut une amélioration rapide ou de recourir à une combinaison ICS-SABA (recommandation conditionnelle, niveau de preuves modéré). Dans l’éventualité d’un asthme modéré mais persistant, avec majoration de la symptomatologie et/ou diminution du peak-flow, malgré une bonne adhésion au traitement, il n’est pas prescrit d’augmenter les posologies d’ICS (recommandation conditionnelle, niveau de preuves faible). En cas d’asthme modéré à sévère, et pour un âge de plus de 4 ans, le recours au formotérol, en inhalation unique quotidienne ou en combinaison avec un ICS est alors envisageable (recommandation forte, haut niveau de preuves chez les patients de plus de 12 ans), comparativement à l’utilisation de doses plus fortes d’ICS quotidiennes ou de la combinaison ICS-β2 agoniste à longue durée d’action (LABA). Point deux, chez les asthmatiques de plus de 12 ans, souffrant d’un asthme permanent mal contrôlé, les experts ne sont pas favorables à l’ajout d’un antagoniste muscarinique à longue durée d’action (LAMA) au traitement de base par ICS, en comparaison avec la combinaison ICS-LABA. Cependant, en présence d’un asthme sévère et quand l’utilisation d’un LABA s’avère impossible, le panel se prononce en faveur de l’ajout d’un LAMA dans le cadre d’un traitement de fond (recommandation conditionnelle, niveau de preuve modéré). Il rappelle, à ce propos, que les LAMA sont contre indiqués en cas de glaucome ou de rétention urinaire.
Place de la mesure du NO exhalé
En ce qui concerne la mesure de la fraction exhalée d’oxyde nitrique (FeNO), chez les sujets de plus de 5 ans, chez qui le diagnostic d’asthme reste difficile à poser malgré les données cliniques, l’allure évolutive, la spirométrie, réponse aux bronchodilatateurs comprise, il est possible, sous condition, de recourir au dosage du FeNO, en tant que procédé complémentaire d’évaluation de la maladie asthmatique (recommandation conditionnelle, niveau de preuve modéré). Cette technique peut être généralement mise en œuvre aisément, n’a aucun effet adverse mais a un certain coût. Dans l’hypothèse d’un asthme allergique persistant, des mesures itératives de FeNO peuvent aider utilement au suivi de l’asthme et aux ajustements thérapeutiques (recommandation conditionnelle, bas niveau de preuve). A contrario, le panel d’experts se prononce contre la simple mesure du FeNO pour apprécier le contrôle de la maladie asthmatique et prédire sa sévérité ou les exacerbations possibles. Cette méthode ne peut que s’intégrer parmi les autres éléments de surveillance et d’adaptation (recommandation forte, niveau de preuves faible), d’autant qu’il faut savoir que plusieurs paramètres peuvent interférer avec ses résultats : corticothérapie, obésité, tabagisme…
Réduction de l’exposition aux allergènes et
immunothérapie sous cutanée
Les stratégies de réduction des allergènes peuvent aussi trouver leur place dans la prise en charge de l’asthme. Mais, en l’absence de sensibilisation spécifique à un composant allergénique domestique ou en l’absence de symptômes nets à un antigène donné, il n’est pas recommandé de recourir à une méthode de réduction allergénique, en sus des traitements de base (recommandation conditionnelle, bas niveau de preuves). A contrario, en cas d’allergène bien identifié à l’intérieur de l’habitation, une intervention de réduction des allergènes, à multi composants, peut être utile (recommandation là encore conditionnelle avec un bas niveau de preuves). Dans l’hypothèse d’une sensibilisation ou de symptômes liés à des espèces nuisibles (cafards, rongeurs …), les experts sont favorables, sous conditions, à la prise de mesures particulières. Dans le cas d’une exposition aux acariens, là encore, sous conditions strictes, il est possible d’utiliser des oreillers et protège-matelas imperméables en sus des mesures générales. Enfin, en cas de moisissures, on peut s’aider de purificateurs et de filtres à particules à haute énergie. Autre point abordé, celui de l’immunothérapie. Devant un asthme allergique modéré à sévère, et au-delà de l’âge de 5 ans, le groupe d’experts est en faveur, sous conditions, au recours à une immunothérapie sous cutanée (SCIT). Cette méthode doit s’intégrer comme traitement adjuvant de la pharmacothérapie de base, dans le cas d’un asthme aggravé par une exposition aiguë saisonnière (recommandation conditionnelle, niveau de preuves modéré). La décision d’utiliser une SCIT doit être prise par un médecin spécialiste et en accord avec le patient. Ce dernier doit avoir sa maladie sous contrôle, tant au début que lors des périodes d’intensification ou de maintenance (recommandation conditionnelle, niveau de preuves modéré). Les sujets souffrant d’un asthme sévère persistant ne sont pas de bons candidats, de par le risque d’effets secondaires graves possibles. La SCIT doit, impérativement, être pratiquée sous surveillance médicale, en aucun cas à domicile et il est impératif de disposer très rapidement, si besoin, d’adrénaline injectable. Quant à l’immunothérapie sublinguale (SLTI), le panel est contre son utilisation dans la maladie asthmatique (recommandation conditionnelle, niveau de preuve modéré).
Peser le bénéfice risque de la thermoplastie
bronchique
Dernier point traité, le recours à la thermoplastie bronchique, par radiofréquence afin de réduire le tissu musculaire lisse, n’est pas, en règle générale, recommandé (recommandation conditionnelle, niveau de preuves bas). Toutefois, dans les cas où l’on estime que le risque d’effets secondaires graves (aggravation dans les suites immédiates, conséquences à long terme mal connues…) pèse moins que les bénéfices espérés avec réduction des exacerbations et amélioration de la qualité de vie, cette technique peut, éventuellement, être proposée. Quelques réserves doivent être émises concernant cette mise au point 2020 des recommandations en matière d’éducation et de prévention de l’asthme. La recherche bibliographique s’est arrêtée en Octobre 2018. Nombre de recommandations étaient déjà présentes dans la revue précédente. L’état des participants, et notamment leur statut allergique, n’a pas toujours été bien précisé dans les essais retenus qui ont pu être aussi de taille réduite et fournir peu de précisions sur le rapport bénéfice/risque des diverses interventions thérapeutiques. Enfin, seuls 6 points particuliers de la prise en charge de la maladie asthmatique ont été abordées. En conclusion l’asthme est une affection fréquente qui génère des coûts humains et globaux considérables. Divers aspects de la prise en charge sont possibles et les recommandations 2020 du programme national d’ éducation et de prévention, décrites supra, peuvent aider à l’amélioration de la santé des asthmatiques.
Article paru sur Jim.fr le 06 Janv. 2021 Auteur de l’article :Dr Pierre Margent
Référence
Cloutier M et coll. : Managing Asthma in Adolescents and Adults. 2020 Asthma Guideline Update from the National Asthma Education and Prevention Program. JAMA, 2020 ; publication avancée en ligne le 3 décembre. doc 10- 1001. doi:10.1001/jama.2020.21974
La
majeure partie des patients hospitalisés pour Covid-19 présenterait
encore des symptômes six mois après le début de la maladie. C’est ce que
suggère une étude publiée aujourd’hui dans le Lancet.
Alors qu’un an après l’émergence du SARS-CoV-2, les conséquences à
long terme du Covid-19 apparaissent encore méconnues, des chercheurs
chinois se sont proposé de décrire l’état de santé de patients plusieurs
mois après leur sortie de l’hôpital.
Ces auteurs de l’étude ont recruté plus de 1 700 patients
diagnostiqués positifs au Covid-19 à Wuhan entre janvier et mai 2020.
Ces sujets ont été suivis pendant environ 6 mois (durée médiane de 186
jours de suivi), soit jusqu’à l’été. Tous ont bénéficié de consultations
et répondu à des questionnaires permettant d’évaluer leurs symptômes et
leur qualité de vie ainsi que de tests biologiques et d’une épreuve
d’effort (test de marche de 6 minutes) visant à estimer leur niveau
d’endurance. Environ 400 patients ont par ailleurs vu leur fonction
pulmonaire explorée de façon plus approfondie, et une centaine de
volontaires dont les taux d’anticorps avaient été mesurés lors de leur
hospitalisation ont été à nouveau prélevés.
Résultat : plus de 1 250 participants, soit environ 75 % des patients
recrutés présentaient encore au moins un symptôme six mois après avoir
contracté le Covid-19.
Fatigue et faiblesse musculaire, les symptômes les plus fréquents
La majorité (plus de 60 % d’entre eux) a rapporté de la fatigue ou
une faiblesse musculaire. Mais d’autres affections ont également été
fréquemment rapportées à l’instar de troubles du sommeil (qui
concernaient plus de 25 % des patients), et d’une symptomatologie
d’ordre psychiatrique — anxieuse ou dépressive (détectée chez 367
volontaires, soit 23 % des sujets recrutés).
Plus inquiétant : le Covid-19 pourrait engendrer des conséquences rénales d’apparition tardive. « Les
tests biologiques ont révélé que 13 % des patients dont la fonction
rénale apparaissait normale au cours de leur hospitalisation
présentaient une fonction rénale réduite lors du suivi », résume le Lancet.
En outre, les patients hospitalisés pour des formes particulièrement
graves de Covid-19 présentaient une bien moins bonne fonction pulmonaire
que les autres. Ces patients ont en effet parcouru une moins longue
distance que les autres durant les 6 minutes du test de marche. De même,
parmi les sujets ayant bénéficié de tests plus approfondis de la
fonction pulmonaire, près de 60 % de ceux qui avaient été intubés
présentaient des anomalies de la diffusion. Seuls 4 % des patients
recrutés ayant été admis en réanimation au printemps, des études
complémentaires sont toutefois requises pour confirmer ces résultats.
En attendant, ce travail « souligne un besoin de soins post-hospitalisation, en particulier pour ceux ayant souffert d’une infection sévère », a indiqué au Lancet Bin Cao, professeur de pneumologie au China-Japan Friendship Hospital qui a pris part à l’étude.
Des anticorps spécifiques à courte durée de vie ?
À l’heure du lancement des campagnes de vaccination anti-Covid-19,
l’étude pose également à nouveau la question de l’immunité, en
particulier de la durée de la protection conférée par les anticorps
spécifiquement dirigés contre le SARS-CoV-2.
Le taux d’anticorps des 94 participants ayant réalisé une sérologie lors de leur hospitalisation s’est avéré diminué en 6 mois. Plus précisément, entre le début de la maladie et leur participation à l’étude, les volontaires ont vu leur taux d’anticorps neutralisants se réduire de moitié, rapportent les auteurs. Ces résultats doivent toutefois être eux aussi confirmés et expliqués par des études de plus grande ampleur.
Commentaire de Irene Lacamp, le généraliste.fr du 09 Janv. 2021
Une fois n’est pas coutume, la particularité de la dernière pandémie due au Sras-CoV-2 a tenu en haleine les laboratoires de recherche du monde entier afin d’essayer de développer des vaccins en un temps record. Cela se justifiait par la rapidité d’extension des contaminations jamais connue auparavant avec d’autres zoonoses. Ainsi juste après le déclenchement de cette redoutable épidémie mondiale, à partir d’un marché de poissons de la ville de wuhan , mégapole chinoise de près de 12 millions d’âmes, un engouement sans précédent s’est emparé de nombreux Big pharma à travers le monde pour s’aligner précocement sur leur starting-block pour une course contre la montre. L’espoir pour chacun d’eux de développer le vaccin miracle, à même de pouvoir mettre un terme à ce fléau. Quatre principales voies de recherche ont émergées, avec des démarches innovantes pour certaines, académiques pour d’autres avec pour même perspective : Celle de mettre fin à cette pandémie.
Rapidité d’extension des différentes épidémies au 59 ème jours
Si la fin de l’année 2019 fut l’année de découverte de la Covid-19, la fin de l’année 2020, quand a elle, fut marquée par le début des premières vaccinations. Un temps record pour mettre à jour un vaccin et tenter de contrer ce nouveau fléau de notre décennie. Pour de multiples raisons certains vaccins se trouvent plus médiatisés que d’autres. Cependant Jusqu’ici, deux d’entre eux, produits américains, ont focalisé l’attention (Pfizer/BioNtech et Moderna), vaccins validés non, pas encore, par l’OMS mais ayant bénéficié de la bénédiction d’une revue scientifique leader « The Lancet » et de celle des gouvernements américain et canadien.
Une dizaine d’autres, en dernière phase d’essai clinique (Oxford/ AstraZeneca, Pasteur, Janssen, Sputnik V, Sinovac …) pour certains déjà prescrits dans la population du pays inventeurs ( Cas de la Russie et de la chine ), pourraient être approuvés au cours de l’année à venir. Ces vaccins ont tous le même objectif : présenter au système immunitaire un antigène contre lequel il doit apprendre à se défendre. Généralement, il s’agit de la protéine Spike (S) du coronavirus, celle qui lui donne sa forme de couronne d’épines et lui sert à infecter les cellules.
A ce jour , pas moins de quatre stratégies vaccinales différentes sont utilisées : vaccins à ARNm, vecteur viral, coronavirus inactivé ou atténué et les protéines .
Pour aboutir, toutes doivent franchir trois obstacles : en essai de phase 1, prouver leur non-toxicité et trouver le bon dosage; en phase 2, montrer leur capacité à induire une réponse immunitaire protectrice suffisante (immunogénicité); en phase 3, démontrer leur efficacité sur des groupes de plus de 10.000 personnes. Environ 300.000 volontaires ont ainsi intégré des essais dans le monde, sans effet secondaire grave confirmé. Néanmoins, tout au long des campagnes de vaccination, de nouveaux essais cliniques seront lancés sur différents vaccins, au fur et à mesure qu’ils obtiendront leur autorisation. Un effort de pharmacovigilance sera fait dans différents pays ayant entamé cette vaccination . Exemple de la France avec la plate-forme Covireivac, coordonnée par l’Inserm, sur laquelle se sont inscrites plus de 40.000 personnes pour participer aux essais cliniques nationaux qui compléteront les données fournies par les laboratoires pharmaceutiques. Déjà trois essais doivent débuter d’ici à début janvier avec les vaccins ARNm de Moderna, et à vecteur viral de Oxford/AstraZeneca et Janssen.
) Les vaccins à ARN messager – Pour la première fois dans l’histoire de la vaccination, l’antigène inoculé n’est pas une protéine virale ou un virus atténué, mais des brins d’acide ribonucléique « messagers » (ARNm) qui codent génétiquement cette protéine.
Les brins ARNm sont encapsulés dans des nanoparticules de lipide (graisse) qui facilitent leur entrée dans les cellules situées à proximité de l’endroit où le vaccin est injecté. Objectif : « forcer » la machinerie cellulaire à fabriquer la protéine virale contre laquelle l’organisme devra apprendre à se défendre.
Une quasi-thérapie génique, à ceci près que l’ARN messager vaccinal n’interagit pas avec le génome dans le noyau des cellules et se dégrade rapidement. L’avantage de ces vaccins est qu’ils sont beaucoup plus rapides à développer et à produire que les vaccins « classiques » qui nécessitent un temps de culture cellulaire pour la plupart. En revanche, leur conservation et acheminement sur les sites de vaccination sont délicats en raison de l’instabilité des ARNm qui doivent être gardés à des températures de -20 °C à -80 °C. Surtout, « c’est une technologie nouvelle sur laquelle on a moins de recul que sur d’autres puisque aucun vaccin de ce type n’a encore été commercialisé. Il faut donc rester prudent », précise la Dr Marie Lachâtre, vaccinologue au Centre d’investigation clinique de l’hôpital Cochin à Paris et l’une des coordinatrices de Covireivac. À l’heure où nous écrivons ces lignes, seul le vaccin ARNm de Pfizer/BioNtech a été validé par le Royaume-Uni et les États-Unis sur la base des dossiers complets fournis par les industriels aux seules agences sanitaires. Le rapport détaillé de l’Agence américaine du médicament (FDA) concernant ce vaccin a confirmé une efficacité de 95 % en moyenne (plus de 90 % chez les personnes âgées ou avec comorbidités). Et sur les 43.252 participants à l’essai, aucun effet indésirable grave n’a été relevé. Le Royaume-Uni le déconseille aux grands allergiques,comme c’est le cas pour de nombreux autres vaccins. Les effets secondaires les plus fréquents étaient les réactions autour du point d’injection (84,1 %), la fatigue (62,9 %), les maux de tête (55,1 %), les courbatures (38,3 %) et la fièvre (14,2 %). « Il y a déjà beaucoupde bonnes surprises jusqu’ici », relève la Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations à la Haute Autorité de santé (HAS). Notamment qu’aucune forme grave de Covid-19 n’aurait été enregistrée dans le groupe vacciné avec le vaccin ARN de Moderna. « Or ce dont on a besoin en urgence, c’est une protection contre les formes sévères de la maladie pour soulager le système de santé », précise Élisabeth Bouvet.
En France, la plate-forme Covireivac a programmé un essai clinique sur le vaccin Moderna qui devrait débuter entre fin décembre et début janvier.
2 – ) Vaccins à vecteur viral
Plus classique, cette stratégie consiste à placer la protéine Spike du coronavirus sur un autre virus, un vecteur, modifié pour être non pathogène. « Cette méthode a une très bonne capacité à provoquer une réponse immunitaire adéquate, car le vecteur viral va mimer une infection naturelle. Il ne nécessite donc pas d’adjuvant [une substance ajoutée pour renforcer l’alerte au système immunitaire], Dans le cas du Covid-19, dix candidats vaccins utilisent des adénovirus. Toutefois, une immunité préexistante à ces vecteurs circulants par ailleurs peut affaiblir la réponse. » À l’inverse, « le vecteurlui-même peut conserver une pathogénicité résiduelle et provoquer une infection, voire disséminer à un tiers. Pour éviter ces problèmes, le vaccin Oxford/Astra Zeneca utilise un adénovirus de chimpanzé pour lequel aucune immunité n’existe chez l’humain. » Selon les résultats de phase 3 publiés dans The Lancet le 8 décembre, son efficacité est comprise entre 62 % et 90 % selon les doses utilisées lors des deux injections, et aucune alerte d’effet secondaire sévère ou grave n’est rapportée. Le vaccin développé par l’Institut Pasteur utilise, lui, son vecteur rougeole, stable et bien connu, pour échapper à ces inconvénients. « C’est celui qui offre le plus de garanties », assure Marie Lachâtre. Mais il est sensiblement plus complexe et plus long à développer. Seul un essai de phase 1 sur 90 participants est en cours en France. En attendant, ce sont les formules à adénovirus d’Oxford/Astra Zeneca et Janssen qui doivent faire l’objet d’essais cliniques pilotés par Covireivac en France dès la mi-décembre.
3 – ) Du coronavirus atténué ou inactivé
Il s’agit cette fois d’inoculer directement du coronavirus dans l’organisme, à ceci près qu’il a été préalablement soit inactivé, soit atténué. Dans le premier cas, un traitement chimique ou thermique lui ôte sa capacité à se répliquer dans les cellules. « Le vaccin ne présente alors aucun risque infectieux, il est stable, avec des effets secondaires bien connus : douleur et rougeur au point d’injection, fièvre et douleurs musculo-squelettiques. Mais la technique manque d’immunogénicité et nécessite donc un adjuvant et plusieurs injections.» C’est l’approche de Sinopharm et Sinovac en Chine depuis juillet : un million de personnes auraient déjà reçu leurs doses lors d’une campagne de vaccination d’urgence ciblée (aéroports, douanes, voyageurs d’affaires, etc.). Sinopharm a été homologué aux Émirats arabes unis en décembre. Deuxième possibilité : un coronavirus vivant mais atténué. C’est d’ailleurs la version la plus utilise un virus affaibli pour infecter une personne sans la rendre malade. Variole, rougeole, oreillons, rubéole, varicelle, poliomyélite… La recette a fait florès. En principe, ces souches vaccinales sont obtenues par passages successifs de lignées virales sur des cultures cellulaires animales, au cours desquels elles perdent leur pouvoir pathogène. Mais la startup américaine Codagenix a opté pour une nouvelle technique : une reprogrammation génétique du virus pour « désoptimiser » sa vitesse de réplication avant de l’inoculer. Ainsi, alors que le coronavirus Sras-CoV-2 peut produire quelque 100 millions de copies au sein d’une cellule en 24 heures, la version atténuée génétiquement permettrait de diviser ce rythme d’un facteur 1000 afin de donner le temps au système immunitaire de réagir. Pour l’instant, seul Codagenix s’est lancé dans cette voie, et le premier essai chez l’humain doit débuter en décembre
4– ) Protéines recombinantes :
Le coronavirus possède à sa surface des pointes (désignées en anglais sous le terme de Spikes) qui vont l’aider à entrer en contact avec les cellules à infecter. Ces pointes sont des protéines virales qui ont été désormais isolées en laboratoire. Elles peuvent être fabriquées et injectées pour faire réagir les anticorps à ces molécules étrangères. Le système immunitaire sera alors capable de se défendre, s’il rentre à nouveau en contact avec ces protéines virales. Quatorze candidats vaccins différents sont développés à l’aide de protéines dites recombinantes. Ce sont des protéines fabriquées à partir de cellules modifiées par recombinaison génétique. Il s’agit de les introduire sans support, mais accompagnées d’un adjuvant capable d’alerter le système immunitaire sur le site d’injection. Sans ça, il ne considérera pas ces protéines recombinantes comme un danger. Cette technique, qui est utilisée contre l’hépatite B ou les papillomavirus humains, fait l’objet de trois essais de phase 3. Celui de Sanofi -GSK devrait entrer en phase 3 ce mois de décembre, et le laboratoire français table sur la production d’un milliard de doses à la fin 2021.
Une étude de grande ampleur menée par Santé publique France dont les résultats sont publiés dans le dernier BEH établit un lien entre l’absence du port de masques appropriés et la contamination par le Sars-COV-2 de soignants exerçant en établissements de santé, médicaux sociaux et Ehpad, pendant la première vague épidémique*.
Dans le cadre de cette enquête, 2 329 professionnels de santé
exerçant dans ces établissements et ayant été infectés de février à
avril 2020, ont répondu à un questionnaire en ligne sur les
circonstances potentielles de leur contamination.
« L’analyse fait apparaître des différences importantes dans
l’utilisation de masques de protection adaptés au risque d’infection » à mettre en rapport avec « la
disponibilité de ces équipements et les recommandations ou protocoles
utilisés, variables suivant le type d’établissement et le secteur
d’activité », observent les auteurs de l’étude.
Les soignants participant à l’enquête (31,6 % d’infirmiers, 22,8 % de
médecins, 14,5 % d’aide-soignants…) étaient invités à renseigner le
type d’établissement dans lequel ils exerçaient, les tâches réalisées,
et les équipements et moyens de prévention à leur disposition (masque,
soluté hydroalcoolique, surblouse, lunettes de protection). Il leur
était également demandé s’ils avaient eu des contacts avec des cas de
Covid-19 diagnostiqués ou suspectés dans les deux semaines précédant la
date de début des symptômes.
Sur les 1 602 professionnels exerçant en établissement de santé,
1 557 ont déclaré avoir travaillé durant les 15 jours précédant les
symptômes. Leur utilisation d’un masque FFP2 pour la réalisation des
tâches les plus à risque a varié selon leur secteur d’exercice. « En secteur
Covid, le port de masques FFP2 oscillait de 56 % à 87,2 % suivant
les actes pratiqués. Hors secteur Covid, le port de masques FFP2 allait
de 0 à 51,4 % pour les mêmes actes, les masques chirurgicaux étant
majoritairement utilisés », observe Santé publique France. Lors
d’un prélèvement nasopharyngé, 83,4 % des professionnels en secteur
Covid portaient exclusivement un masque FFP2 tandis que, hors secteur
Covid, 51,4 % en étaient équipés.
« Les raisons invoquées pour l’absence de port de masque ou le
port d’un masque chirurgical au lieu d’un masque type FFP2 étaient avant
tout liées soit à la pénurie de ce type de matériel conduisant à
l’utilisation de masque chirurgical, soit aux protocoles appliqués
localement conduisant à réserver les masques FFP2 à la prise en charge
des patients ayant eu une PCR Covid-19 positive et à certaines
situations », analysent les auteurs.
En Ehpad, pénurie de masques et absence de doctrine
Par ailleurs, une part non négligeable (32,5 %) des
1 557 professionnels infectés ont déclaré avoir eu au moins un contact
sans masque avec au moins un soignant ayant une infection confirmée à
Covid-19, pendant ses symptômes. 82,5 % prenaient leurs repas avec les
collègues en salle de repos et donc sans masque ; et 11,7 % rapportaient
des contacts avec des cas suspectés ou confirmés d’infection à Covid-19
en dehors de leur activité professionnelle.
En Ehpad et dans les autres établissements médico-sociaux, l’analyse
réalisée auprès de 697 soignants contaminés montre que lors des
activités à risque, le port d’un FFP2 était globalement moins fréquent
que le port de masque chirurgical. « Le prélèvement nasopharyngé
n’était réalisé avec un FFP2 que dans 33,9 % des cas et dans 19,4% ces
cas aucun masque n’était porté », évoquent les auteurs.
Les raisons évoquées pour le non-port ou le port occasionnel de
masque, étaient principalement l’indisponibilité du matériel (37,5 %)
devant l’absence de recommandations de port de masque (34,1 %) ou
l’utilisation du matériel de protection pour les seuls cas suspects ou
confirmés de Covid-19 (20,8 %).
« La contamination des soignants semble avoir été à cette période
essentiellement d’origine professionnelle : soit transmission
patient-soignant, soit entre soignants avant que ne soit préconisé le
port en continu du masque chirurgical », observe Santé publique France.
Utilisation d’un masque (chirurgical et FFP2) en fonction des gestes réalisés par les soignants contaminés par le SARS-CoV-2 durant les 15 jours précédant le début des symptômes, 2020, France
*44 281 cas de contamination au Sars-Cov 2 ont été rapportés entre le 1er mars et le 2 novembre 2020 à Santé publique France par des établissements de santé auxquels s’ajoutent 48 496 cas signalés aux mêmes dates par des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS). Article de Christophe Gattuso . Publié sur le généraliste.fr du 09 Décembre 2020
La
réussite des stratégies de dépistage dépend de la compréhension à la fois de la
dynamique de la propagation entre les individus et de celle du virus dans le
corps humain. Comme la Covid-19 peut se propager à partir d’individus
présentant des infections pré-symptomatiques, symptomatiques et
asymptomatiques, le retour à la normale de nos modes de vie passe par le
contrôle de la propagation du virus et donc repose sur le dépistage de la
population. En phase d’incubation, les titres viraux sont généralement trop
faibles pour être détectés, puis s’ensuit une croissance virale exponentielle
qui entraîne un pic de charge virale et d’infectiosité, avant de se terminer
par une diminution et une disparition de la virémie.
Test de référence, la PCR en temps réel connaît des limites analytiques de
détection qui se situent généralement autour de 103 copies d’ARN
viral par ml (cp/ml) avec un coût élevé et un délai de 24 à 48 heures entre
prélèvement et résultat.
Tests sensibles et longs versus tests moins
sensibles et rapides
Les trois
caractéristiques de la cinétique virale (accroissement, infectiosité, déclin)
ont fait émettre l’hypothèse qu’il pourrait n’y avoir que des différences
minimes d’efficacité entre les schémas de dépistage recourant aux tests de
détection virale de différentes sensibilités, avec d’un côté la RT-PCR et sa
limite de détection (LOD) de 103 cp/ml et de l’autre des tests
souvent moins chers ou plus rapides dont les limites de détection sont plus
hautes (environ 105 cp/ml), comme la PCR-LAMP au chevet du patient
et les tests antigéniques rapides.
Une modélisation complexe
Compte
tenu de la cinétique de la charge virale, une équipe a modélisé l’efficacité du
dépistage répété dans la population en tenant compte de la sensibilité des
tests, de la fréquence et du délai d’obtention du résultat.
Au plan
de la modélisation, il a été considéré que : les patients pré-symptomatiques
sont les plus infectieux juste avant l’apparition des symptômes et que la
transmission virale coïncide avec les pics de charge virale ; que 35 % des
patients ne feraient l’objet d’un isolement que dans les trois jours suivant
leur charge virale maximale s’ils n’avaient pas été testés et isolés au
préalable, et que 65 % auraient des symptômes suffisamment bénins ou n’en
présenteraient aucun, de sorte qu’ils ne s’isoleraient pas, à moins d’être
détectés par des tests ; que les infections asymptomatiques et symptomatiques
ont les mêmes charges virales initiales mais avec une clairance plus rapide chez
les asymptomatiques.
Testez, testez souvent, il en restera toujours
quelque chose
Cette
analyse a démontré qu’il y avait peu de différence dans la prévention de
l’infectiosité entre les deux classes de tests. Des réductions spectaculaires
de l’infectiosité totale des individus ont été observées en testant
quotidiennement ou tous les trois jours : 62-66 % de réduction en testant
chaque semaine versus 45-47 % en testant toutes les deux semaines. Étant
donné que la charge virale et l’infectiosité varient d’un individu à l’autre,
l’impact des différents schémas de dépistage sur la distribution de
l’infectiosité des individus a également été analysé, révélant que des tests
plus sporadiques entraînent une probabilité accrue que les individus soient
testés positifs une fois qu’ils ne sont plus infectieux. Cette simulation
montre que l’impact d’un dépistage répété dans la population peut être exprimé
sous la forme d’une réduction du nombre de reproduction R.
Raccourcir à tout prix les délais d’obtention des
résultats grâce aux tests rapides
Une
variable importante est le délai entre le prélèvement d’un test et son
résultat. Tout retard réduit considérablement la possibilité de diminuer
l’infectiosité pour les individus et la propagation virale et cette étude
souligne que l’obtention rapide des résultats est essentielle dans tout
stratégie de dépistage, faisant passer au second plan l’amélioration des
limites de la détection du virus. Le contrôle de l’épidémie est compromis par
les retards de rendu des résultats.
Privilégier l’accessibilité, la fréquence et le
temps de réponse des tests
Et de conclure que l’efficacité
du dépistage dépend en grande partie de la fréquence des tests et de la
rapidité de l’obtention des résultats et qu’elle n’est que marginalement améliorée
par une sensibilité élevée des tests. Le dépistage devrait donc accorder la
priorité à l’accessibilité, à la fréquence et au temps de réponse des tests. En
population générale, le dépistage répété des individus asymptomatiques peut
être utilisé pour limiter la propagation du virus. Toutefois, ces conclusions
ne peuvent faire abstraction de certaines limites. Tout d’abord, la sensibilité
d’un test peut dépendre de facteurs autres que la limite de détection,
notamment les variations du fabricant et un échantillonnage clinique inadéquat.
Deuxièmement, les différences de performance exactes entre les programmes de
tests dépendront de la capacité du modèle à saisir réellement les profils de
cinétique et d’infectiosité virales, en particulier pendant la phase d’accélération
entre l’exposition et la charge virale maximale.
Référence
Larremore DB, Wilder B, Lester E, Shehata S, Burke JM, Hay JA, Tambe M, Mina MJ, Parker R. Test sensitivity is secondary to frequency and turnaround time for COVID-19 screening. Sci Adv. 2020; publication avancée en ligne le 20 novembre. doi: 10.1126/sciadv.abd5393. Epub ahead of print. PMID: 33219112.
Article paru sur Jim.fr du 30 Novembre 2020 . Auteur Bernard-Alex Gaüzère
Paris, le 28 août 2020 Une équipe de recherche dirigée par Philippe Karoyan, Professeur Sorbonne Université au Laboratoire des Biomolécules (LBM, Sorbonne Université / Ecole normale supérieure – PSL / CNRS) a développé un leurre capable de bloquer, de façon irréversible, le virus SARS-CoV-2 en l’empêchant d’infecter les cellules pulmonaires. Cette découverte innovante pourrait constituer une solution thérapeutique alternative à la vaccination. Les travaux soumis pour publication sont accessibles en preprint.1 Le projet, soutenu par la direction de la recherche de la faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université et la SATT-Lutech a fait l’objet d’une demande de brevet, licencié à la Start-up χ-Pharma. Les données récentes sur le SARS-CoV-2 démontrent que la phase initiale de l’infection implique l’interaction de la protéine virale SPIKE avec un récepteur humain nommé ACE2. Cette interaction ouvre au niveau pulmonaire les portes d’entrée des cellules au virus, à l’origine de l’infection et de la multiplication du virus. Afin de prévenir cette interaction, les chercheurs ont entrepris de construire des leurres peptidiques de la protéine humaine ACE2 en mettant à profit les données des structures RX du complexe SPIKE/hACE2. Les leurres ont été construits par calcul à l’aide de deux algorithmes permettant d’optimiser la structure et l’antigénicité. Après synthèse et validation de leur capacité à mimer la structure de ACE2 interagissant avec SPIKE, ils ont été criblés pour leur capacité à interagir avec SPIKE et bloquer l’infection virale sur les cellules pulmonaires humaines. Deux mimes se sont révélés puissants, capables de stopper l’infection virale. L’interaction entre ces mimes peptidiques et la protéine virale SPIKE est si forte qu’elle est irréversible, les mimes s’agglutinant à la surface du virus (Figure).
Six mois
après le début de la pandémie, et moults débats, controverses – et même guerre
des clans – autour des médicaments susceptibles d’être efficaces contre la
Covid-19, quelles sont les thérapeutiques utilisées actuellement en ambulatoire
et à l’hôpital aux différents stades de la pathologie, ou tout du moins
reconnues officiellement ? Dans son avis du 27 juillet, le Conseil scientifique
mis en place dans le contexte de la crise COVID-19 fait le point* [1].
Hydroxychloroquine, remdésivir, tocilizumab, oxygénothérapie…Quatre mois après le pic de la pandémie en France, malgré une intense recherche clinique et alors que la pandémie se poursuit dans le monde, « nous n’avons pas de médicament avec une activité virale directe ayant fait la preuve scientifique de son efficacité » considère le Conseil scientifique, un point « particulièrement important dans l’hypothèse d’une deuxième vague pour organiser au mieux la prise en charge des populations ayant une forme sévère et réduire ainsi la durée d’occupation des lits en réanimation et la mortalité globale » ajoute-t-il.
*A noter
que les membres du Conseil scientifique ayant des liens d’intérêts avec les
industries pharmaceutiques ont été mis en débord.
Quid de la prise en charge des formes bénignes ?
Que
propose-t-on aux patients qui souffrent d’une maladie bénigne (plus 95% des
patients atteints de COVID-19) et ne justifient pas de soins à l’hôpital ?
Aujourd’hui, le standard international repose sur « une prise en charge
symptomatique, une information précise sur les signes devant amener à consulter
en urgence et un suivi médical afin de détecter des symptômes qui nécessiteraient
une hospitalisation ».
Pour
certains patients cependant, notamment ceux à haut risque de forme sévère (âge
avancé, maladies chroniques sévères comme insuffisance rénale chronique sévère,
insuffisance respiratoire chronique, insuffisance cardiaque, etc.), « une
hospitalisation se discute au cas par cas pour surveillance rapprochée ».
Selon le Pr
Jean-François Delfraissy et ses collègues : en dépit d’essais
cliniques testant des traitements visant à éviter l’aggravation, « aucune
molécule n’a montré la moindre preuve d’efficacité à ce stade », il s’agit
en effet de patients « pour lesquels le bénéfice attendu d’un traitement
est faible (évolution spontanément favorable dans > 95% des cas) ».
Quid des formes sévères ?
Les
formes sévères (moins de 5% des patients infectés par le virus SARS-CoV-2)
bénéficient, elles, d’une prise en charge hospitalière en service
conventionnel. Ces patients nécessitent un support en oxygène et parfois un
support ventilatoire.
Fait
important, comme plusieurs études, notamment françaises, l’ont montré : il
semble aujourd’hui important « de retarder au maximum l’utilisation de la ventilation mécanique
invasive (intubation) chez ces patients ». En revanche, la surveillance
doit être rapprochée afin d’adapter le support en oxygène et ventilatoire aux
besoins qui, comme en ont témoigné les hospitaliers, peuvent évoluer très
rapidement.
Parmi les
éléments qui ont montré scientifiquement une efficacité dans la prise en charge
de ces patients, le Conseil scientifique cite :
– L’utilisation de corticoïdes (dexaméthasone), traitement
anti-inflammatoire qui permet de diminuer la mortalité chez les patients
nécessitant un support en oxygène selon l’essai clinique randomisé
contrôlé Recovery, et dont l’intérêt semble faire l’unamité.
– L’utilisation de tocilizumab (traitement anti récepteur de
l’interleukine-6) « qui semblerait efficace chez les patients nécessitant
plus de 3 litres/minute d’oxygène dans l’essai français CORIMUNOen cours de publication même si ces résultats doivent être confirmés par
des études de plus grande taille. La place exacte de ce traitement et son
association ou non avec les corticoïdes reste à déterminer » écrit le
Conseil scientifique. La molécule avait suscité un emballement médiatique,
suite à la publication prématurée des résultats de plusieurs études
françaises, et à une publication annoncée comme imminente, mais toujours
attendue à ce jour.
– Une anticoagulation par héparine qui permet de diminuer le risque de
thrombose et d’embolie (standard de soins pour les maladies inflammatoires
sévères similaires). Celle-ci semble admise par tous.
En ce qui concerne le traitement antiviral :
– Remdesivir : « il semble accélérer le temps de récupération mais il
n’a à ce jour pas montré d’impact sur mortalité chez les patients traités par
rapport aux patients non traités par remdesivir (essai randomisé contrôlé avec
1063 patients). Ce traitement est toujours en évaluation dans des essais
cliniques malgré une Autorisation
de Mise sur le Marché (AMM) conditionnelle de l’European Medicines Agency
(EMA) (essai Solidarity/Discovery) » indique le comité d’experts.
Signalons l’existence attestée par plusieurs équipes d’effets indésirables
hépatiques et rénaux qui incite à la prudence.
Quid des formes critiques ?
La prise en charge en réanimation des patients présentant des formes
critiques de la maladie (environ 15 à 25% des patients COVID-19 hospitalisés)
nécessite le recours à une ventilation mécanique invasive (intubation), voire à
une oxygénation extra-corporelle dans les formes les plus sévères.
« La gestion du mode de ventilation et des différentes techniques
associées est particulièrement importante chez ces patients ».
Parmi les éléments essentiels de la prise en charge de ces patients
extrêmement sévères, le Conseil signale :
– L’utilisation des corticoïdes (dexaméthasone) qui avait déjà été
encouragée par un
essai clinique randomisé dans les pneumopathies très sévères (hors COVID
publié en février 2020) montrant une diminution de la durée d’intubation et de
la mortalité. Ceci a été confirmé pour les pneumopathies sévères COVID-19 dans
l’essai Recovery.
– Une anticoagulation par héparine qui permet de diminuer le risque de
thrombose et d’embolie (standard de soins pour les maladies inflammatoires
sévères similaires).
– Le traitement antiviral par remdesivir est toujours en évaluation dans
cette population dans les essais clinique malgré une AMM conditionnel de l’EMA
(essai Solidarity/Discovery) (voir plus haut).
Quels traitements sont actuellement écartés ?
Pour le Conseil scientifique, si « la recherche clinique a permis d’apporter des réponses thérapeutiques à différents stades de la maladie, elle a également permis d’écarter un certain nombre de molécules », dont l’hydroxychloroquine.
– Hydroxychloroquine : « Après les observations initiales de cohortes non randomisées suggérant une efficacité de l’hydroxychloroquine, seule ou en association, l’immense majorité des essais randomisés réalisés en France, eu Europe, aux Etats-Unis, au Brésil ou dans l’essai OMS, n’a pas retrouvé cet effet » écrit le Conseil scientifique. En prophylaxie (après exposition à risque au SARS-CoV-2), un essai randomisé contrôlé réalisé au Canada et aux États-Unis chez 821 patients n’a trouvé aucun effet de l’hydroxychloroquine. Par ailleurs, les auteurs ont noté des effets indésirables plus importants chez les patients ayant reçu avec l’hydroxychloroquine que chez ceux recevant un placebo (40% chez les patients recevant ce traitement contre 17% pour les patients recevant le placebo). Notons que cet essai qui n’avait pas manqué d’être critiqué sur le plan méthodologique.
« Un
autre essai randomisé contrôlé réalisé à Barcelone semble aller dans le même
sens : il n’a trouvé aucun effet de l’hydroxychloroquine en prévention sur un
total de plus de 2 300 patients (résultats communiqués par voie de presse, en
attente de publication) », écrit le comité d’experts. Chez des patients
hospitalisés, avec des formes modérées, un essai randomisé réalisé au Brésil et
récemment publié
dans le NEJMn’a montré aucun effet de l’hydroxychloroquine ou de
l’hydroxychloroquine + azithromycine. Chez des patients hospitalisés, avec des
formes sévères ou critiques de la maladie, 3 essais randomisés contrôlés de
grande taille ont communiqué des résultats ne montrant aucune efficacité de
l’hydroxychloroquine : ce sont les essais DisCoVeRy en
France, Solidarity (essai international de l’OMS) et Recovery au Royaume-Uni,
ajoute-t-il. Néanmoins, à ce jour, aucun de ces trois essais n’a été publié
dans sa totalité.
–
Lopinavir/ritonavir : Chez des patients hospitalisés avec une forme sévère
ou critique de la maladie, 4 essais randomisés contrôlés n’ont pas retrouvé
d’efficacité de l’administration lopinavir/ritonavir : l’essai DisCoVeRy en
France qui a arrêté ce bras thérapeutique, l’essai Solidarity de l’OMS, l’essai
Recovery du Royaume-Uni et un essai conduit en Chine. L’essai DisCoVeRy
en France a par ailleurs permis de montrer un signal de toxicité avec des
insuffisances rénales aiguës qui seraient plus fréquentes chez les patients
traités par lopinavir/ritonavir que dans le groupe standard de soins.
-Sarilumab :
Cette molécule anti-inflammatoire qui bloque l’action des récepteurs de
l’interleukine 6 a été évaluée dans un essai clinique industriel
(Sanofi/Regeneron) aux États-Unis. Dans un
communiqué de presse, les firmes ont annoncé l’arrêt de l’essai du fait de
l’absence d’efficacité du médicament retrouvée et d’effets indésirables sévères
plus fréquents chez les patients traités par sarilumab.
Le
Conseil scientifique apporte deux précisions à ce chapitre sur la thérapeutique.
Il précise « qu’on
manque de données sur la tolérance et l’efficacité (ou la non efficacité)
des traitements déjà cités, utilisés de façon prophylactique/préventive
sur des sujets et population à risque » et que plusieurs essais sont
en cours.
En prévision d’une
éventuelle seconde vague, il recommande fortement aux équipes de recherche
clinique et translationnelle d’anticiper de futurs essais thérapeutiques
en mettant en place « le plus tôt possible les protocoles
thérapeutiques avec de nouvelles molécules et éventuellement des
associations de molécules avec un petit nombre d’essais thérapeutiques
stratégiques pour les formes modérées ambulatoires mais aussi sévères et
graves » précise le Conseil. « Préparés et discutés en
septembre, ils seront opérationnels en novembre », date qui semble
prévaloir pour une potentielle reprise intensive de l’épidémie.
Article
publié dans actualités medscape par Stéphanie Lavaud ( 6 Août 2020 )
Le « rail olfactif » conduisant au SNC ne serait pas
infecté par le SARS-Cov-2. Des chercheurs d’INRAE, en collaboration
avec l’Anses, ont démontré, dans le cadre d’un modèle animal, que
le virus infecte les cellules sustentaculaires de la muqueuse
nasale mais non les nerfs olfactifs. Nicolas Meunier,
neurobiologiste, Unité mixte de recherche virologie et immunologie
moléculaire INRAE/UVSQ, nous présente les résultats de leurs
travaux publiés dans la revue Brain Behaviour and
Immunity. JIM.fr : Pouvez-vous nous rappeler les objectifs de vos
travaux ? Nicolas Meunier : Je travaille depuis quinze ans sur le
système olfactif en utilisant le modèle rongeur et je m’intéresse
aux relations entre la cavité nasale et l’immunité dans le cadre du
passage d’un pathogène vers le système nerveux central. Depuis
presque cent ans, même si les détails cellulaires n’étaient pas
connus, il était compris qu’une infection des neurones olfactifs
dans notre cavité nasale pouvait permettre à un pathogène de
pénétrer dans le SNC et d’échapper à la barrière
hémato-encéphalique présente autour du cerveau. Nous avons donc
voulu comprendre quelles sont les défenses mises en jeu au sein de
la cavité nasale en utilisant comme modèle des virus respiratoires
peuvent potentiellement infecter ces neurones.
Dans le cas du SARS-CoV-2, nous avions un exemple parfait d’un
virus respiratoire supposé capable d’entrer dans le SNC en passant
par les neurones olfactifs. Au début de l’épidémie, c’était
l’hypothèse majeure de toute la communauté scientifique. Nous avons
utilisé des hamsters qui sont de bons modèles car ils présentent un
profil d’expression des récepteurs du SARS-CoV-2 similaire à
l’Homme. Nous avons voulu voir quels types cellulaires étaient
infectés et vérifier si une infection des neurones pouvait
expliquer un passage du SARS-CoV-2 de la cavité nasale vers le SNC
en provoquant une anosmie comme complication. En effet, la perte
d’odorat est un symptôme très fréquent chez les patients souffrant
de la COVID-19.
JIM.fr : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous vous êtes
orienté plus spécifiquement vers les cellules de soutien dîtes
sustentaculaires ? Nicolas Meunier : Il a été montré très tôt que le
SARS-CoV-2 avait le même système d’interaction cellulaire que le
SARS-CoV-1 c’est-à-dire se lier à ACE2 (enzyme de conversion de
l’angiotensine 2). Plusieurs publications ont pointé le fait qu’au
niveau de l’épithélium olfactif ces protéines seraient exprimées
par les cellules sustentaculaires tandis que les neurones ne
l’expriment pas. Il était donc probable que ce soit ces cellules
qui étaient infectées. La protéase TMPRSS2 a un rôle générique
impliqué dans la maturation de différents précurseurs. Le virus
utilise aussi cette protéase pour sa propre maturation. Pour qu’un
tissu soit infecté, il faut donc qu’il y ait au moins ces deux
acteurs : la protéase TMPRSS2 pour l’activer et ACE2, le site
d’entrée dans la cellule. Les cellules sustentaculaires étaient
donc les cibles les plus probables du virus.
Le rôle de ces cellules n’est pas encore bien déterminé. Elles
semblent avoir notamment une fonction trophique d’apport d’énergie
aux neurones. Il a été montré que les neurones étaient capables de
capter le glucose sur la face externe dans la partie mucus où
baignent leurs cils et les cellules sustentaculaires libérent du
glucose dans le mucus. Les cellules de soutien assurent aussi
l’équilibre ionique de ce mucus qui est très pauvre en chlore. Des
études montrent également la fonction immunitaire de ces cellules
capables de phagocyter des grosses particules pour les dégrader.
Elles ont un rôle majeur de structure, des fonctions multiples et
probablement d’autres encore moins connus à la différence des
neurones olfactifs dont la fonction de détection les odeurs est
très étudiée.
JIM.fr : Quels ont été les résultats de vos travaux
? Nicolas Meunier : Nous avons voulu regarder
concrètement sur les modèles animaux, si lorsque nous
infections ceux-ci avec le SARS-CoV-2, nous avions une infection
des cellules sustentaculaires et à la suite une infection des
neurones olfactifs pouvant expliquer l’anosmie observée chez
l’Homme.
Dans l’épithélium olfactif du hamster, nos résultats ont
montré qu’il y avait une infection très importante des cellules
sustentaculaires, mais limitée à celle-ci uniquement. Nous
travaillons sur de nombreux virus respiratoires et le SARS-CoV-2
est le seul à infecter massivement les cellules présentes dans la
muqueuse olfactive.
JIM.fr : Vous avez également constaté que la muqueuse
nasale subit une desquamation ce qui pourrait expliquer la perte
d’odorat. Pouvez-vous nous expliquer ? Nicolas Meunier : En parallèle à cette infection limitée aux
cellules sustentaculaires, nous avons en effet constaté une perte
complète de l’épithélium olfactif qui se désolidarise de sa lame
basale par une desquamation. Nous avons recherché s’il y avait une
infection des neurones olfactifs et nous n’en avons pas trouvé
malgré les contacts très étroits entre les cellules
sustentaculaires et les neurones.
Nous n’avons pas trouvé de virus dans le SNC
Nous avons scruté les différentes zones du SNC et nous n’y
avons pas non plus trouvé de virus. Nous aurions pu imaginer qu’une
fois l’épithélium olfactif desquamé, une protection moindre aurait
pu permettre au virus d’infecter les cellules en sous muqueuse ou
directement les nerfs pour remonter au SNC mais nous n’avons pas
constaté cela du tout. Si l’infection se déroule de manière
similaire (aux hamsters) chez l’Homme, il est donc très peu
probable que le virus puisse pénétrer dans le SNC. JIM.fr : Comment d’autres études récentes sont-elles
parvenues à l’hypothèse selon laquelle le virus infecte les nerfs
olfactifs et le SNC ? Nicolas Meunier : La plupart de ces études restent
hypothétiques. Quelques travaux sont basées sur des échantillons
humains et leurs résultats semblaient indiquer que le SARS-CoV-2
infecte les neurones olfactifs permettant un passage vers le SNC .
Cependant, pour l’instant ces études ne sont basées que sur une
identification morphologique. Nous avons procédé à des doubles
marquages en immunohistochimie permettant de montrer la
colocalisation du virus dans une cellule identifiée. Pour cela nous
utilisons un marqueur des cellules sustentaculaire et un autre de
la présence du virus. Ne pas disposer d’outils permettant de bien
caractériser les cellules de la cavité nasale peut donc conduire à
des conclusions erronées. Si notre étude montre que de manière
générale, ce ne sont pas les neurones olfactifs qui se retrouvent
infectés, ce n’est pas à exclure dans certains cas. En effet, nous
avons travaillé sur un petit nombre de jeunes femelles hamsters. Or
des études récentes montrent que l’homme serait plus sensible que
la femme et d’autant plus si il est âgé et en surpoids. Il faudrait
donc travailler sur des vieux hamsters mâles pour étudier ces
différences potentielles.
JIM.fr : Comment expliquer le fait que certains patients
présentant les formes les plus sévères de la Covid-19 aient des
manifestations neurologiques ?
Nicolas Meunier : Lors d’une infection massive au
niveau des poumons, la suractivation du système immunitaire
provoque des tempêtes cytokiniques qui déstabilisent énormément
d’organes et de tissus. Le système immunitaire, en s’emballant,
provoque dans certains cas un effondrement de la barrière
encéphalique qui devient perméable. C’est une issue souvent fatale
pour les patients car les pathogènes entrent alors dans le SNC et
des encéphalopathies peuvent conduire à un effondrement des
paramètres du système respiratoire. C’est ce qui a été soupçonné
chez certains patients qui décédaient à la suite d’atteintes
respiratoires. Non seulement leurs poumons avaient été atteints
mais aussi les centres de contrôle respiratoire dans le tronc
cérébral. Et donc beaucoup de chercheurs ont fait l’hypothèse que
le virus passait la barrière encéphalique en infectant les neurones
olfactifs puis allait dans le tronc cérébral pour
déstabiliser le centre de contrôle respiratoire. C’est-à-dire
qu’une manifestation neurologique aboutirait à une incapacité
respiratoire. Dans notre modèle de hamster, nous pouvons exclure
cette hypothèse car nous n’avons pas du tout retrouvé ce passage
vers le SNC et nous n’avons pas retrouvé non plus le virus dans le
tronc cérébral.
JIM.fr : En quoi vos travaux sont-ils rassurants
? Nicolas Meunier : De nombreuses études suggèrent que,
si un patient a une encéphalopathie avec une infection du bulbe
olfactif, il présente un terrain favorable pour développer par la
suite une maladie neurodégénérative notamment la maladie de
Parkinson. C’est notamment décrit dans le cas de la grippe où, à
l’issue de la pandémie qui a eu lieu lors de la première guerre
mondiale, il y a eu beaucoup de cas de Parkinson chez les
survivants dans les années qui ont suivi. Cette hypothèse
épidémiologique est confortée par des études qui montrent que l’un
des symptômes premiers de ces maladies neurodégénératives,
Alzheimer ou Parkinson, est la perte d’odorat. Ce point est
forcément inquiétant vu le nombre de personnes souffrant d’anosmie
à la suite de la Covid-19. Elles auraient eu une susceptibilité par
la suite de développer une maladie neurodégénérative. Nos travaux
excluent fortement ce mécanisme, ce qui est rassurant.
D’autre part et de façon plus pragmatique, l’épithélium
olfactif subirait une destruction massive causée par le SARS-CoV-2
mais il se régénèrerait au bout de 15 jours à 1 mois comme cela se
fait habituellement. En effet, même en l’absence de tout pathogène,
la muqueuse se régénère en permanence car l’environnement à l’air
libre, comprenant beaucoup d’oxygène et pas d’eau, est extrêmement
agressif pour les cellules. Des études récentes suggèrent en fait
que l’anosmie est plutôt un critère positif de rétablissement
montrant que le système immunitaire se défend très bien pour
éliminer le virus.
JIM.fr : Est-il possible de vérifier ces résultats chez
l’Homme ? Nicolas Meunier : Il manque effectivement les preuves
définitives de ce qui se passe chez l’Homme car nous restons sur un
modèle animal (très proche cependant de ce qui se passe chez l’être
humain). Il faudrait une étude faite chez l’homme avec les moyens
adéquats, mais cela semble extrêmement compliqué si le virus est
rapidement éliminé de la cavité nasale comme c’est le cas chez le
hamster ou le virus n’est plus présent 7 jours après
l’infection.
La confirmation de ces résultats chez l’Homme semble
difficile
Il faudrait donc pratiquer une biopsie de l’épithélium
olfactif quelques jours après l’infection pour étudier ce point ce
qui ne peut se faire sans connaitre la date précise de l’infection.
Certains pays ont lancés des protocoles de test de l’efficacité de
futurs vaccins et infectent donc des volontaires. Peut-être que des
protocoles seront mis en place pour prélever une partie de leur
épithélium afin de voir ce qui se passe.
JIM.fr : Certains patients infectés par le SARS-CoV-2
souffrent également d’une agueusie. Comment l’expliquez-vous
? Nicolas Meunier : A ma connaissance, nous sommes la
seule étude qui a caractérisé d’un point de vue cellulaire
l’infection au niveau de la cavité nasale. Au niveau de la cavité
buccale, aucune étude n’a été faite. Les hypothèses sont qu’il y
aurait une infection d’autres cellules que celles qui sont
responsables de la détection du goût. Au niveau de la langue, nous
trouvons essentiellement des kératinocytes qui expriment le
récepteur ACE2 mais pas les cellules du bourgeon du goût. On ne
comprend donc pas encore ce qui se passe. L’hypothèse la plus
probable est celle d’une inflammation locale qui aboutit peut-être
à une mauvaise régénération des bourgeons du goût. Mais cela me
laisse perplexe car cette perte du goût est à priori rapide or si
c’est un problème de régénération cela se produit sur plusieurs
semaines. Une autre hypothèse plus séduisante, est qu’une
inflammation au niveau des kératinocytes aboutirait à un
dysfonctionnement de la transmission de l’information des bourgeons
du goût.
JIM.fr : En cas de virus respiratoires comme la grippe, les
mécanismes d’action conduisant à l’anosmie sont-ils différents de
celui du SARS-Cov-2 ? Nicolas Meunier : Dans la littérature, cela n’est pas
bien décrit. Certains virus respiratoires peuvent infecter les
neurones olfactifs et c’est le cas du virus influenza (ce qui n’est
donc pas le cas du SARS-CoV-2). Nous avons observé que cette
infection reste localisée sur les modèles de souris et de plus seul
un petit nombre de neurones est infectés si nous comparons à
l’infection massive des cellules sustentaculaires provoquée par le
SARS-CoV-2. Les anosmies liées à la grippe qui sont plutôt rares
sont plus la conséquence d’une inflammation générale de la cavité
nasale aboutissant à une obstruction des voies aériennes. L’anosmie
grippale serait alors liée à l’incapacité de l’air à arriver au
niveau de la muqueuse olfactive plutôt qu’à une destruction de
l’épithélium. Mais cela reste une hypothèse.
JIM.fr : Quelles sont les prochaines étapes de vos
recherches ? Nicolas Meunier : Depuis le début, notre projet est de
comprendre les défenses présentes au niveau de la muqueuse
olfactive pour limiter potentiellement le passage des virus vers le
SNC. La question qui se pose, avec le SARS-CoV-2, est d’expliquer
si le mécanisme de desquamation que l’on observe fait partie d’un
processus de défense mis en place par la muqueuse pour empêcher le
virus de pénétrer dans le SNC ou si c’est un effet secondaire de
l’infection dû à l’infiltration par des cellules immunitaires. Nos
prochaines étapes vont consister à comprendre le rôle des cellules
immunitaires que nous avons observées massivement autour des
cellules sustentaculaires infectées par le SARS-CoV-2.
Propos recueillis par Alexandra Verbecq
Référence
Bertrand Bryche et coll. : Massive transcient damage of the olfactory
epithelium associated with infection of sustentacular cells by
SARS-CoV-2 in golden Syrian hamsters, Brain, Behavior, and Immunity,
July, 2020. https://doi.org/10.1016/j.bbi.2020.06.032
Le SARS-CoV-2 a un tropisme pour le système cardiovasculaire
et les études qui en attestent sont désormais nombreuses. Le
myocarde est particulièrement visé, tout comme l’est l’endothélium
de la paroi artérielle. L’atteinte myocardique est mise en évidence
avec une grande précision par les biomarqueurs, en premier lieu la
troponine cardiaque. L’imagerie peut être mise à contribution comme
le montrent deux études d’observation récemment publiées, l’une
dans le JAMA Cardiology (1), l’autre dans le JACC
Cardiovasculaire Imaging (2).
Cent patients avec une Covid-19 parfois asymptomatique…
La première étude (1) réalisée en Allemagne a inclus 100
patients pris en charge par le CHU de Francfort entre avril et juin
2020. Tous les participants étaient atteints d’une forme plus ou
moins sévère – voire parfois asymptomatique (n = 18)- de la
Covid-19 biologiquement confirmée par RT-PCR. Dans 49 cas, les
symptômes étaient légers ou modérés. Une IRM cardiaque a été
systématiquement pratiquée. Ses résultats ont été comparés à ceux
obtenus dans deux groupes témoins appariés selon l’âge et le sexe,
dont 50 volontaires sains et 57 patients à haut risque d’atteinte
cardiaque.
Dans le groupe des patients (hommes : 53 %), l’âge médian
était de 49 ans (écart interquartile, EIQ, 45-53 ans). Le délai
médian entre le diagnostic de Covid-19 et l’IRM a été de 71 jours
(EIQ 64-92). Dans la majorité des cas (67 %), le suivi a été assuré
au domicile du patient, les autres participants (33 %) étant
hospitalisés. La ventilation invasive ne s’est imposée que dans
deux cas, cependant qu’une ventilation non invasive en pression
positive était pratiquée chez 17 patients. Au moment de l’IRM, les
taux de hs-TnT (high-sensitivity troponin T) étaient encore
détectables (> ou = 3 pg/ml) chez 71 patients et
significativement élevés (> ou = 13,9 pg/ml chez cinq
autres.
Une IRM anormale dans 78 % des cas
Comparativement aux témoins, les patients se sont distingués
sur plusieurs points : fraction d’éjection ventriculaire gauche
(VG) plus basse, volumes ventriculaires élevés, masse VG plus
élevée et augmentation des temps de relaxation T1 et T2. Dans la
majorité des cas (78 %), l’IRM cardiaque s’est avérée anormale en
révélant : (1) une augmentation du T1 natif (n = 73) ou du T2 natif
(n = 60), témoignant d’un processus lésionnel inflammatoire
évolutif ; (2) prise de contraste tardive myocardique (n=32) ou
péricardique (n=22).
Chez les patients de retour à leur domicile, l’IRM était
légèrement moins perturbée pour ce qui est de la cartographie T1
effectuée sur les images natives, les valeurs médianes du T1 étant
un peu inférieures, soit 1 122 [EIQ 1 113-1 132] versus 1
143 [1 131-1 156] ms chez les malades hospitalisés (p = 0,02),
alors que les taux plasmatiques de hs-TnT étaient les mêmes dans
les 2 groupes. Aucune de ces mesures n’a cependant été
significativement corrélée au délai écoulé entre le diagnostic de
Covid-19 et l’IRM, pas plus qu’aux comorbidités préexistantes.
Aucune relation n’a en outre reposé sur la sévérité initiale et
l’évolution globale de l’infection aiguë.
En revanche, une corrélation significative a été établie entre
les taux de hs-TnT et les valeurs cartographiques du T1 natif (r =
0,35; p < 0,001) et il en a été de même pour le T2 natif (r =
0,22; p = 0,03). La biopsie myocardique réalisée dans les cas les
plus sévères (n=3) n’a révélé qu’une inflammation lymphocytaire
évolutive.
Des anomalies cardiaques deux mois après une forme
sévère
La seconde étude en provenance de Wuhan (Chine) porte sur un
effectif plus restreint (n = 26) et corrobore en partie les
résultats de la précédente. L’IRM cardiaque a en effet objectivé
des anomalies à distance de l’épisode aigu chez 58 % des patients
dans un état plus critique- présentant des symptômes cardiaques- à
type d’œdème myocardique (54 %) ou de prise tardive du produit de
contraste (31 %). Chez ces derniers, un dysfonctionnement
systolique ventriculaire droit (VD) a par ailleurs été mis en
évidence, la FEVD étant abaissée tout comme le volume d’éjection
systolique indexé. Par rapport à un groupe témoin, tous les index
dérivés de la cartographie T1 et T2, de même que le volume
extracellulaire myocardique se sont avérés pathologiques en
l’occurrence augmentés (p < ou = 0,002 selon
l’index).
Dans les deux mois qui suivent le diagnostic de Covid-19, l’IRM
cardiaque révèle des anomalies significatives chez 58 % à 78 % des
patients. Il faut souligner que, dans la première étude, la plupart
des formes cliniques de la Covid-19 étaient peu ou pas
symptomatiques (67/100), à la différence de la seconde. De fait,
une atteinte myocardique infraclinique apparaît vraisemblable au
cours de l’infection virale et quelque peu durable même dans les
formes peu sévères, ce qu’il reste toutefois à confirmer sur une
plus grande échelle. Sa signification pronostique doit être
précisée grâce à des études prospectives à long terme qui font
actuellement défaut et pour cause.
Article du Dr Philippe Tellier, publié sur JIM.fr le 26/08/2020
Références
Puntmann VO et coll. : Outcomes of Cardiovascular Magnetic Resonance
Imaging in Patients Recently Recovered From Coronavirus Disease 2019
(COVID-19). JAMA Cardiol., 2020 ; : publication avancée en ligne le 27
juillet. DOI: 10.1001/jamacardio.2020.3557. Huang H et coll. :
Cardiac Involvement in Patients Recovered From a COVID-2019 Identified
Using Magnetic Resonance Imaging. JACC Cardiovasc Imaging 2020 :
publication avancée en ligne le 12 mai. S1936-878X(20)30403-4. doi:
10.1016/j.jc
Dans leur recherche sur les cibles antigéniques du virus
reconnues par les lymphocytes T au cours de la Covid 19, une équipe
américaine a retrouvé une immunité CD4 dépendante chez tous les
patients infectés et CD8 dépendantes chez 70 %, les réponses étant
dirigées contre la protéine spike mais aussi contre d’autres
protéines. Mais elle a aussi détecté une réactivité contre les
cibles antigéniques du SARS-CoV-2 chez des sujets non exposés à la
Covid-19. Des résultats majeurs (dont il a été déjà fait mention sur ce
site) pour les stratégies vaccinales mais aussi pour éclairer d’un
jour nouveau l’épidémiologie de cette infection où l’immunité
croisée pourrait jouer un rôle imprévu.
Apparue à Wuhan en Chine en novembre 2019, la Covid-19 due au
coronavirus SARS-CoV-2 s’est rapidement répandue sur la majeure
partie du globe : fin mai elle affectait plus de 5 millions de
personnes et était responsable de plus de 360 000 décès. Du fait de
l’ampleur de cette pandémie, de l’absence de traitement spécifique,
le développement d’un vaccin est un enjeu crucial pour prévenir la
survenue de nouveaux cas (correspondant soit à la pandémie
actuelle, soit à une reprise de celle-ci dans les zones où elle a
pu être jugulée soit encore à la survenue éventuelle d’une nouvelle
épidémie impliquant un virus apparenté). Ainsi plus de 90 équipes
institutionnelles ou de grands trusts pharmaceutiques s’y emploient
actuellement dans le monde.
La connaissance approfondie de l’immunité adaptative
lymphocytes T dépendante au SARS-CoV-2 s’avère nécessaire pour le
développement d’un vaccin, pour l’interprétation du mécanisme
physiopathogénique de la COVID-19 comme pour l’optimisation des
mesures de contrôle de la pandémie.
Pour mieux connaître l’immunité adaptative développée en cas de
Covid-19, A Grifoni et coll. se sont attachés, grâce à
l’établissement de mégapools de peptides prédits comme spécifiques
de SARS-CoV-2 et liés aux antigènes HLA de classe I ou II, à
quantifier les lymphocytes T CD4+ et CD8+ spécifiques du SARS-CoV-2
ainsi qu’à déterminer les antigènes viraux cibles de la réponse
immune. L’identification de tels antigènes est en effet importante
pour le développement de tests sérologiques permettant de détecter
la réponse immune chez les sujets ayant été possiblement infectés,
comme elle est importante pour le développement de vaccins qui à
l’heure actuelle, lorsqu’ils ont pour cible antigénique une
protéine de la membrane virale, exploitent uniquement la protéine
spike.
Des CD4 spécifiques du SARS-CoV-2 chez tous les
convalescents de la Covid 19…
Pour cette étude, 20 patients adultes ayant guéri de la Covid-19
sans avoir été hospitalisés ont été recrutés. Les prélèvements
sanguins ont été effectués 20 à 35 jours après le début des
symptômes alors que ceux-ci avaient complètement disparu. Le
diagnostic de Covid-19 avait été, chez tous les patients, confirmés
par PCR sur prélèvement par écouvillon nasal. Pendant la
convalescence il a été observé que les patients avaient développé
des anticorps mis en évidence par test d’immunochromatographie de
flux latéraux et par test ELISA utilisant comme antigène la
protéine spike, les anticorps étant dans tous les cas de type IgG
mais aussi dans la majeure partie des cas de type IgA et IgM. Comme
sujets contrôles, il a été fait appel à 20 donneurs de sang sains
(vus entre 2015 et 2018, donc bien avant la survenue de la
Covid-19) dont les cellules mononucléées du sang périphérique et le
plasma avait été conservés.
Au niveau du sang circulant, grâce au panel de mégapools de
peptides mentionné plus haut, les lymphocytes T CD4+ et CD8+
spécifiques du SARS-CoV-2 ont été retrouvés respectivement chez 100
% et 70 % des patients ayant eu la Covid-19 et testés lors de leur
convalescence.
S’agissant des lymphocytes T CD4+, l’antigène reconnu
principalement et de façon robuste était la protéine de membrane
spike (principale cible d’ailleurs de la plupart des vaccins
développés actuellement), et la réponse cellulaire corrélait
fortement avec la production d’anticorps de type IgG ou IgA mesurés
par ELISA. Plus précisément, les protéines M, spike et N
représentaient chacune 11 à 27 % de la réponse immune CD4+
dépendante mais il existait aussi une réponse additionnelle vis à
vis principalement des protéines nsp3, nsp4, ORF3a et ORF8 parmi
d’autres. Ce type de réponse était présente chez tous les
patients.
S’agissant des lymphocytes T CD8+, les protéines spike et M étaient
les principales cibles mais leur réponse était aussi dirigée vers
au moins 8 autres protéines de type ORF spécifiques de
SARS-CoV-2.
…et pour la moitié des sujets contrôle n’ayant pas eu
la Covid-19
De façon intéressante enfin, les cellules T CD4+ reconnaissant la
protéine spike ou les protéines non-spike étaient également
présentes chez 50 % environ des donneurs sains n’ayant pas été
infectés par la Covid-19, avec une signification statistique
respectivement de 0,067 et 0,039. Quatre coronavirus chez l’homme
sont connus pour être des virus saisonniers (présents surtout lors
des basses températures) affectant principalement les voies
aériennes supérieures : HCoV-OC43, HCoV-HKU1, HCoV-NL63, et
HCoV-229E. Les donneurs sains étudiés ont donc été testés au plan
sérologique vis à vis de 2 de ces coronavirus : HCoV-OC43 et
HCoV-NL63 représentant respectivement un betacoronavirus et un
alphacoronavirus. Tous les sujets étaient positifs témoignant du
caractère endémique de ces virus.
Le panel antigénique reconnu par les cellules T CD4+
SARS-CoV-2 spécifiques retrouvées chez des sujets n’ayant pas été
exposés à la COVID-19 diffère de celui reconnu en cas d’infection
par la COVID-19. Ainsi, si la protéine S reste une cible
relativement prédominante représentant en moyenne 23 % des
antigènes impliqués, il n’y avait pas de réactivité (ou minimale)
dirigée contre les protéines N et M du SARS-CoV-2 et une réponse
dirigée vers les protéines 2nsp14, nsp4 et Nsp6.
Chez ces sujets n’ayant pas été exposés à la COVID-19, les cellules
CD8+ retrouvées chez au moins 4 donneurs reconnaissaient certes
mais de façon beaucoup moins nette et moins large que les CD4+ des
antigènes spécifiques du SARS-CoV-2.
Des résultats importants pour la conception d’un
vaccin
Au total, dans cette étude, les auteurs ont démontré la
présence de cellules lymphocytaires T spécifiques du SARS-CoV-2, de
type CD4+ chez tous les patients en convalescence de Covid-19 et de
type CD8 + chez 70 % d’entre eux. L’étude des cibles antigéniques
impliquées a été réalisée pour les 25 protéines codées par le
génome viral. S’agissant des réponses médiées par les lymphocytes T
CD4+, les antigènes des protéines spike, M et N sont co-dominants
et d’autres antigènes sont également impliqués : nsp3, nsp4, ORF3s,
ORF7a, nsp12 and ORF8.
Ces résultats différent de ce qui a été observé pour les
autres coronavirus: SARS-CoV-1 et MERS-1 où la réponse à la
protéine spike était fortement majoritaire. Pour le développement
d’un vaccin mimant au plus près la réponse des CD4+ vis à vis de la
maladie naturelle, il conviendrait ainsi de considérer l’importance
non seulement de la protéine spike mais aussi celle des autres
protéines reconnues comme agents immunogènes.
De même, s’agissant de la réponse médiée par les lymphocytes T
CD8+, au plan antigénique la protéine spike n’est pas la protéine
prédominante : d’autres sont impliquées, en premier lieu les
protéines M et N mais aussi les protéines nsp6 et ORF3a. Ces
résultats là encore peuvent être importants pour le développement
d’un vaccin mimant au plus près la réponse immunitaire
naturelle.
Et la possibilité d’une protection par immunité
croisée avec d’autres coronavirus saisonniers
Enfin, cette étude a montré la présence de lymphocytes T CD4+
chez 40-60 % des sujets n’ayant pas été exposés à la Covid-19,
arguant pour l’existence d’une réaction immunologique croisée chez
certains sujets (mais non chez tous) avec d’autres coronavirus
saisonniers. Une étude biochimique précise des épitopes mis en jeu
n’a pas été possible. De même, il n’a pas été possible de montrer
si la présence de telles cellules lymphocytaires T »mémoires »
conférait un effet protecteur en cas de survenue de Covid-19, comme
des expériences chez la souris le laissent supposer (Zhao J et
al: Immunity 2016; 44: 1379-1391.)
Dans le futur, d’autres études sur le statut immunologique des
patients ayant fait une forme modérée de Covid-19 devraient être
effectuées par d’autres équipes de même que, par comparaison, sur
le statut immunologique des patients ayant fait une forme sévère de
Covid-19. Il serait important d’estimer aussi la durée de
l’immunité acquise. Ces résultats comme nous l’avons souligné
peuvent guider la stratégie vaccinale.
Si enfin, un certain degré de réaction immunologique croisée
vis à vis d’infections par des coronavirus saisonniers est
confirmé, les études estimant son caractère protecteur seront de la
plus grande importance, à l’instar de ce qui a été réalisé pour les
infections par les virus de la grippe, étant donnée l’ampleur qu’a
prise l’épidémie par le SARS-CoV-2 .
Article paru dur JIM.FR le 25/09/2020, Rédigé par Dr Sylvia Bellucci
Références
Grifoni A et coll. : Targets of T cell responses to SARS-CoV-2
coronavirus in humans with COVID-19 disease and unexposed individuals.
Cell 2020 : Publication avancée en ligne le 20 mai.
doi.org/10.1016/j.cell.2020.05.015.